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Dossier : Le numérique, une chance pour l’école ?

Contre la « fracture numérique », pas de coup de tablette magique !

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Face aux enjeux du numérique pour l’école, les pouvoirs publics répondent par de grands plans d’équipements. Ils font fausse route, ignorant que les vraies inégalités résident dans les usages et que les meilleures réponses sont territoriales.

Quelles sont les pratiques numériques des adolescents dans leurs contextes socio-éducatifs ? Les travaux en anthropologie des usages révèlent de profondes inégalités sociales, éducatives et numériques, qui questionnent les plans d’équipement massifs (ordinateurs et internet hier, tablettes aujourd’hui). Ne faudrait-il pas, au contraire, miser sur la construction patiente, avec des politiques publiques stables, des équipes enseignantes motivées et des parents mobilisés, d’une véritable éducation au numérique ? Et, au fond, s’interroger : quelle pensée politique pour le numérique dans l’éducation ? Quelle stratégie de mise en œuvre ?

Le mirage du technocentrisme

Le numérique est considéré comme le mode contemporain dominant de traitement de l’information. Sur le plan strictement technologique, la numérisation (échantillonnage, quantification, codage) remonte à 1960. Mais au niveau du langage courant, l’usage du terme « numérique » est très récent. Les années 1980 étaient celles de l’« informatique ». Dès 1992, c’est le vocable « internet » qui envahit le langage. Les années 2000 sont marquées par l’acronyme « Tic » (technologies de l’information et de la communication). Ce n’est que très récemment que l’adjectif se transforme en substantif : « le » numérique. Ainsi, le Conseil stratégique des technologies de l’information, créé en 2004 auprès du Premier ministre, fait place au Conseil national du numérique en 2011. La langue française présente la particularité de substantiver « le » numérique (comme on l’a fait de l’internet) en occultant le fait que « digital » et « numérique » peuvent traduire deux visions du monde contemporain, souvent irréductibles : l’une anthropocentrée (le doigt : digitus), l’autre technocentrée (le nombre : numerus).

Ce particularisme français, porté par les médias, la technostructure étatique, l’industrie technologique et les grandes écoles, n’aide pas à envisager sereinement les rapports entre école et numérique. La vision technocentrée masque la dimension des usages et les questions de socialisation, de capital culturel, de territoire, d’accompagnement – et donc d’éducation – en se réfugiant dans des techno-imaginaires qui expliquent, pour une grande part, l’échec des différents plans informatique, internet puis numérique à l’école. Mais peut-on rester muet lorsque, trente ans après la distribution d’ordinateurs Thomson dans le cadre du plan « informatique pour tous » de 1985, on s’apprête à doter massivement  les collégiens de tablettes tactiles? Comme souvent en matière de numérique, le plan annoncé n’a aucune mémoire. Il ne prend pas en compte les pratiques effectives des élèves et des enseignants, pourtant documentées par quarante années de recherche capitalisant sur des centaines d’expérimentations. Toutes celles qui ont porté sur les cartables numériques1 s’interrogent sur l’efficacité de ces dispositifs, tant les résultats sont maigres pour la transformation de l’école.

La fracture numérique est un avatar des croyances dans le déterminisme technique et le progrès.

Les programmes d’équipement de type cartable numérique ont comme principal argument la lutte contre la « fracture numérique ». Cette notion, idéologique, est un avatar des croyances dans le déterminisme technique et le progrès2. Elle est née officiellement lors du discours de Bill Clinton à Knoxville (Tennessee), le 10 octobre 1996 : « Le défi pour notre nation est de s’assurer que ses enfants ne seront jamais séparés par une fracture numérique3 ». Jusqu’à l’explosion de la bulle spéculative internet de 2002, la perspective de la mondialisation appelle à une couverture totale du globe par internet. Et la fracture numérique est le côté obscur d’un des mythes structurants d’internet : le village planétaire. Aujourd’hui, le village est malmené, pollué, en souffrance, en manque d’éducation et l’on parle plutôt d’« e-inclusion ». Les capitaux économiques, culturels et sociaux sont inégalement répartis entre les personnes. Plus qu’entre « inforiche » ou « infopauvre », les fractures se jouent entre isolement social et aliénation consumériste aux modèles d’usages dominants des technologies numériques. Les usages citoyens, autonomes et émancipés passent par la culture, l’éducation et la formation.

