Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Plus qu’à d’autres époques, la ville se conjugue au pluriel et au singulier : une cité plurielle dans laquelle on peut être mobile sans être renvoyé à une précarité individuelle, mais où l’on peut construire un parcours personnel croisé avec celui des autres.
Une cité qui permet donc de se représenter des itinéraires, plus incertains aujourd’hui que dans une société d’ordres, mais ouvrant sur des conjugaisons possibles. Une cité où des passeurs donnent aux habitants d’origines et d’âges divers une parole pour traduire leurs attentes, pour faire le deuil éventuel d’une partie de ce qu’ils pourraient exprimer mais pour enrichir aussi cette expression dans la découverte d’un « commun » possible, d’une cité de projet.
Car c’est de représentation que manquent les cités. L’enjeu est politique d’une parole reconnue qui fasse échapper aux représentations extérieures, mortifères. Représentations des jugements, qui invoquent des principes et ignorent leurs conditions d’application – l’intégration, l’égalité, la diversité… Représentations dans l’imaginaire public. Représentations relayées par les médias, qui entretiennent des clichés, sans écouter vraiment. Représentations des gens des quartiers eux-mêmes, qui se considèrent comme victimes…
C’est une quête de visibilité qu’ont exprimée les jeunes en 2005. Les cités manquent d’espaces de dialogue, de véritable participation, qui ne disqualifient pas d’emblée les habitants, de médiateurs qui leur permettent d’interpréter pour eux-mêmes d’abord leurs capacités de participation à une société commune. Les cités manquent d’une présence d’institutions sur le terrain autres que la police. Elles attendent que soient davantage soutenus les acteurs de cette représentation : formateurs, associations, réseaux. Ce sont des relais pour interpréter ce que vivent les cités comme un enjeu pour toute la Cité.