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Jusqu’où poursuivre l’exploration de l’espace, et dans quels buts ? L’historien des sciences Jacques Arnould questionne notre vision utilitariste de l’espace. Entretien.
La vie terrestre serait-elle aujourd’hui possible sans l’espace ?
Quand je suis arrivé au Cnes, mes collègues de la communication avaient réalisé une vidéo sur le thème « Pas un jour sans satellite ! » Ils avaient conçu un faux journal télévisé annonçant : « Tous les satellites sont hors d’usage. Qu’allons-nous devenir ? ». Aujourd’hui ce n’est plus « pas un jour sans satellite », mais « pas une nanoseconde sans satellite ». Sans satellite, la majeure partie de nos sociétés ne pourrait tout simplement pas fonctionner. Plus de gestion des centrales nucléaires, de CAC40, plus de météo.
« Satellite » signifie « compagnon » et « Spoutnik », « compagnon mécanique ». Dans le domaine militaire, où ils sont présents depuis très longtemps, ils sont devenus les pieds d’argile de ces géants que sont les États, États-Unis en tête. L’armée américaine dépend totalement des satellites. C’est à la fois un outil indispensable et une fragilité monstrueuse. Les acteurs du spatial sont tous conscients de ce double aspect.
Quelles finalités nous incitent encore à nous rendre dans l’espace ?
L’espace est une destination extraordinaire, extrêmement attirante. Elle a toujours suscité l’attention humaine, le rêve, le désir de voler, mais aussi l’interdiction, car c’était le domaine des dieux. Nous l’avons tous les jours devant les yeux, à travers les mythes historiques, la science-fiction ou la publicité.
L’un des grands dangers du spatial, c’est de nous attirer comme une pure destination.
Or l’un des grands dangers du spatial, c’est justement de nous attirer comme une pure destination, laquelle ne justifie pas tout. Y aller, soit, mais pour y faire quoi ? En 2008, juste après son élec
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