Les familles populaires, tout aussi équipées

Le projet Ineduc (2012-2015), financé par l’Agence nationale de la recherche, croise les parcours scolaires avec les pratiques numériques et de loisirs des adolescents4. Il vise à identifier les inégalités éducatives liées aux contextes et aux espaces de vie des jeunes de 13 à 15 ans (la période du collège). Pour les analyses liées au numérique, nous adoptons le point de vue de l’anthropologie des usages5.

Les adolescents ont de plus en plus accès à des terminaux mobiles. 74 % des ceux enquêtés déclarent disposer d’un ordinateur fixe à la maison, 57 % d’un ordinateur portable, 30 % d’une tablette. Les proportions sont moindres quant aux outils accessibles dans leur chambre, mais les terminaux mobiles sont davantage présents : 44 % disposent d’un ordinateur portable et 21 % de tablettes, contre seulement 13 % d’équipement en ordinateurs fixes. Concernant les téléphones portables, les adolescents de 4e en sont équipés à 72 %. 94 % d’entre eux se sont connectés la semaine précédant l’enquête, principalement chez eux (67 %) ou dans leur chambre (54 %).

L’équipement apparaît socialement contrasté sur deux plans : les terminaux mobiles et les espaces d’accès (l’espace familial de la maison ou l’espace personnel de la chambre). En effet, si les collégiens d’origine sociale défavorisée (selon la catégorie socio-professionnelle du père) sont autant dotés en ordinateur fixe que ceux d’origine sociale très favorisée, ils se révèlent moins dotés en terminaux mobiles lorsque l’on considère l’équipement familial. En revanche, dans leur chambre, les jeunes de milieu défavorisé sont plus fortement équipés en ordinateur fixes (15 % contre 12 % des adolescents issus des catégories très favorisées) et en ordinateurs portables (47 % contre 35 %). De surcroît, les disparités se creusent significativement quant à l’équipement en téléphone portable. Près de 4 adolescents sur 5 (76 %) issus de milieu défavorisé possèdent un téléphone portable, contre 2 adolescents sur 3 (68 %) d’origine sociale favorisée. On constate un investissement inégal des familles dans le rapport au numérique, qui se retrouve dans le type et le lieu d’accès à l’équipement. L’équipement en téléphone portable est aussi différencié au niveau spatial. 76 % des élèves scolarisés en milieu urbain en sont équipés, contre 67 % en milieu rural et en aire périurbaine. Si les inégalités éducatives liées aux usages du numérique sont importantes, elles ne dépendent quasiment plus de l’équipement mais elles sont encore dépendantes de la connexion, particulièrement en zone rurale.

Numérique et classe sociale

L’analyse qualitative des sites périurbains démontre une forte interdépendance entre la socialisation parentale et la posture éducative vis-à-vis du numérique. Ces différences s’ancrent dans les territoires à l’échelle du quartier (voire du bloc d’immeubles ou du lotissement). On relève des retraits éducatifs importants dans les familles populaires, en particulier en termes d’aliénation consumériste à la possession de produits technologiques (les smartphones ou les consoles de jeu) associés à un discours assez paradoxal de confiance dans la mission de l’école vis-à-vis de l’éducation au numérique. Les parents de milieu défavorisé s’en remettent davantage aux choix et aux volontés de l’adolescent.

Les parents de milieu défavorisé s’en remettent davantage aux volontés de l’adolescent. De l’autre côté du boulevard, les parents définissent la norme : pas de téléphone portable avant la 4e.

Mais peut-on parler d’auto-détermination de l’adolescent ? De dessaisissement parental ? En exagérant un peu le trait, on peut présenter ainsi ces processus éducatifs : quasiment tous les préadolescents arrivent au collège en réclamant un téléphone portable. Dans les quartiers d’habitat social, les parents entretiennent des rapports distants avec l’institution scolaire et échangent peu entre eux sur la scolarité et les loisirs des adolescents. Le « métier » de parent s’exerce alors dans la sphère intra-familiale, ce qui donne du poids à l’argument : « Tous les élèves de ma classe ont un téléphone portable », même si ce n’est pas la réalité. L’insistance du préadolescent est telle que, comme pour la nouvelle console de jeu au Noël précédent, ou pour la régulation de la télévision, les parents finissent par « craquer ».

De l’autre côté du boulevard, dans le quartier résidentiel, la socialisation parentale passe par des échanges réguliers autour de la scolarité, des loisirs et de la santé des enfants. Les parents fréquentant le même collège, les mêmes équipements sportifs ou culturels, finissent par tisser des liens amicaux. La question du téléphone portable s’évoque naturellement entre eux et ils finissent par définir une norme : pas de téléphone portable avant la 4e. Cette norme est peu remise en cause par les adolescents dès lors qu’elle est partagée par des familles qui possèdent le même capital culturel.

