Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Derrière l’image figée d’une ruralité agricole, une autre réalité se dessine. Entre mutations économiques, tensions sociales et reconfigurations politiques, les territoires deviennent le théâtre de nouvelles luttes et alliances.
Longtemps synonymes d’une paysannerie occupant les campagnes, les mondes ruraux ont été parlés depuis l’extérieur par une bourgeoisie généralement urbaine, plus rarement rurale. Dès le XIXe siècle, le mouvement agrariste1 cherche à défendre les intérêts économiques d’un monde paysan fragilisé par l’exode rural et appelle déjà à un retour à la terre pour contrer la société des faubourgs et des banlieues industrielles.
Cette idéologie est lancée par les élites urbaines qui idéalisent la vie rurale en réaction aux importantes transformations sociales, économiques et politiques de ces périodes post-révolutionnaires. Accentuant la dépossession faite à la paysannerie, dédoublée d’une manipulation démagogique, le régime pétainiste de « La terre, elle, ne ment pas » (1941) utilisera l’image du labeur paysan comme figure de proue d’une identité française retrouvée pour mieux cacher sa politique collaborationniste, xénophobe et antisémite.
Dans les décennies d’après-guerre, les espaces ruraux se métamorphosent sous l’effet combiné des processus de (dés)industrialisation et de tertiarisation de l’économie, des circulations des populations et flux migratoires variés, de la massification scolaire ou autres politiques publiques d’aménagement des territoires.
Aujourd’hui, leur fonction sociale n’est plus principalement agricole. Sur-représentées, les classes populaires, ouvrières et employées sont embauchées dans des professions peu qualifiées des services, de l’industrie, de l’agriculture ou de l’artisanat.
Ces transformations économiques et sociodémographiques conséquentes provoquent peu d’impacts sur les représentations émises sur les espaces ruraux. Le sens commun continue à les associer à l’univ
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