La fin de la décennie 1960 et le début des années 1970 ont vu fleurir, en France et en Europe, de nombreuses installations collectives mises en œuvre par des individus majoritairement issus des milieux urbains. Ces expériences furent qualifiées d’utopiques car elles visaient à expérimenter et inventer, souvent sur la base d’un projet agricole d’autosubsistance, d’autres manières d’habiter, de travailler ou de consommer et, plus largement, d’autres manières de vivre.

L’effervescence soulevée par ces expérimentations fut néanmoins de courte durée. La majorité de ces communautés se désagrégeaient au bout de quelques mois et leurs membres repartaient ou s’installaient en couple pour un projet agricole ou artisanal plus conventionnel. La faiblesse des tentatives similaires dans les décennies suivantes semblait indiquer que le rural avait cessé de représenter un lieu d’expérimentation de modes de vie alternatifs.

Pourtant, à partir des années 2000, les espaces ruraux ont à nouveau été le théâtre du développement d'expériences, individuelles ou collectives, à l'initiative d'une nouvelle génération d’arrivants.

Flou sémantique

Avant toute tentative de comparaison, il est à noter que cette mise en parallèle est rendue difficile par un certain nombre de facteurs. Les projets actuels d’installation collective en milieu rural se distinguent par une grande diversité, de sorte que l’on parle souvent de nébuleuse.

Cette diversité concerne aussi la désignation de ces projets, qualifiés selon les cas de communautés, de collectifs (autonomes, écologistes, anarchistes…), d’oasis, d’écovillages, d’écohameaux, de coopératives d’habitats, de tiers lieux, de makerspace1 etc. Elle se retrouve aussi dans la terminologie utilisée pour nommer les a