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Les réunions entre femmes constituent des piliers des mobilisations féministes. Revenir sur l’histoire de ces pratiques militantes permet de dépasser les idées reçues à leur sujet.
« Comment croire qu’il n’y a aucun lien de causalité entre l’isolement des femmes de toute présence masculine dans des réunions féministes et la diffusion de discours simplificateurs où 1, tous les hommes, du prédateur au féministe, sont mis dans le même panier, et 2, toutes les femmes qui s’opposent à ces discours sont présentées comme des antiféministes ou des alliées objectifs [sic] de l’ennemi ?1»
Sous des traits plus ou moins savants, l’attaque du philosophe Raphaël Enthoven contre la non-mixité féministe rapportée ci-dessus reprend à son compte une partie de la vulgate contre la non-mixité : cette pratique renverrait à un projet (éventuellement caché) de séparatisme des sexes animé par ce qui est généralement désigné comme une haine des hommes.
Mais que disent les féministes de la non-mixité ? Comment et pourquoi la pratiquent-elles ? Le détour par l’analyse historienne et sociologique de cette pratique militante qui a plus d’un siècle d’existence permet d’en dépasser les caricatures pour en saisir les significations.
Le mouvement féministe qui se constitue en France à partir des années 1870 est caractérisé par la mixité et voit s’imposer un homme, Léon Richer, comme figure centrale. Si la place dominante des hommes fait rapidement débat parmi les militantes, ce n’est qu’à partir des années 1890 que la non-mixité apparaît. Mais loin d’incarner un féminisme radical séparatiste, elle est d’abord le fait de la frange modérée du féminisme qui émerge avec le ralliement d’associations féminines philanthropiques à la cause des droits des femmes.
À partir des années 1910, la majorité des associations féministes continuent d’accepter les hommes, mais réservent les fonctions dirigeantes aux femmes.
La non-mixité d
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