Pour des solutions territoriales

Depuis la rentrée 2013, nous avons mené une autre recherche qualitative, où nous avons étudié la dynamique des collèges connectés. La compensation des inégalités n’y est plus institutionnelle (par l’Éducation nationale, l’éducation populaire, l’animation ou le travail social), mais territoriale, les inégalités éducatives liées aux usages du numérique, importantes chez les adolescents, dépendant beaucoup du territoire dans lequel ils vivent. Bien que rarement perçus par les acteurs, ces processus de compensation sont clairement observables. Prenons quatre exemples.

Les établissements situés en zone rurale proposent plus de voyages scolaires, particulièrement à l’étranger, que les autres établissements. On assiste ainsi à une compensation territoriale d’une inégalité d’accès aux voyages, un projet de voyage scolaire s’organise avec une communauté comprenant les enseignants, les parents et les collectivités territoriales. Ces voyages peuvent aussi être l’occasion d’un développement important des usages des technologies numériques, en particulier des réseaux sociaux, pour garder le contact avec les familles.

L’inégalité d’accès à internet peut aussi faire l’objet d’une compensation territoriale : plusieurs collèges ruraux fournissent des clés 3G aux collégiens, le financement provenant des collectivités territoriales.

Autour des projets des collèges connectés se créent des réseaux de partenaires (parents d’élèves, associations socioculturelles, sociales ou numériques, collectivités territoriales, services déconcentrés de l’État, rectorat) qui développent des projets en commun à la fois numériques et éducatifs sur le territoire (comme le mouvement des Fab Lab6). La compensation des inégalités territoriales s’appuie ici sur un brassage des populations autour du projet « techno ».

Enfin, les « flottes » de tablettes mobiles des collèges connectés (financées par les collectivités territoriales, comme le wifi et le très haut débit) sortent régulièrement des collèges pour des animations éducatives.

Le « plan Hollande », un miroir aux tablettes

Après le programme « collèges connectés », le « grand plan numérique pour l’école de la République » annoncé par François Hollande à la rentrée 2014 risque de rompre avec la stratégie choisie en début de mandat pour « faire entrer l’école dans l’ère du numérique ». Dans un cadre participatif, la « refondation » engagée par Vincent Peillon avait remobilisé de nombreux acteurs (élus, chefs d’établissements, enseignants, animateurs, chercheurs…) en proposant une mise en réseau dynamique coordonnée par la direction du numérique pour l’éducation. Répondre aux enjeux de la « grande conversion numérique7 » en distribuant des tablettes tactiles aux élèves est un non-sens pédagogique, culturel, politique et citoyen.

Répondre aux enjeux de la « grande conversion numérique » en distribuant des tablettes tactiles aux élèves est un non-sens pédagogique, culturel, politique et citoyen.

Un non-sens pédagogique

L’institution scolaire doit répondre à trois questions fondamentales : comment utiliser le numérique pour mieux apprendre ? Comment apprendre le numérique (le code, l’informatique) ? Comment prendre en compte la société numérique comme nouveau contexte des apprentissages ? Ces questions renvoient à des organisations pédagogiques et des pratiques enseignantes très différentes, qu’on ne peut étayer avec un plan d’équipement systématique et simpliste, sauf à considérer le potentiel des tablettes comme « magique ».

Un non-sens culturel

Même dans les familles populaires, les élèves sont équipés de matériels performants, mobiles et connectés qu’ils apportent ou pourraient apporter à l’école et qu’ils utilisent en dehors. L’équipement personnel n’est pas le principal facteur des inégalités d’usages, les enquêtes le démontrent. Un plan numérique peut-il l’ignorer ? Il est essentiel de prendre en compte autant que possible ces équipements et de les compléter par d’autres, plus spécialisés, par exemple pour faciliter les activités collaboratives et les interactions entre élèves, tout en ayant le souci de mettre des matériels à la disposition des élèves qui n’en sont pas équipés à titre personnel.

Un non-sens politique

Quel est l’objectif de ce plan ? Faire, encore une fois, de l’Éducation nationale le client privilégié de l’industrie française ? Refonder l’école de la République sur des contenus (les programmes) et des pratiques (la pédagogie) du XXIe siècle ? La distribution d’ordinateurs portables ou de tablettes ne transforme pas l’école !

