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La prise de conscience des liens existant entre l’activité humaine et les risques de dérèglement climatique, l’augmentation des pollutions diverses et des déchets, les pics de ressources non renouvelables, etc., est aujourd’hui de plus en plus vive et de mieux en mieux documentée. L’hyperconsommation est notamment considérée comme une des principales causes des prélèvements excessifs sur les ressources naturelles, de la production de déchets trop nombreux, des émissions de gaz à effet de serre et des pollutions de toute nature. La première grande vague de remise en cause de la société de consommation, dans les années 1960-1970, a complètement échoué. La seconde, qui se structure aujourd’hui et place en son centre la question de la justice environnementale, reste encore très minoritaire et se heurte à de réelles difficultés : en particulier, la passion, désormais commune, pour la consommation et la gravité de la crise sociale… Comment engager le changement nécessaire ? En mobilisant quel type d’argumentation ? Quels acteurs ? Quel imaginaire ?
La critique de la société de consommation a battu son plein dans les années 1960 et 19701. Les principales dimensions de sa remise en cause étaient alors déjà déployées et bien articulées autour de trois dimensions : philosophique, sociale et environnementale. L’ensemble de ces analyses avait mis en évidence que la consommation ne servait déjà plus principalement à la satisfaction des besoins élémentaires, mais qu’elle était devenue un « système de signes » adressés aux autres et visant à satisfaire un désir de distinction ou de différenciation2. Les objets acquis permettent à chacun d’exhiber ses caractéristiques, ses goûts et son appartenance sociale. À travers eux se joue la compétition entre les individus.
Adam Smith avait décrypté très tôt3 la dynamique mimétique de la consommation (le peuple a envie d’acquérir des objets parce qu’il admire les grands et les grands accumulent des richesses parce qu’ils souhaitent « attirer l’attention »), mais il estimait que tout ce processus, guidé par une main invisible, était destiné à entretenir l’industrie humaine et, finalement, à civiliser le monde. Dans la lignée des premiers critiques de l’École de Francfort (Adorno, Horkheimer, Marcuse…)4, les auteurs des années 1970 sont infiniment plus pessimistes. Ils voient dans le développement de la consommation de masse une dynamique que l’on ne peut arrêter et qui conduit à la standardisation, à l’inauthenticité, à l’aliénation par la marchandise, l’argent, les puissances industrielles, l’expansion illimitée de la rationalité instrumentale… La plupart mettent en évidence la manière dont l’obsession pour la consommation éloigne finalement les hommes de la bonne vie, des liens sociaux denses, de l’autonomie ; elle les enchaîne, les oblige à entrer dans un processus abrutissant où le travail perd son sens parce qu’il doit devenir de plus en plus efficace pour permettre de gagner de plus en plus d’argent pour acheter de plus en plus de choses…
Une deuxième critique porte sur les inégalités de consommation. Pendant que les sociétés occidentales se bâfrent, que les rendements en points de satisfaction ou de bonheur provoqués par la consommation y sont décroissants (paradoxe d’Easterlin), les enfants des pays en voie de développement meurent de faim.
La critique écologique, enfin, apparaît dès les années 19705 : la prise de conscience du caractère limité et fini des ressources naturelles, et notamment des sources d’énergie, est extrêmement aiguë. Certes, l’idée d’un possible dérèglement climatique n’est pas au cœur des discours. Sont en revanche très présents les risques de pic de pétrole, les conséquences du nucléaire et des pollutions.
À partir des années 1980, la critique philosophico-anthropologique est devenue quasiment inaudible : l’augmentation du chômage et le ralentissement de la croissance ont remis au premier plan le souci de trouver un emploi, de protéger le pouvoir d’achat, de permettre à tous d’accéder au standard minimum de la consommation occidentale. Impossible de critiquer la consommation lorsque des millions de personnes sont au chômage ou vivent avec le Smic dans les sociétés occidentales ou lorsque 2,5 milliards d’individus vivent avec moins de deux dollars par jour.
Par ailleurs, des analyses de plus en plus nombreuses6 ont taxé la critique de la consommation d’élitiste, et surtout mis en évidence ses dimensions positives : la consommation est désormais décrite comme un support majeur d’identité, permettant d’exprimer, plus peut-être encore que le travail, la personnalité, la singularité de chacun. En mettant au centre le choix individuel, elle permet aux individus d’exprimer leur liberté. La consommation n’est pas réductible à l’appétit d’un bien ou d’un objet, elle est liée au contraire au caractère insatiable des besoins, au désir sans fin qui trouve sa source dans le plaisir associé à l’objet consommé. Elle relèverait donc d’une logique hédoniste à ne pas confondre avec la logique utilitariste.
