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Il y a cinquante ans, le vice-président de la Commission européenne chargé de l’agriculture prônait une bifurcation radicale de l’économie face aux limites de la croissance. Un texte d’une évidente actualité.
Le croirez-vous ? En février 1972, un vice-président de la Commission européenne écrit un texte qui ne constitue ni plus ni moins qu’un programme révolutionnaire de bifurcation écologique de l’Europe. Et pourtant, son auteur n’est pas particulièrement connu pour sa frivolité : chargé de l’agriculture depuis 1958, il s’est rendu célèbre par la publication, en décembre 1968, d’un mémorandum sur la réforme de l’agriculture dans la Communauté économique européenne, qui a mis le monde agricole en émoi.
L’objectif du plan Mansholt était en effet de parvenir, en dix ans, à transformer les exploitations familiales en entreprises de plus grande dimension, en accélérant la réduction de la population agricole et en facilitant l’agrandissement des exploitations. Il était considéré comme l’un des pères de la politique agricole commune (PAC), le chantre de l’agriculture intensive et donc le partisan d’une forme de productivisme.
La lettre est adressée par le Néerlandais Sicco Mansholt à son collègue, le président de la Commission européenne. Mansholt l’a écrite sous le coup du bouleversement qu’a provoqué sa lecture, autour de Noël, des « bonnes feuilles » du rapport Meadows, Limits to Growth, qui sera publié en mars 1972. Depuis plusieurs mois, il reçoit en effet, comme d’autres responsables, des comptes rendus de l’avancement des travaux engagés à la demande du Club de Rome par l’équipe de chercheurs du MIT.
Mansholt pense que l’Europe est la mieux placée pour engager le changement radical que nécessite la prise en compte du péril.
On se souvient que le rapport démontre comment, si le monde ne change pas de trajectoire, les sociétés connaîtront l’effondrement avant 2100. Mansholt pense que l’Europe est la mieux placée pour engager le changement radical que nécessite la prise en compte du pé
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