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Dossier : Bidonvilles : sortir du déni

Colombie : quand le bidonville interroge les urbanistes

Plan du quartier Tabora Alta, au sud de Bogotá, dessiné par un habitant. ©Caroline Motta, 2015
Plan du quartier Tabora Alta, au sud de Bogotá, dessiné par un habitant. ©Caroline Motta, 2015
Voir les bidonvilles avec les yeux de celles et ceux qui les fabriquent, qui les vivent, à Bogotá et à Cali : telle est l’ambition de cet article. Un regard qui déplace, une invitation pour les professionnels à considérer autrement la ville qui s’invente sans eux.

Plus ou moins visibles à ras du sol selon la configuration d’un territoire, les bidonvilles occupent une partie conséquente de l’aire métropolitaine des villes latino-américaines. En juin 2015, pour mieux comprendre cette informalité urbaine, nous avons rencontré plusieurs acteurs de la ville colombienne, à Bogotá et à Cali.

À 2 600 mètres d’altitude, la capitale de la Colombie s’étale aux flancs de la cordillère orientale des Andes, et vers la rivière Bogotá à l’ouest. Cali s’étend sur la cordillère occidentale à 1 000 mètres d’altitude, et vers l’est jusqu’à la rivière Cauca. Bogotá logeait 700 000 habitants en 1951, et environ huit millions en 2015. Cali est passée de 100 000 habitants en 1940 à presque trois millions aujourd'hui. La majorité des arrivants sont des paysans, d’abord au chômage suite à l’industrialisation de l’agriculture, puis déplacés en masse ces quinze dernières années par les conflits armés qui secouent le pays. Très vite, l’afflux a dépassé la capacité d’accueil traditionnelle des villes et la capacité d’action des responsables de l’aménagement du territoire. L’insolvabilité des nouveaux habitants les oblige à occuper de manière illégale des terrains considérés comme inutilisables (anciennes carrières, zones à risque d’inondation et d’éboulement, de décharge).

Techo

Les bidonvilles sont rarement cartographiés sur les plans locaux. L'organisation non gouvernementale (ONG) Techo (toit en espagnol), créée en 1997 au Chili et présente dans 19 pays d’Amérique latine, utilise comme premier moyen de repérage la photographie aérienne. Elle détecte les zones où intervenir par leur localisation en périphérie, par la qualité des matériaux – voies non goudronnées, toits en matériaux recyclés – et par la haute densité du bâti. Techo s'efforce d’offrir un toit d’urgence sur la parcelle en cours d’acquisition des habitants, en remplacement de leur logement de fortune, mais insiste aussi sur l’intégration de cette minorité vulnérable au sein de la société. La volonté de progresser est l'un des éléments de choix des familles bénéficiaires qui auront à verser une somme d’argent symbolique et à faire évoluer leur logement dès le jour d’installation (ce dernier est livré démuni de toilettes et de cuisine).

Carlos M. aimerait bénéficier de l’aide de Techo. Il est actuellement concierge d’un immeuble d’appartements dans le nord de Bogota. Âgé de 49 ans, avec trois enfants, c’est la deuxième fois qu’il fabrique sa maison de ses propres mains, avec des matériaux de recyclage (bidons métalliques, bois) et achetés (tuiles en zinc), sans fenêtres. D’abord sur un terrain « d’invasion » (occupé sans aucune règle ni démarche), dans une commune limitrophe de Bogota, puis en achetant par quotas une parcelle à un « urbanisateur » pirate, « propriétaire » d’un terrain (illégal) dans l’arrondissement de Ciudad Bolívar, la plus grande concentration d’habitat populaire et informel au sud de la capitale. Aujourd’hui, le lotissement où il habite a été à moitié légalisé, mais vers l’arrière de sa maison, hélas, laissant les autres habitants de la pente dans l’illégalité, sans accès aux services d’eau potable, au tout-à-l’égout et à l’électricité.

