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Au fondement matériel de la démocratie

© Photothèque du Parlement européen
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Les crises écologiques et énergétiques interrogent les conditions d’existence matérielles de la démocratie, qui s’est longtemps perçue comme extérieure à la nature. Ces crises, cumulées avec les enjeux sociaux, obligent la démocratie à reformuler son projet politique, dans un délai de plus en plus réduit.

Les crises environnementales éclairent de manière inédite la profondeur des rapports entre milieux humains et milieux naturels, au point d’interroger les conditions mêmes de la poursuite du projet démocratique tel qu’il s’est institué depuis plusieurs siècles. La démocratie n’est pas simplement un mode d’organisation politique de la société basé sur l’idéalisation des valeurs fondatrices (voir encadré). C’est aussi un régime politique qui a élaboré un rapport spécifique avec son environnement naturel.

Une certaine conception de la démocratie
Ce que nous avons pris coutume de nommer démocratie est en fait la démocratie représentative. Ce produit original d’une histoire occidentale récente conjugue trois dimensions :
- des références mobilisatrices : le primat de la volonté du peuple, la conciliation entre égalité et liberté, le pluralisme des opinions, la légitimité reconnue au citoyen de s’intéresser aux affaires de la Cité ;
- un ensemble de dispositions procédurales : le vote au suffrage universel pour désigner des gouvernants à intervalles réguliers, l’importance accordée au débat d’idées et à la forclusion de la violence dans la compétition, la plausibilité de l’alternance ;
- des institutions garantissant la séparation des pouvoirs, la prise en charge partisane des opinions et l’État de droit.
La démocratie est donc ce régime politique qui entend porter un projet collectif au service d’un développement collectif, dans lequel chaque individu aurait la possibilité – et de plus en plus le droit – de s’épanouir. Le projet démocratique devrait ainsi être capable de répondre, de manière plus ou moins satisfaisante, à l’émergence d’enjeux nouveaux et puissants (sociétés multiculturelles, mondialisation, bioéthique, etc.), pour s’en nourrir et se transformer. Or la conjoncture actuelle, inédite, voit ce modèle historique remis en cause.

La démocratie et son assise matérielle

La démocratie s’est épanouie à partir d’une volonté explicite : créer les conditions d’une autonomie des individus vis-à-vis des contraintes naturelles. Elle s’est construite sur la promotion de l’idéal d’égalité, qui conditionne l’affirmation des droits de l’individu. Désormais, il est possible de choisir son destin. Mais elle n’a pu réaliser ce projet qu’en domestiquant la nature, en l’organisant, en la valorisant au profit du développement humain ; il fallait pouvoir satisfaire les besoins des hommes et ensuite satisfaire leurs désirs. La moindre parcelle de terre a ainsi été conquise (on songe à la colonisation, cette extension du sol d’une nation) pour capter les richesses du sol et du sous-sol. Cette conquête a structuré l’organisation politique de la démocratie.

Ce lien entre un modèle démocratique et son assise matérielle est essentiel. Un regard historique sur la disparition de différentes civilisations montre combien les systèmes politiques ont pu continuer à exister, parfois longuement, alors qu’ils étaient confrontés à une crise écologique ample et multiforme. Mais dès lors que la ressource vient à faire défaut, c’est toute l’organisation matérielle de la démocratie qui est interrogée. Et, par voie de conséquence, la possibilité de continuer son projet de croissance continue.

Nous atteignons aujourd’hui – en fait depuis plus de quarante ans – l’âge de la saturation : l’excès d’exploitation, l’excès d’innovation technique sans contrôle démocratique… Or il faut désormais nous rendre à cette évidence triviale : la démocratie n’existe qu’en raison des interactions entre monde vivant et sociétés humaines. On ne peut négliger la dimension anthropogénique des crises de l’environnement, en tant que crises du rapport politique au vivant, objet de politiques et de décisions collectives. Comment faire entrer en résonance la lutte des classes – et aujourd’hui la lutte des places – avec la fonte des glaces ? Comment faire coïncider un projet politique collectif sans finalité réelle (compétition, accélération, hiérarchisation, etc.) avec une perception de la finitude ?

Crise énergétique
et projet démocratique

L’énergie matérialise un idéal politique : l’égalité dans l’accès à la consommation généralisée et permanente. Il s’agit bien de la traduction in concreto d’un projet d’émancipation des individus (liberté, égalité) qui exige l’exploitation massive des ressources naturelles.

La démocratie s’est ainsi appuyée sur un travail de maîtrise et d’optimisation de la puissance énergétique. Un projet adossé aux valeurs des Lumières : le positivisme scientifique, l’éloge de la raison, le mythe du progrès continu pour tous… Ce dernier a ceci de séduisant qu’il libère l’homme en répondant à ses besoins. Dans cette perspective se construit un projet industriel destiné à rendre accessible à tous cette énergie. Un projet qui, en effet, a su développer une puissance technique sans égale.

