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Les élèves de 3e du lycée professionnel Victorine Magne, à Lisieux (Calvados), avaient un devoir à faire sur la Première Guerre mondiale1. Leur éducateur, Franck Leblond, responsable au lycée du projet tablettes numériques, eut l’idée de leur montrer l’émission C’est pas sorcier. « Après l’avoir vue sur leur tablette, tout était clair et beaucoup plus facile pour eux. »
Depuis la rentrée 2013, près de deux cents jeunes accueillis dans les internats éducatifs et scolaires des Apprentis d’Auteuil dans le Calvados, la Gironde et la Savoie bénéficient, à titre expérimental, de tablettes, grâce à un partenariat avec la Fondation Orange. L’objectif : mettre le numérique au service de leur réussite scolaire et de leur épanouissement.
Sans se substituer au papier et au stylo, les tablettes ont permis à un grand nombre d’enfants en difficulté – et pour certains, en risque de déscolarisation – de prendre confiance en leurs capacités et de raccrocher aux apprentissages. « Cela a débloqué certains jeunes par rapport au support papier, confirme Franck Leblond. La gestion de l’étude du soir est plus facile. Mon souci est de trouver les applications adaptées à leurs difficultés d’apprentissage. »
Jany Clastres, directrice d’une école primaire à Saint-Estèphe, en Gironde, ajoute : « Cet outil est très intéressant d’un point de vue pédagogique, car l’enseignement traditionnel ne touche pas forcément les enfants que nous accueillons. Avec un adulte à leurs côtés, ils peuvent s’en servir dès l’école maternelle pour progresser dans la maîtrise de la langue orale, au CP pour s’entendre lire, pour les plus grands, en conjugaison, dictées, etc., le mercredi, en lien avec les ateliers. L’utilisation est multiforme. »
Côté élèves, c’est l’unanimité. Petits et grands sont séduits par cet outil qu’ils maîtrisent en deux temps trois mouvements. Mickaël, 15 ans, élève en lycée professionnel, confirme : « Les tablettes, je n’imaginais pas qu’on pouvait s’en servir pour les études, maintenant, j’en suis persuadé. Je m’en sers en espagnol, en anglais, en français pour vérifier mon orthographe, et surtout en histoire où j’ai beaucoup progressé. C’est un plus pour nous aider à réussir. » « Les enfants s’en sont tout de suite emparés, souligne Stéphane Nouvel, directeur du collège et de l’internat Saint-Paul, en Savoie. Ils ont découvert qu’un iPad pouvait servir à autre chose qu’à jouer. En termes de résultats, c’est énorme : vous rejoignez les jeunes dans leur réalité. Nous avons également remarqué que cet outil était bien adapté aux jeunes présentant des ‘dys’ [dysphasie, dyslexie, dysgraphie, dyspraxie… ]. »
L’introduction de tablettes, accompagnée d’une formation des adultes, a aussi conduit les équipes pédagogiques et éducatives à travailler davantage ensemble, comme le souligne Thierry Campos, le directeur du lycée professionnel et de l’internat Victorine Magne : « C’était un axe de notre travail. Les tablettes ont été particulièrement utilisées en cours d’anglais et pour le brevet. » « C’est une vraie force pour le travail en collaboration, renchérit Stéphane Nouvel. Au départ, nous les avions réservées aux 6e, pour bien démarrer au collège, et nous les avons étendues aux 3e. Cela a été très bénéfique pour la préparation au brevet. »
Une première évaluation a mis en lumière les atouts pour les professionnels (renforcement des échanges entre enseignants et éducateurs autour de la scolarité des jeunes, du contenu des cours, de l’accompagnement du temps d’études, des activités extrascolaires…). Chez les jeunes, outre l’enthousiasme suscité par cet outil, les équipes ont remarqué l’effet bénéfique des tablettes qui semble favoriser le calme et la concentration.
Pour la deuxième rentrée avec les tablettes, le projet s’affine. Le collège Saint-Paul aimerait que les 5e puissent continuer à en bénéficier. Du côté de Lisieux, l’expérimentation se poursuit à la fois à l’internat et au lycée. L’école maternelle cherche à rendre cet outil plus collectif. À suivre.
1 Cet article a été publié sous le titre « Les tablettes numériques s’invitent à l’internat » dans le magazine À l’écoute, édité par Apprentis d’Auteuil.