La consommation est désormais décrite comme un support majeur d’identité, permettant d’exprimer la personnalité, la singularité de chacun.
La centralité de la consommation pour les individus et la société est aussi encouragée par les entreprises : notre économie exige une expansion constante de la production. Elle demande que nous fassions de la consommation notre mode de vie, que nous y cherchions nos satisfactions personnelles et spirituelles, que nous convertissions l’achat et l’utilisation des biens en rituels. Cette centralité est même inscrite dans nos catégories, nos conventions, nos croyances ou du moins dans ce que certaines disciplines, comme l’économie, ont transformé en croyances. Qu’il s’agisse de l’économie classique ou de l’économie keynésienne, la consommation est considérée comme un acte central de la vie sociale.
Au XVIIIe et au XIXe siècle, philosophie et économie s’étaient rejointes pour montrer que la consommation est un acte profondément humain de mise en forme du donné naturel, une opération qui humanise le monde, le spiritualise. « L’expérience nous apprend (…) que le bonheur de l’homme est attaché au développement de ses facultés ; or son existence est d’autant plus complète, ses facultés s’exercent d’autant plus qu’il produit et consomme davantage. On ne fait plus attention qu’en cherchant à borner nos désirs, on rapproche involontairement l’homme de la brute », écrivait Jean-Baptiste Say7.
Toute notre comptabilité nationale, appuyée sur un système de valeurs, considère aujourd’hui la consommation comme une composante essentielle du produit intérieur brut (Pib), et son augmentation comme un « moteur » de la croissance, qui est la clef de l’emploi8. Le caractère en soi bon de la consommation est avéré. La consommation est devenue un devoir social. Par ailleurs, chacun peut faire l’expérience de son caractère nécessaire et plaisant.
Depuis la fin des années 1990 et le développement d’une prise de conscience liée à la crise écologique, les dimensions sociales et environnementales de la critique sont actualisées et réarticulées. Il apparaît que l’hyperconsommation a des coûts environnementaux et sociaux énormes – occultés – et que ces coûts ne sont ni engendrés ni supportés de façon égale : les plus riches consomment beaucoup plus que les autres, utilisent de manière disproportionnée les ressources collectives théoriquement communes, polluent et émettent des gaz à effet de serre (GES) bien au-delà de ce à quoi ils auraient droit si l’on partageait la dotation en parts égales.
99 % des ressources prélevées dans la nature deviennent des déchets en moins de quarante jours.
Contrairement à l’image que véhicule la publicité, la consommation est loin d’être seulement un fait symbolique : elle a un impact matériel essentiel et de plus en plus « lourd ». Ainsi, ces trente dernières années, la consommation des Américains a considérablement augmenté en poids9. En raison du prix moins élevé des matières premières et de l’énergie, des types de produits de plus en plus nombreux ont accédé au statut de biens de grande consommation. On peut parler d’extension du domaine de la mode, des secteurs de plus en plus larges de la production étant soumis à l’exigence de renouvellement rapide : 99 % des ressources prélevées dans la nature deviennent des déchets en moins de quarante jours. Contrairement à un autre mythe, les services ne sont pas « dématérialisés ». Ils utilisent aussi, pour leur production, leur transport et leur commercialisation, de nombreux minerais et ressources, puis deviennent des objets-déchets, avec un cycle de vie est de plus en plus court (téléphones, ordinateurs portables, etc.). En 2007, 100 milliards de tonnes de matière avaient été utilisées, la consommation de matières ayant été multipliée par huit au XXe siècle. Dans le même temps, la population mondiale a été multipliée par quatre. En France, cette consommation n’a jamais été aussi élevée. Juliet Schor parle du paradoxe de la matérialité : alors même que nous mettons en avant la dimension immatérielle de la consommation, son impact matériel n’a jamais été aussi fort, le volume total des prélèvements et des rejets ne cessant de progresser. Il faut de plus en plus de métaux pour produire une unité de Pib.