Nous avons étudié un collège connecté qui dispose de 120 tablettes tactiles réparties sur neuf « classes mobiles » (ou « flottes ») optimisées en fonction des enseignements et mises à la disposition de l’équipe pédagogique. Ces « flottes » restent au collège. Leur taux d’usage quotidien est proche de 100 % et le collège n’a déploré ni casse ni vol. Cette pratique pédagogique coopérative, par projet, pluridisciplinaire, est plébiscitée par les enseignants, les élèves et leurs parents. La classe mobile reconfigure l’espace scolaire et fait tomber les « murs de la classe ». La très grande majorité des enseignants ne sont pas réfractaires aux technologies dans la classe. Ils souhaitent une ouverture de l’école sur son territoire, une transformation de la pédagogie dans le sens d’un travail coopératif et pluridisciplinaire et, surtout, une lutte contre les inégalités éducatives accompagnée d’une vision politique cohérente et solide concernant le numérique à l’école.

Un non-sens citoyen

Quelle est la priorité absolue de l’école aujourd’hui ? Après les événements de janvier 2015, alors que nombre de voix appellent à une refondation de l’éducation prioritaire, de l’éducation spécialisée et de la politique de la Ville, commencer un « grand plan numérique pour l’école » par l’annonce d’un équipement, la tablette pour tous, relève d’un techno-messianisme usé par trente années de confrontation stérile entre l’industrie informatique et l’école. Il faut éviter une nouvelle distribution d’équipements et de manuels numérisés, sans modification des formats et des contenus, expérimentés et rejetés par les enseignants, les parents et les élèves des établissements déjà connectés. Rappelons les conseils de la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale qui, en 2007, proposait que sur 4 euros investis par l’État sur le numérique, un euro soit mis dans la formation des formateurs, un euro en services (d’accompagnement dans les établissements), un euro dans les contenus (logiciels éducatifs) et un euro seulement dans les équipements.

Pour les « zones sensibles », la plupart du temps périurbaines, comment redonner de l’espoir, de la réussite scolaire et du pouvoir d’agir aux jeunes en déshérence ? De nombreuses initiatives territoriales démontrent la pertinence des cultures numériques dans des processus d’empowerment des personnes et des territoires en difficulté (telles l’école inversée, la ludification des apprentissages, Transapi, les cartes subjectives, les Fab Labs solidaires, les chantiers-écoles multimédia…). Ce n’est pas d’un petit plan tablette mais d’un grand plan pour l’éducation prioritaire dont nous avons besoin. Un plan numérique où les écoles, les collèges et les lycées connectés de la République se situeraient prioritairement en zone urbaine sensible.



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1 Dans les Landes (2001), en Ille-et-Vilaine : Ordi 35 (2007), en Corrèze : Ordicollège 19, dans les Bouches-du-Rhône : Ordina 13 (2009), et à l’international, le programme « One laptop per child » initié par le Media Lab de l’Institut de technologie du Massachusetts en 2005.

2 P. Plantard (dir.), Pour en finir avec la fracture numérique, Éditions Fyp, 2011.

3 « We challenged the nation to make sure that our children will never be separated by a digital divide. »

4 Une équipe pluridisciplinaire issue de trois universités (Rennes, Caen, Angers) et du Centre d’études et de recherches sur les qualifications de Caen a mené une enquête quantitative sur 38 collèges publics et privés et une autre, qualitative, sur neuf sites.

5 Nous définissons les usages comme des ensembles de pratiques socialisées qui fondent de nouvelles normes autour desquelles se créent les sociabilités. Parler de pratiques « socialisées » renvoie donc à des questions de constructions collectives et à l’étude des processus d’appropriation des normes culturelles. Les processus d’appropriation du numérique traversent les imaginaires, les représentations et les pratiques pour se stabiliser, pour un temps, en normes d’usages que les adolescents apprennent les uns des autres. Un apprentissage complexe, mêlant à la fois la prise en main technique, le capital culturel, ainsi que le développement identitaire de l’adolescent.

6 Un « fab lab » (contraction de l’anglais « fabrication laboratory », « laboratoire de fabrication ») est un lieu ouvert au public où sont mis à disposition toutes sortes d’outils, notamment numériques, comme les imprimantes 3D, pour la conception et la réalisation d’objets.

7 Titre d’un ouvrage de l’historien Milad Doueihi (Seuil, 2008).


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