Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
En 2017, catholiques, protestants et orthodoxes de France ont créé le label « Église verte » pour encourager la « conversion écologique ».
Quelles sont, selon vous, les spécificités de l’engagement écologique au sein d’une paroisse ?
La particularité d’un engagement paroissial tient à la possibilité d’articuler mobilisation personnelle, mobilisation collective (en brassant les générations, les cultures et les milieux sociaux) et transcendance. Les communautés chrétiennes bénéficient par ailleurs de la richesse d’une expérience communautaire plurimillénaire ; c’est un vrai atout pour conjuguer le local avec le global. Enfin, ces communautés se rassemblent autour d’une bonne nouvelle, qui les met en route pour lutter contre le fatalisme et la désespérance : quoiqu’il arrive, la vie est plus forte que la mort !
En quoi consiste le label Église verte et à qui s’adresse-t-il ?
Le label Église verte s’adresse à toutes celles et ceux souhaitant s’engager dans une démarche de conversion écologique : paroisses, Églises locales, mais aussi œuvres, mouvements, monastères et établissements chrétiens. Un questionnaire, à renouveler chaque année, permet d’accompagner la progression de chaque groupe dans l’atteinte de quatre niveaux d’engagement écologique.
Le label a, au départ, été conçu pour les paroisses. En tant que lieu de rassemblement pour le culte ou l’enseignement, en tant que lieu où se vivent des manifestations de fraternité et de solidarité, elles permettent de mettre en œuvre concrètement la dimension collective des enjeux écologiques : alimentation, énergie, gestion des déchets, analyse des enjeux actuels de justice, dialogue entre générations et catégories socio-professionnelles différentes. Mais, très vite après le lancement, des monastères ont manifesté leur intérêt : ils travaillent en ce moment à une déclinaison qui soit plus adaptée à leur réalité. Aujourd’hui, plus de 400 communautés sont déjà engagées dans la démarche.
Quoi de plus stimulant aujourd’hui pour l’Église que de se confronter au monde dans lequel nous vivons ?
Quels sont les freins et les moteurs pour permettre de mobiliser l’ensemble des membres d’une paroisse ou d’une communauté ?
Il y a, à mon avis, bien plus de moteurs que de freins ! Le frein, c’est principalement le poids des habitudes. Mais le moteur est celui de la participation à un défi vital. Quoi de plus stimulant aujourd’hui pour l’Église que de se confronter au monde dans lequel nous vivons ? Cela n’a-t-il pas toujours été le cas ? L’Église n’a-t-elle pas toujours cherché à formuler un message d’espérance face aux détresses de son époque ? Finalement, l’enjeu n’est pas tant de mobiliser ceux qui sont éloignés des préoccupations écologiques que d’accompagner ceux qui sont éloignés de l’Église en les rejoignant sur le terrain des préoccupations sociales et écologiques. Plus précisément, je dirais que le rôle de l’Église est principalement d’accompagner spirituellement toutes les personnes courageuses qui cherchent à changer leur mode de vie et les structures injustes de notre société. En entrant dans une démarche écologique, l’Église cherche à se convertir elle-même, d’une pour part pour mieux dénoncer les attitudes égoïstes de ceux qui refusent de se remettre en question et d’autre part pour mieux témoigner de l’espérance chrétienne auprès des militants menacés par le découragement.