D’où le caractère largement mythique de la « croissance verte », « propre », « durable » qui prétend nous permettre de consommer tout autant, de continuer à augmenter la taille du gâteau (revenus, biens et services), avec un impact réduit. Cette ligne argumentative se heurte à la question de la possibilité du découplage. Pour parvenir à découpler de manière absolue Pib et émissions de GES, il faudrait un saut technologique que rien ne permet aujourd’hui d’envisager10. Si on voulait respecter le facteur 4 (objectif consistant à diviser par 4 les émissions de GES d’un pays ou d’un continent d’ici 2050), il faudrait, avec les mêmes progrès réalisés en matière d’efficacité énergétique ces quarante dernières années, une diminution annuelle du Pib mondial de 3,3 %11…
En attendant, il nous faut réduire notre consommation pour en diminuer l’impact. Mais la consommation de qui ? Dans sa globalité, la consommation concerne des personnes pour lesquelles elle est éminemment contrainte, réduite au strict minimum. La critique est donc inaudible. C’est cette diversité dont il faut rendre compte : les pays et, au sein de ceux-ci, les individus, ont des niveaux de consommation, d’extraction de ressources et d’émissions de GES radicalement différents. Le revenu annuel de la moitié de l’humanité équivaut aujourd’hui à la fortune détenue par 67 personnes12 (au pouvoir de consommation gigantesque) ! Ces consommations divergentes s’opèrent sur fond de délocalisations des productions les plus indécentes, écologiquement et socialement, vers les pays dont les normes sont les moins élevées – et auxquels les dégradations sont imputées si l’on n’y prend garde.
Or il est possible aujourd’hui de calculer l’empreinte écologique ou carbone d’un groupe ou d’un individu par rapport à la quantité de GES à laquelle l’humanité a droit sans courir de risques majeurs. On dispose ainsi d’une unité de mesure commune qui permet de raisonner directement en termes de justice13. Dès lors, la question centrale devient : comment répartir entre les pays, les groupes, les individus, la charge de réduction des émissions de GES et de pollutions, compte tenu de leur historique de production ? Cette jonction de la critique écologique et sociale permet d’éviter la critique trop abstraite de la consommation « en soi » ou de la consommation moyenne. L’usage d’une comptabilité matière ou physique (seuils à ne pas dépasser, quotas à respecter par pays ou par individu) permet à la fois de politiser la décision et de relativiser considérablement l’usage d’autres indicateurs (comme le Pib). Si la croissance et la consommation sont génératrices de bienfaits mais aussi de maux, il apparaît que ces maux ne sont pas répartis de manière équitable. Le débat sur les règles de justice à appliquer peut alors s’ouvrir.
Si nous nous accordons sur le fait que c’est une injustice fondamentale que certains aient le droit de dégrader des milliers de fois plus que les autres les ressources communes, une première opération pourrait consister à rapprocher considérablement les niveaux de productions d’émissions de GES, de déchets et de pollutions des plus riches et des plus pauvres. Cette option obligerait certainement les pays occidentaux à faire un immense effort de réduction mais, au sein de ces pays, les riches plus encore que les autres. Ceci diminuerait la pression exercée par les plus riches et permettrait aux moins favorisés d’accepter de commencer à réfléchir à une sortie de l’hyperconsommation. Avec la possibilité de casser la dynamique d’envie. Cela peut passer par l’adoption d’un revenu maximum ou d’une imposition confiscatoire au-delà d’un certain niveau de revenu, le développement de services publics pour tous les besoins de première nécessité, l’interdiction de l’achat et de la vente de certains biens communs… Une redistribution massive et le rapprochement des conditions entre pays et au sein des pays apparaissent comme la première condition.
Une deuxième étape supposerait de travailler sur l’ensemble des consommateurs pour engager une reconversion des pratiques de tous, en prenant acte du fait que ni le progrès technique, ni un surcroît d’efficacité énergétique, ni le passage à une économie de services, dématérialisée, de la connaissance ne suffiront pour parvenir au facteur 4. C’est bien un nouveau paradigme qu’il s’agit d’adopter, avec un changement des institutions, une comptabilité qui fonderait d’autres instruments de régulation, la suppression de la publicité… Mais un tel bouleversement passe d’abord par la mise en évidence de l’échec du paradigme existant et suppose l’existence d’un paradigme de remplacement. C’est toute la question : en disposons-nous aujourd’hui ?
Plusieurs paradigmes de substitution ou registres argumentatifs coexistent aujourd’hui. La décroissance offre un discours très cohérent14 qui, s’il a des adeptes, reste peu audible par les États et par des catégories sociales qui, dans les pays très développés ou émergents, aspirent à la consommation. Il en va de même avec le discours autour de la sobriété ou de la frugalité, promu depuis des millénaires par les religions et les sagesses et qui prône les vertus essentielles de limitation, de modération, de mesure. Ce discours permet une réactualisation des vertus grecques par-delà la folie de la modernité, avec une attention particulière portée au sens des limites. Les années 1970 avaient mis au devant de la scène cette nécessité de respect des limites et d’auto-limitation, comme le revendiquent, par exemple, les travaux de Meadows ou Habermas. Une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc)15 a constaté la montée d’une frugalité subie (49 % des consommateurs) mais aussi choisie (13 % de résistants). Mais ces comportements se heurtent assez vite aux normes en vigueur dans l’entourage et la communauté. On se heurte ici aux limites d’un changement individuel de modes de vie.
