Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Quels indicateurs pour éclairer la précarité énergétique transport ?


L’automobile est aujourd’hui le mode de transport dominant des déplacements locaux. En 2008, en France, 65 % d’entre eux étaient réalisés en voiture (l’équivalent de 83 % des distances parcourues en France). Si les transports en commun, la marche, le vélo forment des alternatives durables à la voiture, elles ne sont ni toujours accessibles ni toujours adaptées aux besoins, de sorte que parmi les ménages actifs occupés, 62 % déclarent ne pas avoir le choix lorsqu’ils utilisent la voiture pour se rendre à leur lieu de travail ou d’étude. Avec l’augmentation du prix de l’énergie, la capacité d’un ménage à remplir ses besoins de mobilité pose alors question.

La mobilité, aujourd’hui essentielle dans notre société, est un besoin difficile à quantifier. On observe de grandes disparités dans les pratiques, aussi bien en fonction des caractéristiques socio-économiques des ménages, géographiques du territoire que techniques des véhicules utilisés. Les enjeux de la précarité énergétique transport sont multidimensionnels et la dépense en carburant pourrait engendrer des difficultés de mobilité qui se situent au croisement de trois causes : un prix élevé du carburant, des ressources financières limitées et l’inadéquation de ses conditions de mobilité.

Identifier l’ampleur du phénomène et les populations à risque est essentiel pour mettre en place des politiques ciblées et pour garantir une transition énergétique équitable dans la durée. Si des indicateurs existent déjà pour quantifier la précarité énergétique dans le logement, leur transposition au domaine du transport est difficile quand il s’agit de prendre en compte les combinaisons de facteurs qui mettent les ménages en difficulté. Aussi bien, un « indicateur composite » est proposé afin de mieux refléter ces combinaisons sous un unique indicateur.

Cette analyse, réalisée à partir de l’Enquête nationale transports et déplacements 2008, concerne les ménages utilisant un mode motorisé privé (elle ignore ceux qui se privent de toute utilisation de la voiture) dans leur mobilité contrainte régulière, plus particulièrement pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’étude. La précarité énergétique transport se traduit par une forte dépense en carburant ou par une restriction d’usage (partielle) de la voiture. Un seuil est fixé afin de se concentrer sur les ménages limités par leurs ressources financières. 4 % des ménages français sont identifiés précaires dans leurs déplacements motorisés1. Il est intéressant de mettre en relief ce résultat avec les conditions de mobilité des ménages, en particulier la distance à parcourir, les offres d’alternatives et l’efficacité énergétique des véhicules utilisés. Cela permet d’éclairer l’adaptabilité des ménages. 11 % d’entre eux sont alors identifiés vulnérables dans leur mobilité contrainte régulière. L’insuffisance de leur situation actuelle (revenus modestes et inadéquation des conditions de mobilité) peut donner prise à des difficultés futures, en particulier face à un changement de situation (nouvel enfant, changement de lieu de travail, etc.). 15 % sont identifiés dépendants à l’utilisation de la voiture (dépense en carburant élevée et inadéquation des conditions de mobilité). Ces ménages peuvent être contraints financièrement sur le court terme (remboursement de prêt, garde des enfants, etc.), si bien que des dépenses en carburant importantes peuvent devenir pénalisantes face à une forte augmentation du prix de l’essence.

Ainsi, renforcer dès à présent les capacités d’adaptation des ménages semble essentiel, d’une part pour assurer les besoins de mobilité des Français (garantir l’accès aux services essentiels et préserver l’inclusion sociale), d’autre part pour répondre aux enjeux d’équité sociale et spatiale de la transition énergétique (adopter une approche plus inclusive de la mobilité et développer des solutions de mobilité adaptées aux différents contextes géographiques et socio-économiques).

