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Le produit intérieur brut (PIB) est indissociable d’une culture du progrès par la jouissance des consommations et l’accroissement de la puissance. Devenu l’indicateur standard de la prospérité collective au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il entre progressivement en crise à partir des années 1970. Cette remise en cause est concomitante des révoltes libertariennes de la fin des années 1960, de la crise pétrolière (qui témoigne de la corrélation prospérité/dépense énergétique) et de la prise de conscience écologiste1. Or le paradoxe est là : aucune de ces ruptures fondamentales n’est parvenue à déloger le PIB de la position centrale qu’il occupe dans les appareils de mesure de la prospérité et dans l’imaginaire collectif. En dépit de tentatives récurrentes pour lui substituer de nouveaux indicateurs de prospérité, qui se sont complexifiés à mesure qu’ils étendaient leur portée à toutes les ramifications du social, le PIB perdure.
Pourtant, le débat sur les indicateurs est dorénavant largement occupé par ses assaillants et le PIB fait figure de forteresse assiégée. Sa chute fait l’objet de conjectures. Jusqu’où tiendra-t-il ? La défaite du PIB ne sera-t-elle pas, nécessairement, celle du régime d’accumulation capitaliste ? Faut-il attendre, voire désirer, son effondrement ? Peut-on, au contraire, parier sur des porosités, des infiltrations, de lentes opérations de conquête diffuse ?
Le PIB a été contesté au moment même où s’achevaient, en France, les Trente glorieuses et, dans le monde occidental, une période de croissance des productions et des échanges continue depuis près de trente ans. En France, le taux de croissance du PIB passe pour la première fois depuis 19
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