Un autre discours met l’accent sur la qualité, la santé, la richesse, la plénitude : on pense au « buen vivir »16, à l’appel à réaliser des gains de qualité et de durabilité (plutôt que des gains de productivité)17, à l’usage du terme de plénitude par Juliet Schor ou aux travaux qui rappellent que la richesse ne se réduit pas au Pib. Ces mots font signe vers différentes dimensions : la force retrouvée et l’intensité des liens sociaux, l’autonomie, le sens de l’action, l’exercice de la liberté… La diffusion d’un tel imaginaire suppose, non seulement que le consommateur soit mieux informé (de manière à pouvoir choisir la qualité en toute connaissance de cause), mais aussi que les produits ou les situations de qualité soient accessibles à tous. Il ressort de la dernière « Enquête emploi du temps » de l’Insee que le développement d’activités dont l’impact est léger ne contredirait pas les attentes des Français, dont les activités préférées relèvent du temps libre : pratiquer la musique et la danse, se promener, faire des rencontres… De même, à la question : « Si je vous dis heureux, à quoi pensez-vous ? », les Français citent d’abord la santé18. Il y aurait bien des attentes pour un paradigme axé sur la qualité et la santé, susceptible d’être porté par une coalition de consommateurs et de producteurs soucieux de qualité du travail et des produits.
Quel que soit le paradigme retenu, ses promoteurs devront répondre à trois questions. Comment réarticuler travail, emploi et consommation ? Les raisonnements dominants voient dans l’augmentation de la consommation la condition de la croissance, donc de l’emploi. Le nouveau paradigme devra, s’il veut entraîner l’adhésion de sociétés traumatisées par le chômage, montrer qu’il contribue puissamment à régler la question de l’emploi19. Il pourra aussi conduire à de profondes transformations du travail permettant de surmonter l’immense malaise qui s’est développé au cours des dernières décennies20. Dans la société post-croissance, une production – écologiquement et socialement plus propre – nécessitera un plus grand volume de travail, qui pourrait être réparti sur une plus large partie de la population active et contribuer ainsi à ramener les chômeurs dans l’emploi. La poursuite de gains de durabilité et de qualité pourrait aussi permettre de désintensifier le travail.
La poursuite de gains de durabilité et de qualité pourrait aussi permettre de désintensifier le travail.
Par quoi « remplacer » la consommation ? Juliet Schor propose de substituer la qualité à la quantité : plus de produits durables. Mais on a vu que les actes d’achats pouvaient procurer de très grandes doses de plaisir, dans un monde qui n’en offre peut-être plus tant que cela. Alors par quoi remplacer l’objet de cette compulsion ? Faut-il réfréner celle-ci ou organiser un transfert des énergies ? Et sur quoi ? L’activité démocratique, celle-là même qui occupait une importante partie du temps de ceux qui étaient citoyens à Athènes, est-elle de nature à procurer les mêmes satisfactions ? Il ne s’agira sans doute pas exactement du même type de satisfaction, mais on peut penser qu’une participation plus intense aux décisions dans les organisations de travail et en dehors du travail, un travail plus libre, autonome, créatif, un développement du bénévolat, de l’autoproduction, seraient susceptibles d’apporter des satisfactions tout aussi grandes21 : sentiment d’être utile, créativité, fabrication de biens et de services reflétant la personnalité de leurs auteurs, plaisir de l’activité non empêchée et du travail bien fait22.
Si l’exemplarité et le changement de comportement individuel ne suffisent pas, comment promouvoir ce changement de paradigme ? Ne faut-il pas, ne serait-ce que de façon transitoire, pour permettre à chacun de goûter les plaisirs de cette nouvelle configuration, réduire drastiquement les inégalités et mettre un terme au gaspillage par quelques-uns des ressources de tous ? Ne faut-il pas instaurer des quotas et nous engager immédiatement dans une vaste entreprise de réduction des inégalités, conformément à ce que proposait Rousseau : « Beaucoup d’égalité dans les rangs et dans les fortunes, sans quoi l’égalité ne saurait subsister longtemps (…), peu ou point de luxe ; car ou le luxe est l’effet des richesses, ou il les rend nécessaires ; il corrompt à la fois le riche et le pauvre, l’un par la possession, l’autre par la convoitise ; il vend la patrie à la mollesse, à la vanité ; il ôte à l’État tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l’opinion23 » ?
