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Que ce soit sur la critique du nationalisme intégral ou sur la notion de guerre juste, l’encyclique Fratelli tutti marque à la fois une continuité et une évolution décisive dans la pensée de l’Église. Retour sur les prises de position du Saint-Siège.
Des traités de Westphalie (1648) à la fin des États pontificaux (1870) et au concile Vatican II (1962-1965), les papes – et l’Église avec eux – ont parfois accompagné (et le plus souvent subi) la disparition d’une chrétienté politique. Un état de fait qui les a conduits à renforcer peu à peu leur indépendance et leur autorité spirituelle à l’égard des pouvoirs, quels qu’ils soient. La récente encyclique du pape François s’inscrit dans cette évolution sur trois points en particulier : la souveraineté des États, la nation et la guerre.
À l’issue de la Réforme protestante et des guerres de religion, l’Église romaine a semblé s’accommoder tant bien que mal de la montée en puissance des États-nations modernes. Certes, le rêve de Grégoire VII, pape de 1073 à 1085, d’une société politique dans laquelle « tous les princes baisent les pieds du seul pape », auquel « il est permis de déposer les empereurs », ce rêve avait pris fin avec l’éclatement de l’Europe chrétienne à Westphalie. Mais dans les monarchies absolues de droit divin, l’Église restait malgré tout la source de la légitimité du pouvoir. L’essentiel était sauf, mais pas pour l’éternité.
L’ordre temporel n’a eu de cesse d’accentuer l’émancipation de l’État vis-à-vis des autorités et des contraintes religieuses. Ce processus de sécularisation trouve son accomplissement dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Par là même, « se posait nécessairement, du point de vue des principes, le problème d’une nouvelle forme d’intégration : pour que l’État ne se désagrège pas de l’intérieur, il importait que les individus émancipés forment une nouvelle communauté et trouvent une nouvelle homogénéité. Dans un premier temps, ce problème est resté dans l’ombre, dès lors qu’au XIXe siè
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