À lire dans la question en débat
« Aura-t-on l’énergie d’une transition juste ? »

Et aussi sur Revue-Projet.com



J'achète Le numéro !
Aura-t-on l’énergie d’une transition juste ?
Je m'abonne dès 3.90 € / mois
Abonnez vous pour avoir accès au numéro
Les plus lus

Les Marocains dans le monde

En ce qui concerne les Marocains, peut-on parler de diaspora ?On assiste à une mondialisation de plus en plus importante de la migration marocaine. On compte plus de 1,8 million de Marocains inscrits dans des consulats à l’étranger. Ils résident tout d’abord dans les pays autrefois liés avec le Maroc par des accords de main-d’œuvre (la France, la Belgique, les Pays-Bas), mais désormais aussi, dans les pays pétroliers, dans les nouveaux pays d’immigration de la façade méditerranéenne (Italie et ...

L’homme et Dieu face à la violence dans la Bible

Faut-il expurger la Bible ou y lire l'histoire d'une Alliance qui ne passe pas à côté de la violence des hommes ? Les chrétiens sont souvent gênés par les pages violentes des deux Testaments de la Bible. Regardons la Bible telle qu’elle est : un livre à l’image de la vie, plein de contradictions et d’inconséquences, d’avancées et de reflux, plein de violence aussi, qui semble prendre un malin plaisir à multiplier les images de Dieu, sans craindre de le mêler à la violence des...

Aux origines du patriarcat

On entend parfois que le patriarcat serait né au Néolithique, près de 5 000 ans avant notre ère. Avant cela, les femmes auraient été libres et puissantes. Les données archéologiques mettent en doute cette théorie. De très nombreux auteurs, de ce siècle comme des précédents, attribuent la domination des hommes sur les femmes à l’essor de l’agriculture, lors du Néolithique. Cette idée est largement reprise dans les médias, qui p...

Du même dossier

Se libérer de la consommation

L’insoutenabilité de nos modes de consommation, désormais bien établie, rend plus intolérable encore le fait qu’une minorité se gave tandis que d’autres manquent de l’essentiel. Mais le consumérisme habite aussi nos imaginaires. Le dépasser suppose d’y substituer un nouveau paradigme. La prise de conscience des liens existant entre l’activité humaine et les risques de dérèglement climatique, l’augmentation des pollutions diverses et des déchets, les pics de ressources non renouvelables, etc., es...

Remunicipaliser l’électricité : le modèle allemand

Le marché des énergies connaît une vague de remunicipalisation en Allemagne. Ce mouvement, étudié ici à Hambourg, se donne pour objectif de rendre le contrôle du secteur aux citoyens et d’améliorer la justice énergétique. Une dynamique envisageable en France ? Dans les médias français, l’Energiewende (la transition énergétique) allemande semble se résumer à la décision prise en 2011 par la chancelière Angela Merkel d’accélérer l’abandon de l’électronucléaire. Pourtant, outre-Rhin, elle représent...

Énergie : l’enjeu agricole

Les sols, les forêts doivent-ils produire de l’énergie, stocker du carbone, alimenter les animaux ou les humains ? Et comment dé-carboner la chaîne agro-alimentaire, grosse émettrice ? L’agriculture et l’alimentation sont au cœur des tensions liées à la transition énergétique. La transition énergétique interroge profondément nos modèles agricoles et alimentaires. L’agriculture est un puits de carbone, via la photosynthèse, mais elle émet aussi des gaz à effet de serre (GES), responsables du dérè...

Du même auteur

[VIDEO] Comment garantir la mobilité de tous ?

Comment s’émanciper de la voiture individuelle sans fragiliser à court terme les plus démunis ? Quelles politiques d’accompagnement et d’aménagement du territoire émergent pour contrer cette dépendance à long terme ? Entre société hyper-mobile et immobile, les contours d’un droit à la mobilité sont-ils à dessiner ? Jean-Pierre Orfeuil, urbaniste, Bénédicte Tilloy, directrice générale de SNCF-Transilien, Sandrine De-Boras, représentante de Transdev, et Audrey Berry, doctorante au Cired, ont débat...

1 Si l’on utilise le « taux d’effort énergétique » (la part budgétaire consacrée à l’achat de carburant), ce sont 11 % des ménages qui sont identifiés comme précaires énergétiques transport.


Vous devez être connecté pour commenter cet article
Aucun commentaire, soyez le premier à réagir !
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules