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Dossier : Le numérique, une chance pour l’école ?

Un modèle scolaire à réinventer

© Photothèque du Conseil général du Val-de-Marne/Flickr/CC
© Photothèque du Conseil général du Val-de-Marne/Flickr/CC
Venant perturber l’enseignant dans son espace (la classe), contester le monopole de l’école dans la transmission des savoirs, interroger les pédagogies traditionnelles, le numérique est souvent vécu comme une agression dans le monde scolaire. À ne pas s’adapter à cette transformation de la société, l’école laisserait le champ libre à la marchandisation de l’éducation.

Le rêve de Babel s’est démocratisé. Le rêve des créateurs du web était de permettre aux machines, aussi diverses soient-elles, de communiquer entre elles et, bien évidemment, de faire communiquer leurs usagers. Le développement des smartphones puis des tablettes s’inscrit dans ce processus envahissant. Cela suffit-il pour transformer la société ? Ce ne sont pas les équipements qui portent les transformations, mais leur potentiel d’usage (ce que leurs concepteurs permettent aux utilisateurs de faire ou de ne pas faire). Il faut donc que ce potentiel trouve dans l’usager et son contexte les moyens de son expression concrète.

Dès le début des années 1980, une forte impulsion a été donnée pour que le monde scolaire soit moteur dans le développement de l’informatique dans la société. L’enseignement professionnel et technique a rapidement adopté ces machines, pressé d’insérer ses jeunes dans les métiers et pressé par les entreprises elles-mêmes. En revanche, pour l’enseignement général, la compréhension de ces enjeux n’a pas été aussi immédiate. Le Conseil national du numérique ne cesse pourtant d’inciter le monde scolaire à utiliser les moyens numériques pour l’enseignement et avance plusieurs « propositions pour bâtir ensemble l’école juste et créative du XXIe siècle1 », autour de « deux grands axes » : que faut-il enseigner et comment dans l’école de la société numérique ? Et comment redessiner un tissu éducatif ?

Comment comprendre qu’un système éducatif dont l’ambition est d’éduquer tous les enfants et de les amener à vivre en société ait pu freiner presque toute velléité d’introduire des médias interactifs dans les pratiques quotidiennes de l’enseignement ? Deux concepts peuvent nous aider à comprendre : la culture et la forme scolaire. Par culture, nous parlons du processus d’acculturation au numérique qui concerne chacun ; par forme scolaire, nous parlons du cadre dans lequel se développe ce numérique, les règles explicites ou implicites que reçoivent ou se donnent les acteurs.

Une culture scolaire résistante au numérique

La situation de classe constitue pour l’enseignant un espace-temps dont il est censé maîtriser l’ensemble des paramètres. Ayant préparé ce moment, le lieu, les activités qui vont s’y dérouler, il est le garant des apprentissages des élèves. L’arrivée de l’informatique puis du numérique constitue une intrusion potentielle dans un univers déjà bien structuré et stabilisé. Cette intrusion est d’abord technique : les aléas de fonctionnement (matériel, logiciel, réseau) représentent une crainte qui amène en général à préparer un « plan B » permettant de revenir, au besoin, à une situation maîtrisée. Les pratiques personnelles des jeunes sont un autre élément de crainte pour les enseignants : le sentiment de moins bien maîtriser que les élèves, ou encore l’idée que ceux-ci puissent accéder à des ressources qui poseraient question.

Au-delà de ces contraintes quotidiennes bien réelles, la culture même des professionnels de l’enseignement est interrogée. Selon une vision centralisée et égalitariste, rappelée à intervalles réguliers par les politiques, l’organisation de la scolarité, des examens et de l’enseignement doit s’inscrire strictement dans le principe d’égalité des conditions d’accès. Introduire les moyens numériques à l’école ne risque-t-il pas de renforcer les inégalités ? La scolarisation est pensée comme séparée de l’influence de la famille et de la société, pour permettre une véritable égalité des chances.

L’organisation scolaire héritée des deux derniers siècles renforce le poids de la conservation de ce qui est en place : architecture des bâtiments, mode de fonctionnement, structuration de ce qui y est enseigné, programmes, progressions, découpages disciplinaires. L’arrivée d’un « corps étranger » y est toujours difficile, voire impossible, sans de nombreux débats et hésitations.

L’un des fondements de cette culture est l’idée qu’il faut d’abord être hors du monde pour acquérir des connaissances avant d’y entrer pour y participer activement. Cette séparation d’avec la vie active est une des caractéristiques qui fondent la résistance aux évolutions technologiques dans l’enseignement scolaire, mais aussi universitaire. Dès l’émergence de la question de l’informatique dans l’enseignement, Jacques Ellul2 soulignait la nécessité de rendre les élèves « conscients » du pouvoir de cette technique dans et avec la société. Il redoutait que l’isolement de l’école ne renforce l’assujettissement des jeunes à un type de société appuyée par ces techniques.

C’est à plus de 80 % en autoformation que les enseignants acquièrent des compétences en informatique, contre 20 % dans des sessions de formation.

Or, après dix années de tentatives pour rendre obligatoire une certification informatique  des enseignants, celle-ci a été abandonnée en 2014 au profit de quelques heures dispensées dans les écoles supérieures du professorat et de l’éducation. C’est à plus de 80 % en autoformation que les enseignants acquièrent des compétences dans ce domaine, contre 20 % dans des sessions de formation. Comment peuvent-ils répondre aux questions des élèves s’ils sont à ce point démunis ? Dans les établissements, l’on constate aussi, sauf exception, une faible connaissance du numérique par les cadres administratifs et pédagogiques. La culture traditionnelle de l’école est d’autant plus forte chez eux qu’ils sont en charge du maintien des lignes de force du système. Souvent démunis ou peu compétents, ils sont soumis à des injonctions multiples, en particulier des pouvoirs publics (nationaux ou territoriaux), imposées souvent de manière autoritaire (par l’intermédiaire de dotations matérielles) et bien peu de manière concertée.

Quant aux parents, ils ont une conscience souvent floue de l’importance du numérique dans l’éducation. Sous la pression de la réussite scolaire et de l’insertion sociale des enfants, la plupart ont équipé la famille en matériel numérique. L’institution scolaire les a encouragés par un rappel régulier aux droits des parents, confortés par la mise en ligne des cahiers de textes des classes, à la suite des notes et appréciations consultables en permanence et désormais par la généralisation des espaces numériques de travail3 qui leur sont accessibles. Mais leur relation à l’institution est presque paradoxale, entre une acceptation du modèle traditionnel (les apprentissages fondamentaux), un souhait de modernisme (la place des moyens numériques dans l’école) et la volonté d’avoir un droit de regard, voire de contrôle, sur certains aspects de la scolarité.

Travailler la « forme scolaire » (Michel Foucault)4, c’est identifier des constantes telles que le découpage horaire ou disciplinaire, le statut des enseignants, l’organisation des temps et des lieux scolaires, mais aussi les concepts d’évaluation, de transmission, etc.5 La construction du modèle scolaire de socialisation de l’enfant se base sur quatre éléments : un univers séparé, des règles dans l’apprentissage, l’organisation rationnelle du temps, la multiplication et la répétition d’exercices.

Nous pouvons faire l’hypothèse que cette forme scolaire, dans sa structure et sa place dans les représentations sociales des acteurs, est un des freins les plus puissants face aux évolutions qui se produisent dans la société. Ce qui au départ est un principe éducatif devient progressivement une organisation complexe appuyée sur des éléments matériels, organisationnels et intellectuels qui semblent s’imposer. L’intériorisation de la règle fait partie des critères de recrutement : cela transparaît dans les concours et la formation, encadrés par un référentiel auquel chaque enseignant se doit de se lier. Elle se fait aussi dans la perpétuation de rituels (évaluation, examens…). En témoignent les débats sur la place des notes ou sur l’évaluation par compétences. Le numérique scolaire s’inscrit d’ailleurs souvent parfaitement dans cette forme, quand il ne la renforce pas. Ainsi le vidéoprojecteur ou le tableau blanc interactif ne font guère que remplacer le tableau noir importé au milieu du XIXe siècle dans les salles de classe, sans rien changer à la forme.

Cette question fondamentale de la relation entre le monde scolaire et le hors scolaire (ou la vie active) est un des arguments majeurs pour ne pas changer le système (l’école est un espace qui assourdit les bruits de l’extérieur), ou n’accepter des modifications qu’à condition qu’elles ne touchent pas le noyau central de la forme scolaire. Traduite par le modèle de la pédagogie traditionnelle6, la forme scolaire reste ancrée dans l’imaginaire collectif. Proposer d’en changer est un risque que seuls des utopistes ont pu imaginer possible. À chacune de ces visions s’est associée une forme sociale, voire un projet de société différent. L’arrivée du numérique a été porteur de telles utopies dont parfois les médias se sont fait l’écho : accès de tous au savoir, partage et démocratie, autodidaxie, etc. Mais quel crédit donne-t-on réellement à ces hypothèses ? S’il a fallu près de quatre siècles pour que le livre et l’écrit imprimé deviennent dominants, quarante années d’informatisation ne sont sûrement pas suffisantes pour avancer autre chose que des conjectures. Et pourtant, une mutation est en cours.

Des brèches dans la forteresse

De la transformation de la structure des familles à l’évolution des emplois, plusieurs évolutions marquent la fin du XXe siècle. L’avènement du numérique, qui les accompagne, vient reposer un ensemble de questions. Le premier symbole du monde scolaire mis en cause par le développement des moyens numériques est le livre et plus largement l’écrit imprimé sur papier. L’État avait institué le rôle du manuel scolaire, pour l’élève ou pour l’enseignant, comme colonne vertébrale du système. De Condorcet, un des premiers auteurs de ces manuels, au Tour de la France par deux enfants (G. Bruno, Belin, 1878), petit à petit s’est constitué le pouvoir mythique du livre pour apprendre. C’est lui qui domine encore la représentation sociale de la transmission des connaissances et l’imaginaire des acteurs de l’éducation. Or le numérique, sans faire disparaître le livre, transforme la relation de chacun des acteurs de l’école au support des savoirs. Dans l’école du XIXe siècle, le livre représente la possibilité donnée à chacun et à tous d’accéder au savoir. Avec l’avènement du numérique en réseau, le coût d’accès à des savoirs est devenu presque nul. L’accessibilité immédiate d’un grand nombre de sources, disponibles « à portée de la main », interroge les modes de diffusion institués.

Longtemps considéré comme une sorte de « forteresse » devant laquelle chacun devait se soumettre, le monde scolaire s’est transformé en lieu de passage obligatoire, non seulement de par la loi, mais, surtout, par le lien entre ce passage et l’insertion sociale permise par la réussite dans ce lieu. La corrélation entre diplôme et accès à une activité professionnelle a connu une progression telle qu’aujourd’hui encore le primat de la scolarité sur d’autres formes d’acquisition de savoir reste dominant. Or le numérique ouvre des brèches dans ce monopole.

Nombre d’expérimentations menées par des enseignants montrent que le développement de l’informatique dans la société est en train de trouver des traductions dans l’univers scolaire et universitaire. Sous la dénomination « d’enseignement hybride », une place plus grande est donnée aux moyens numériques en association avec des pratiques plus habituelles : enseignement assisté par ordinateur, enseignement inversé7, Massive open online courses (Mooc)8, etc. C’est aussi le cas de l’usage des réseaux sociaux numériques ou encore des « jeux sérieux ». Pour l’instant, ces innovations restent marginales et concernent au plus 10 % des enseignants. En ce début d’année 2015, l’immense majorité d’entre eux reste très frileux quant à l’usage du numérique dans la classe. Presque tous préparent leurs enseignements en utilisant ces moyens. De plus en plus, ils accompagnent leur enseignement de projections sur grand écran. Mais ils demandent très peu à leurs élèves de se servir du numérique en classe.

Depuis leur apparition sur le marché, tablettes et smartphones modifient sensiblement les usages du numérique. Chaque élève peut désormais disposer continuellement de l’appareil, de ses applications et contenus tout au long de la journée, aussi bien dans l’établissement qu’en dehors. Certains établissements avaient déjà franchi le pas en fournissant aux enseignants et aux élèves des (petits) ordinateurs portables, d’autres ont saisi l’occasion pour s’engager dans une politique d’équipement, avec ou sans l’appui des collectivités ou de l’État. Depuis l’expérience lancée au début des années 2000 dans les Landes, l’idée d’un équipement individuel qui serait à disposition des élèves toute l’année est devenue une sorte de cadre de référence pour déployer les usages du numérique.

Il ne s’agit plus ici d’innovations individuelles mais d’expérimentations à l’échelle d’une classe, d’un ou plusieurs établissements, voire d’une collectivité tout entière. Si les acteurs eux-mêmes, en particulier les enseignants, n’en voient pas forcément toute l’utilité, on perçoit bien, dans les discours autour de ces projets, qu’une évolution est en cours qui touche plusieurs piliers de l’école : l’individualisation, la lecture, l’écriture, l’accès à des sources externes à l’établissement, la continuité entre apprentissage scolaire et vie sociale, etc. Toutefois, l’observation des pratiques montre que le changement n’est pas aussi manifeste que ne le donne à croire la lecture des médias. Il s’agit d’intentions souvent contrariées par les exigences de la scolarité et par les prescriptions traditionnelles : contrôles, examens, disciplines, programmes. Aussi bien, dans de nombreux cas, les enseignants sont amenés à dépasser, sinon à transgresser les règles pour parvenir à réaliser des activités nouvelles liées à l’usage du numérique.

Dans de nombreux cas, les enseignants sont amenés à transgresser les règles pour parvenir à réaliser des activités nouvelles liées à l’usage du numérique.

Dans des lycées, mais aussi dans certains collèges, des enseignants proposent à leurs élèves d’utiliser leurs appareils personnels en classe, même si les règlements intérieurs ne l’autorisent pas. Ils s’en servent comme calculatrice, pour photographier leurs travaux ou le tableau, pour faire des recherches sur internet, etc. Cet usage des matériels personnels (une transgression d’une tradition qui veut que l’école fournisse l’ensemble des matériels pour l’apprentissage) est porté par un courant symbolisé par l’acronyme BYOD (de l’anglais « Bring your own device » : « Apportez vos appareils personnels »). En regard du développement des équipements personnels des jeunes et de leurs familles (nombre de familles ont acheté des tablettes à leurs enfants, même en primaire), il y avait là une alternative aux plans d’équipements massifs et coûteux. Dans les universités, cette option est déjà bien avancée : plus de 90 % des étudiants disposent dès la première année d’un ordinateur portable connectable à internet. Ces terminaux personnels pourraient aussi remplacer les livres, les cahiers, les ressources documentaires et, en partie au moins, les cours9.

Cependant, la lenteur des évolutions réelles se traduit par des rapports et des avis10 poussant les décideurs à aller vite pour introduire le numérique dans le monde scolaire. Mais tous ces rapports ne remettent que très peu en cause le modèle scolaire actuel, ne proposant que quelques aménagements. Certains renforcent même la forme traditionnelle, en témoigne le souhait d’instaurer une nouvelle discipline, l’informatique, dans le cursus des élèves du primaire au lycée, confortant ainsi l’organisation des découpages disciplinaires11.

Réinventons le modèle scolaire !

Une révolution n’est pas à l’ordre du jour. La prégnance du modèle scolaire traditionnel est telle qu’il y a peu de chance pour que la forme scolaire change essentiellement. Mais la perte plus globale de légitimité de l’école dans les sociétés occidentales contemporaines inquiète. Si la conception fondatrice de l’école, issue du XVIIIe siècle et des idéaux de la Révolution française, a été actualisée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle n’a pas fondamentalement changé un système d’abord pensé à destination des classes dirigeantes. La notion d’État-nation que porte l’idéal scolaire est de plus en plus difficile à identifier dans un contexte de circulation des informations et de communication universelle. Les territoires traditionnels, marqués par leurs frontières, perdent de leur lisibilité du fait des usages nouveaux et de l’émergence du fait social total que constitue le numérique.

Plus que l’enseignant, c’est la prédominance des diplômes et, à l’avenir, celle des compétences, dans un cadre plus internationalisé, qui vont amener la société à s’interroger sur les réponses à apporter. Car internet et ses déclinaisons multiples transforment le vivre ensemble de manière beaucoup plus fondamentale qu’il n’y paraît, accompagnant d’autres mutations : mobilité, évolution des familles, accélération de la vie quotidienne, formes de communication, accès à l’information, etc. La forme scolaire aussi est interrogée, car la forme sociale dont elle est issue est mise en cause.

Considérer le numérique de manière isolée comme vecteur de transformation de l’école est une erreur. C’est davantage la transformation d’un vivre ensemble accompagné par le développement très rapide de nouveaux vecteurs de communication, de relation humaine, qui est à travailler. L’institution scolaire ne peut rester étrangère ni à ces évolutions (dont elle subit déjà les conséquences au quotidien), ni à ces formes nouvelles qui touchent à l’essentiel de sa mission, la transmission et le vivre ensemble.

Nous vivons une nouvelle forme d’industrialisation qui touche les biens matériels, les biens intellectuels et culturels et s’accompagne d’une marchandisation de l’éducation.

Il est grand temps de réinterroger une école dont la forme a été principalement construite au XIXe siècle lors de la révolution industrielle. Nous vivons une nouvelle forme d’industrialisation qui touche non plus seulement les biens matériels, mais aussi les biens intellectuels et culturels et qui s’accompagne d’une marchandisation de l’éducation. Le système scolaire que nous connaissons est issu d’une volonté de « professionnaliser la transmission » dans le cadre d’une massification et d’une industrialisation. Aujourd’hui, dans une société de compétition individualiste, les particularismes vont à l’encontre d’un rêve d’homogénéité de l’action éducative. La déferlante des usages du numérique dans toutes les couches de la société risque, si l’on n’y prend garde, de marginaliser progressivement les institutions éducatives locales, nationales, au profit d’un système déréglementé et marchandisé. Chacun se retrouverait ainsi de plus en plus isolé face aux besoins d’accès aux savoirs.

Il est encore temps de mettre en route un chantier, non pas de refondation, mais bien de reconception du modèle scolaire et plus généralement, de la manière de permettre à chacun de développer des connaissances, si l’on ne veut pas que les moyens numériques ne servent certains intérêts pour assujettir une grande partie de la population aux algorithmes conçus par quelques-uns s’appuyant sur une forme scolaire plus archaïque encore.



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1 Conseil national du numérique, « Jules Ferry 3.0. Bâtir une école créative et juste dans un monde numérique », octobre 2014 [en ligne sur : www.cnnumerique.fr].

2 Jacques Ellul, « Informatique et enseignement », Education 2000, n° 19, ISP Paris, 1981, pp. 85-92.

3 Un espace numérique de travail permet de prolonger la vie de l’établissement au-delà des murs et des temps scolaires en donnant accès aux élèves et à leurs parents, depuis n’importe quel terminal connecté, à des services liés à la vie scolaire et à la pédagogie (agenda, relevé de notes, cahier de texte, relevé des absences, etc.).

4 À propos de la forme scolaire, M. Foucault évoquait quatre éléments fondamentaux : la gestion de l’espace (en particulier les établissements scolaires), la gestion du temps et son découpage, l’importance des rituels pour structurer l’élève et enfin le regard, celui de la soumission de l’élève au maître. Cf. Jean-Claude Filloux, « Michel Foucault et l’éducation », dans Revue française de pédagogie, vol. 99, 1992. pp. 115-120.

5 Cf. l’analyse socio-historique de Guy Vincent (dir.), L’éducation prisonnière de la forme scolaire ? Scolarisation et socialisation dans les sociétés industrielles, Presses universitaires de Lyon, 1994.

6 Jean Houssaye en a bien montré la permanence au-delà des initiatives, cf. La pédagogie traditionnelle. Une histoire de la pédagogie, suivi de « Petite histoire des savoirs sur l’éducation », Fabert, 2014.

7 En utilisant les supports numériques accessibles en ligne, certains remplacent les apports magistraux par des vidéos ou des documents multimédias pour permettre à l’enseignant de se consacrer davantage au « travail des élèves » avec les connaissances.

8 Avec les Mooc, cours gratuits ouverts à tous en ligne, chacun peut suivre des enseignements et accéder à des diplômes délivrés par des établissements d’enseignement supérieur du monde entier. Quantitativement marginal par rapport au système universitaire traditionnel, le phénomène a un fort impact sur l’enseignement supérieur. Même les pouvoirs publics lancent des appels à projets dans ce sens.

9 Cette évolution est aussi reprise par les politiques qui ont promu les espaces numériques de travail dès les années 2003-2005.

10 Cf. le rapport précité du Conseil national du numérique, « Jules Ferry 3.0. ».

11 Le brevet informatique et internet instauré en 2001 va dans le sens opposé, mais sans parvenir non plus à faire évoluer les pratiques de manière significative.


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