Pour aller plus loin
C/02 Dominique Méda - La société de... par cerasvideo
À lire dans la question en débat
« Aura-t-on l’énergie d’une transition juste ? »
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1 Ces années sont celles de la production des analyses de Lefèbvre, Marcuse, Illich, Anders, et évidemment Baudrillard avec son œuvre majeure : La société de consommation, Gallimard, 1996 [1970], mais aussi de Bertrand de Jouvenel, François Perroux, René Passet…
2 Déjà souligné par Georg Simmel dans son analyse Philosophie de la mode, Allia, 2013 [1905, trad. de l’allemand par Arthur Lochmann], puis à travers la notion de consommation ostentatoire (Thorstein Veblen, Théorie de la classe de loisir, Gallimard, 1979 [1899]), ce désir sera analysé à nouveaux frais dans les années 1980 par Bourdieu dans La distinction. Critique sociale du jugement, Les Éditions de Minuit, 1979.
3 Adam Smith, Traité des sentiments moraux, Puf, 1999 [1759].
4 Theodor Adorno et Max Horkheimer, Dialectique de la raison, Gallimard, 1974 [1944, trad. de l’allemand par Éliane Kaufholz].
5 Pensons au rapport Meadows (Dennis et Donella Meadows, Halte à la croissance ? Rapport sur les limites de la croissance, Fayard, 1973 [1972]) ou aux échanges entre André Gorz, le président de la Commission européenne, et Edmond Maire en 1972 au Club du Nouvel Observateur.
6 Cf. Jean De Munck, « Les critiques du consumérisme », dans Isabelle Cassiers (dir.), Redéfinir la prospérité. Jalons pour un débat public, L’Aube, 2011.
7 J.-B. Say, Cours complet d’économie politique pratique, Guillaumin, 1840.
8 Cf. D. Méda, La mystique de la croissance. Comment s’en libérer, Flammarion, 2013.
9 Juliet Schor, La véritable richesse. Une économie du temps retrouvé, Éd. Charles Léopold Mayer, 2013.
10 Tim Jackson, Prospérité sans croissance : la transition vers une économie durable, De Boeck-Etopia, 2010 [2009 pour la version en anglais].
11 Cf. Michel Husson, « Croissance sans CO2 ? », Note hussonet, n° 24, http://hussonet.free.fr, octobre 2010.
12 Selon l’ONG Oxfam.
13 Cf. Joan Martinez Alier, L’écologisme des pauvres. Une étude des conflits environnementaux dans le monde, Les petits matins/Institut Veblen, 2014.
14 Cf. Serge Latouche, Sortir de la société de consommation, Les liens qui libèrent, 2010 ; Denis Bayon, Fabrice Flipo, François Schneider, La décroissance, La Découverte, 2010 ; Agnès Sinai (dir.), Penser la décroissance. Politiques de l’Anthropocène, Presses de Science Po, 2013.
15 Crédoc, « Va-t-on vers une frugalité choisie ? », Cahier de recherche, n°C302, déc. 2013.
16 Qui rappelle Arcadie. Essais sur le mieux-vivre de Bertrand de Jouvenel (Sedes, 1969) et se rattache à toute la tradition, remontant à Aristote, qui distingue « vivre » et « bien-vivre ».
17 Cf. Jean Gadrey, Adieu à la croissance. Bien vivre dans un monde solidaire, Les petits matins, 2010.
18 Cf. l’étude du Crédoc, op. cit.
19 Comme les travaux de Jean Gadrey (2010) ou de Philippe Quirion (« L’effet net sur l’emploi de la transition énergétique en France : une analyse input-output du scénario négaWatt », Working papers series, Cired, n° 46, avril 2013) ont commencé de le faire.
20 D. Méda et Patricia Vendramin, Réinventer le travail, Puf, 2013.
21 Matthew B. Crawford, Éloge du carburateur. Essai sur le sens et la valeur du travail, La Découverte, 2010 [2009, trad. de l’anglais par Marc Saint-Upéry].
22 Yves Clot, Michel Gollac, Le travail peut-il devenir supportable ?, Armand Colin, 2014.
23 Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, ou principes du droit politique, Flammarion, 2001 [1762].