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Dossier : Patriarcat. Comment s’en défaire ?

« On ne peut plus rien dire » L’inversion du stigmate

© Serge d'Ignazio
© Serge d'Ignazio

Symptomatique d’une inversion des rôles de victime et d’agresseur, l’antienne « On ne peut plus rien dire » s’est imposée dans le débat public comme une riposte au mouvement #MeToo.


Depuis #MeToo, surgi en octobre 2017, la formule rebattue « On ne peut plus rien dire » est devenue un hashtag pour rassembler des voix se disant muselées sur Twitter. Or cette expression invite à la réflexion. Qui est ce « on » ? Sous couvert d’une portée universelle, il désigne d’abord ces personnalités dont la parole publique est désormais contestée, notamment par le mouvement féministe. Cette mouvance, largement théorisée par l’écrivaine et journaliste Susan Faludi1, exerce sa riposte dans tous les domaines : politique, économique, juridique, médiatique, etc.

Pourtant, ces individus scandent qu’ils n’auraient plus droit de cité, que leur parole serait systématiquement disqualifiée. « Jamais la liberté d’expression et d’irrévérence n’a été aussi corsetée » se plaignait déjà Éric Zemmour en 2019. Le chef de file de Reconquête a bénéficié depuis d’une visibilité inégalée, à grands renforts de prises d’antenne ou de tribunes.

Ce cri de détresse des partisans de l’ordre établi sonne d’autant plus faux qu’il émane d’invités réguliers des principaux médias. 

Lors de la dernière campagne présidentielle, le polémiste le plus condamné du paysage audiovisuel français figurait parmi les candidats les plus cités dans les médias. Très loin de la presse « muselante » décrite par Alain Finkielkraut, qui dénonce lui aussi une forme de censure.

Ce cri de détresse lancé par les partisans de l’ordre établi sonne d’autant plus faux qu’il émane d’essayistes, de philosophes ou de politiques, souvent de sexe masculin, qui connaissent par cœur les adresses des principales chaînes et radios françaises, dont ils sont les invités et chroniqueurs réguliers.

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