Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
La question du patriarcat continue de cliver au sein du monde associatif, sous l’effet des barrières générationnelles et culturelles. Au CCFD-Terre solidaire, la réflexion s’engage.
Compte tenu de votre parcours, la thématique du patriarcat vous mobilise-t-elle personnellement ?
Sylvie Bukhari-de Pontual – Pendant longtemps, je ne me suis pas sentie particulièrement concernée par la question, du moins à titre personnel. J’appartiens à une génération qui, en Occident, n’est pas celle des femmes qui ont tracé la route des mouvements féministes. C’est plutôt la génération de ma mère. J’étais jeune, avec l’impression, tronquée, d’avoir accès à tout.
Par la suite, j’ai été appelée à la présidence de plusieurs associations1. À chaque fois, j’étais la première femme dans cette fonction. À mes yeux, il n’y avait là rien d’extraordinaire et je n’avais pas été recrutée a priori en tant que femme, mais les organisations concernées le mettaient nettement en avant.
Puis, en travaillant avec des partenaires sur le terrain pendant plus de trente ans, je me suis aperçue non seulement du rôle absolument fondamental des femmes partout dans le monde, mais aussi de l’absence de reconnaissance de ce rôle, y compris par les femmes elles-mêmes. Des missions en Afrique centrale m’ont particulièrement confrontée à des sociétés poussant à l’extrême ce système patriarcal. J’ai ainsi pu mesurer la profondeur des enracinements culturels et la difficulté à les déconstruire.
La problématique du genre reste compliquée pour l’Église alors qu’elle surgit partout ailleurs.
Le rapport à la religion a également joué, et en particulier à l’Église catholique, puisque j’ai présidé des ONG affiliées à elle ou en proximité avec elle. J’ai constaté combien la problématique du genre reste compliquée pour l’Église alors qu’elle surgit partout ailleurs. Le CCFD-Terre solidaire, dont le mandat est de s’attaquer au
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