Observant le plan du quartier dessiné par Carlos, Fernando Montenegro, le fondateur de l’Institut d’études urbaines de l’Université nationale de Colombie à Bogota, rappelle le développement des villes d’origine hispanique, par la juxtaposition de manzanas (îlots rectangulaires réguliers) et le prolongement de ce tissu urbain (en opposition à celui basé sur des chemins naturels). Le nouvel arrivant adopte par mimétisme cette forme d’îlot en l’adaptant à ses capacités économiques. Il en résulte un lotissement compact, des rues étroites et des façades sans retrait pour optimiser la surface habitable, des constructions sans étage dans un premier temps, des lots occupés aléatoirement, le remplissage des espaces vides sans ordre ni prédétermination. Ce désordre apparent suit une logique innée, propre à l’être l’humain, aboutissant à une certaine homogénéité où chacun se compare aux autres et essaie d’améliorer son propre chez soi (passage de murs en matériaux réutilisés à des murs en brique avec des poutres apparentes en béton, d’un sol en terre au carrelage, arrivée de la peinture sur la façade principale, de l’éclairage, etc.). De l’îlot, on passe au quartier et, avec lui, les sentiments d’appropriation et d’identité augmentent chez les occupants. Dans la continuité de cette consolidation de l’espace, un mode de transport informel s’installe rapidement, puis l’épicerie arrive comme premier repère, suivie par le dépôt de matériel, la boulangerie, le salon de coiffure, et ainsi de suite, créant le centre des activités et définissant « la » rue principale.

De l’îlot, on passe au quartier. Un mode de transport informel s’installe rapidement, puis l’épicerie arrive comme premier repère, suivie par le dépôt de matériel, la boulangerie, le salon de coiffure.

Tourisme en bidonville

David Gómez a fait de sa maison natale de Siloé, à Cali, un petit musée évolutif. Le bidonville est né dans les années 1950, de l’appropriation de terrains d’anciennes haciendas par des paysans attirés par l’exploitation de mines de charbon dans les collines voisines. Ils s’installent en hauteur, habitués aux montagnes et par peur des inondations de la rivière qui coule au pied de Siloé.

Dans les zones à risques, souvent délaissées après une catastrophe, l’aménagement d'un espace public peut transformer la qualité de vie des habitants proches. C’est le cas du parc mirador « Yo amo a Siloé (j’aime Siloé) ». Sur l’emplacement de maisons rasées par des glissements de terrain meurtriers, devenu terrain de conflits entre bandes de quartier, une succession de terrasses a été édifiée avec des aménagements sportifs et de jeux pour enfants, d’où l’on observe un panorama de toute la ville de Cali.

La Fondation Nueva Luz, avec le soutien financier d’une entreprise locale et l’aide de l'Agence des États-Unis pour le développement, promeut la musique et le sport chez les plus jeunes, à travers l’Orchestre symphonique des enfants de Siloé ou des ateliers de football. Il s'agit de redonner aux habitants de l’espoir et de la confiance en eux-mêmes et en la municipalité. « Pinto a Siloé » (je peins Siloé) a été ainsi une autre initiative d’intervention sur l’image urbaine, en appliquant des peintures aux façades.

Un projet en cours propose l’installation d’un metro-cable (téléphérique) vers Siloé. David souhaite former des jeunes originaires de Siloé au métier de guide touristique, pour expliquer à ceux qui emprunteront les cabines, le temps du trajet, l’histoire du bidonville devenu quartier.

Ceinture verte

La réserve forestière orientale de Bogotá (14 000 hectares) a été créée en 1976. Elle est soumise cependant à une forte pression urbaine, les bidonvilles et tours d’appartements croissant sans cesse, et à la transformation progressive du secteur rural montagnard de Bogotá en zone de résidences secondaires campagnardes. Pour mieux gérer la frange entre la ville et la réserve naturelle, un projet de « couloir écologique et récréatif des montagnes orientales » a été présenté à la mairie de Bogota.

Le combat pour la préservation de ce couloir écologique s’articule en trois axes. Établir d'abord un accord de limite de la ville, impliquant les municipalités limitrophes dans la gestion des montagnes avec des programmes d’éducation environnementale ; tenter d’accroître la biodiversité ; délimiter, enfin, le périmètre urbain de la ville, juste au bord de la réserve. La Fondation Cerros de Bogotá est née de cette initiative pour que les habitants puissent profiter de cet espace naturel tout en devenant des protecteurs de l’environnement. Les habitants des bidonvilles de la frange s’autoproclament « écoquartiers » et agissent en ce sens ; alors que, paradoxalement, il y a peu ou pas d’arbres en bidonvilles et que les espaces publics sont rares.

Comme la ville, toujours en évolution !

Veuve et mère de quatre enfants, Rosario C. est arrivée très jeune à Cali. Elle y a eu trois autres enfants, dont un, abandonné devant sa porte, qu'elle a adopté. Employée comme femme de ménage, elle complète ses revenus par de petits boulots. Avec ses premières économies, elle achète une baraque dans un bidonville. C’est une pièce sans eau ni électricité, située au bord d’un égout à ciel ouvert, sur un sol en terre, des murs en paille, un toit de tuiles noires en carton.

Avec l'allocation logement, elle achète une parcelle et déménage sa baraque, emmenée en morceaux par camion puis remontée sur un nouveau lotissement.

Après quatorze ans, elle finit par bénéficier de la politique d’allocations logement pour la population vulnérable. L’allocation lui octroie une somme d’argent pour l’achat d’une maison, des travaux de construction, des propositions de location ou une parcelle. Rosario choisit cette dernière solution et déménage sa baraque, emmenée en morceaux par camion puis remontée sur un nouveau lotissement vide. La nouvelle propriétaire a enfin une adresse postale, à Ciudadela Invicali. Elle s’inscrit au système d’identification de potentiels bénéficiaires de programmes sociaux mis en place par l’État et bénéficie d’une sécurité sociale. Grâce à un prêt, elle commence par clore le terrain en levant un mur en brique tout autour : le nouvel habitat comprend un jardin et une porte à l’avant, deux fenêtres, une chambre, un patio, une cuisine, des WC, une porte à l’arrière. En face de chez elle, la rue est large, un espace est planté en remblais au bord d’un égout canal, qui la sépare d’une piste cyclable et d’un parc au-delà. Le dimanche, la famille va se baigner et pique-niquer au bord du Cauca, seulement à quelques rues de distance.

Aujourd’hui âgée de 60 ans et toujours femme de ménage à mi-temps, Rosario projette de créer avec sa fille un petit restaurant proposant des repas le midi. Elles pensent louer un local le long d’une avenue fréquentée. Il n’y a plus de commerces dans son quartier, l’insécurité y est prégnante (rackets, meurtres…). Rosario a déjà perdu un fils de mort violente. Vivant seule désormais, elle aimerait déménager et quitter Cali, mais les quelque 25 millions de pesos que valent sa maison aujourd’hui ne lui offrent pas de grandes perspectives. Un de ses fils habite un logement gratuit proposé par l’État (voir encadré) ; un autre a refusé d’en bénéficier, il le trouve trop petit et situé dans un quartier qui ne lui plaît pas. Rosario, elle, n’y a pas droit puisqu'elle est déjà propriétaire. Elle a proposé à ses trois aînés de construire chacun une chambre sur le plancher du premier étage. S’ils tardent, elle construira elle-même pour mettre l'étage en location et avoir un revenu supplémentaire.

100 000 logements gratuits
La Constitution colombienne stipule que l’État s’engage à aider financièrement chaque Colombien pour qu’il puisse accéder à un logement décent (article 51). Le Plan de développement national 2010-2014 prévoit la construction d’un million de logements. Le ministère du Logement, de la construction et de l’assainissement est chargé de remettre gratuitement un logement aux familles les plus vulnérables. Les critères de sélection sont les suivants : répondre aux conditions d’extrême pauvreté définies par l’État, ou faire partie des populations jugées extrêmement nécessiteuses par l’Agence nationale contre la pauvreté, ou être en situation d’exode forcé, ou avoir été victimes de catastrophes naturelles, d’émeutes, ou encore se trouver en zone hautement dangereuse. Entre 2012 et 2015, 100 000 logements gratuits ont ainsi été remis aux familles. Rares sont pourtant les jugements positifs sur le système, critiqué surtout sur la localisation et la qualité des logements : éloignement du centre ville, des transports en commun et du travail, difficultés de réadaptation pour les familles et d’intégration à un nouvel environnement géographique et humain… Un accompagnement est nécessaire pour expliquer, par exemple, les nouveaux devoirs qu’implique l’accession à la propriété, comme le paiement des factures d’eau et d’électricité. Il y a eu des retours volontaires en bidonville !

« Tous les deux ans, le chien monte d’un étage »

Cette expression de Fernando Montenegro reflète le regard optimiste que nous souhaitons porter sur l’informalité et ses formes d’évolution. Suite à l’auto-construction et aux ressources acquises progressivement par une famille, la maison croît d’un étage, et avec, la terrasse où veille le chien. Une grande part du développement des villes provient de la capacité informelle d’affronter la réalité : celle-ci résout même plus de choses que la formalité ! Les bidonvilles ne sont pas des sols inertes, mais au contraire des lieux où les gens s’intègrent rapidement au territoire (physiquement, socialement et économiquement), de façon rapide, ne faisant que consolider des formes de vie qui vont en s’améliorant.

Les bidonvilles ne sont pas des sols inertes, mais au contraire des lieux où les gens s’intègrent rapidement au territoire, physiquement, socialement et économiquement.

Dans le cycle naturel d’une ville, souvent les quartiers riches se dégradent lentement, et, à l’inverse, la qualité de la vie et du cadre de vie dans les quartiers pauvres progresse graduellement. L’esprit de survie de leurs concepteurs-fabricants-habitants prime. Le savoir-faire propre à cette population « de l´extrême » peut-il interpeller les professionnels de l’urbanisme ? On trouve peu de travaux sur l’image urbaine du bidonville. De forme générale basse et compacte, il pourrait pourtant offrir un formidable outil d’étude sur des thèmes aussi divers que l’étalement, la gestion de la densité, la transition entre la ville ancienne et les campagnes, la spontanéité des formes urbaines, l’ordre de la rue populaire et l’identité culturelle…

Lieu de passage obligé pour certains, le bidonville constitue un milieu de transition vers une intégration dans la ville. Le bâti, les espaces publics et le tissu urbain, fruits du travail plus ou moins spontané de l’informalité, font des bidonvilles un lieu ressource, qui croise densification et étalement, les deux formes de développement de la ville. La collaboration entre habitants et urbanistes devrait permettre de profiter des capacités d’adaptation et de la créativité des premiers et du savoir-faire dans la mise en œuvre des seconds.

En complément de l'action des ONG, le nombre considérable de fondations communautaires créées en ce début de XXIe siècle illustre les carences des administrations publiques dans le domaine de l’informalité. Certes, les autorités colombiennes ne sont pas absentes du processus d’offre de logement et de services. Elles ont mis en place plusieurs procédures liées à l’habitat, aux déplacés, à la pauvreté. La légalisation d’îlots occupés illégalement (hors secteurs classés à haut risque qui eux bénéficient de politiques de relogement) est aussi soutenue par l'État.

Un nouveau regard sur la ville

Peut-on voir dans l’informalité un levier pour comprendre et fabriquer la ville du XXIe siècle ? Certains ingrédients de l’informalité peuvent sans doute être pris en considération, dans l’optique d’une société plus juste en termes d’opportunités, d’espace et d’intégration. La gestion de la densité, l’auto-construction individuelle amenant néanmoins à un équilibre d’ensemble naturel, l’« économie orange » ou créative, les systèmes de troc, l’agriculture urbaine, le recyclage, la liaison économique entre familles aisées et plus pauvres sont autant de points de réussite. Ils innovent, dans une  perspective de développement durable et avec des moyens très en deçà du coût d’aménagement traditionnel d’une ville. Mais, revers de la médaille, le manque de sécurité, d’équité, d’espaces publics, d’arbres et de réseaux d’assainissement demeurent des obstacles.

Un retour de zones informelles s'observe aussi autour des métropoles de pays économiquement avancés, alors qu'elles en avaient presque disparu. Le bidonville caractérise un aspect de l'inachèvement perpétuel de la ville. Le problème central qu’il induit n’est pas tant l’informalité par elle-même mais la négation de celle-ci. Un regard nouveau est à poser sur elle.



Grandes exploitations agricoles et leurs locaux d’habitation [NDLR].

Cf. Alcaldía Mayor de Bogotá D.C., Diana Wiesner, Los Caminos de los Cerros, Bogotá, Secretaría de Distrital de Planeación, 2007, 68 p.

Cf. Alcaldía Mayor de Bogotá D.C., ¡Así se viven los barrios !, Bogotá, Secretaría Distrital de Planeación, Secretaría Distrital de Hábitat, Fondo Patrimonio Natural, 2015, 150 p.

Voir le site web dédié : http://www.100milviviendasgratis.gov.co/

Ministerio de Vivienda, Ciudad y Territorio para el Séptimo Foro Urbano Mundial, Colombia : Cien Años de Políticas Habitacionales, Bogotá, 2014, 280 p.

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