Cette logique atteint aujourd’hui une limite importante, avec des seuils d’irréversibilité qui conduisent à la disparition de la ressource. Selon le rapport de 2010 de l’Agence internationale de l’énergie, la production mondiale de pétrole conventionnel a atteint son maximum (son pic) en 2006, avant d’entamer un déclin progressif. Ce phénomène de la déplétion pétrolière n’est que faiblement compensé par les pétroles non-conventionnels. Le pic pétrolier marque une limite matérielle à la disponibilité énergétique. Il ne signifie pas la fin du pétrole, mais la fin d’un pétrole abondant et bon marché. Dans un contexte où la demande mondiale continue d’augmenter, cette limite risque de se traduire par des hausses de prix, des ruptures d’approvisionnement et des pénuries. Mathilde Szuba montre bien comment notre dépendance à l’égard de cette ressource (omniprésente dans notre système énergétique, mais aussi dans nos capacités de production alimentaire, pour notre mobilité, nos communications, notre santé, etc.) doit nous inciter à mettre en place des politiques publiques innovantes, construites à partir de la contrainte matérielle (le stock fini de ressources disponibles)1.

La crise énergétique contredit l’idée selon laquelle les progrès techniques permettront de repousser perpétuellement les limites économiques et énergétiques.

Jusqu’ici, les conséquences de la crise énergétique pouvaient apparaître comme de simples nuisances, des dysfonctionnements que nous pouvions, avec un peu d’efforts techniques, toujours maîtriser. C’est l’orientation prise par les programmes politiques consistant à redéployer l’efficacité énergétique2. Mais la crise énergétique mobilise l’idée de finitude, qui implique l’existence de limites à la croissance, tant économiques qu’énergétiques, et qui contredit l’idée selon laquelle les progrès techniques permettront de perpétuellement repousser ces limites. Elle est aussi une crise culturelle, née de notre impossibilité à faire coïncider notre perception objective de la situation écologique (dégradation, seuils, irréversibilité, etc.) avec une transformation de nos comportements.

Comment adapter notre démocratie à ces limites ? La réponse procédurale ne saurait suffire. Certes, la rhétorique participative peut permettre de mieux entendre ceux qui seront les premiers concernés par les effets de cette crise. Mais permettra-t-elle vraiment de formuler un projet démocratique à la hauteur des contraintes environnementales ? S’il faut, bien évidemment, se soucier des conditions permettant l’accès de tous à l’énergie, il faut aussi s’interroger sur notre capacité collective à renégocier notre dépendance à la ressource3. Dès la fin des années 1960, le penseur Ivan Illich mettait en évidence ce constat : nous ne connaissons pas une crise de l’énergie, mais une crise de notre « besoin » d’énergie4.

La démocratie gagnerait ainsi à ne pas chercher seulement l’extension des frontières de la citoyenneté, mais à inclure dans le débat politique les conditions permettant de maintenir l’existence du débat démocratique. Au-delà des procédures, il s’agit de mieux prendre en considération le contexte effectif de la délibération : un cadre matériel qui permet l’existence et l’effectivité de ces processus. La crise nous amènera à faire des choix, à bousculer les processus habituels, à innover dans les modes de décision (gouvernance) et dans les orientations des politiques publiques (équité, rationnement…).

Perspectives démocratiques

Ce diagnostic invite à tracer trois perspectives pour adapter la démocratie aux défis de la transition.

De la redistribution à la sobriété

À l’inverse des enjeux essentiellement techniques que soulèvent l’efficacité et les énergies renouvelables (les deux piliers des politiques qui structurent la transition énergétique), la sobriété interroge directement l’organisation des sociétés modernes en critiquant leur dépendance à l’abondance énergétique.

Le pic pétrolier global et le pic des ressources contribuent à dessiner un cadre matérialiste qui donne du sens à la notion de sobriété, et sans lequel celle-ci tend souvent à se diluer jusqu’à perdre toute valeur opérationnelle. Le pic pétrolier doit cependant être compris comme un processus, déjà en cours, de renchérissement énergétique présentant un fort potentiel de déstabilisation économique. Sa première conséquence est un accroissement de la précarité énergétique, qui peut être comprise comme une répartition inéquitable des efforts de sobriété : le basculement de populations parmi les plus fragiles dans une situation de sobriété purement contrainte, sans possibilité de négociation. Mais, à terme, se pose aussi la question de la raréfaction de l’énergie effectivement disponible. C’est cette reconnaissance d’une finitude matérielle, la finitude énergétique, qui a motivé des réflexions et des pratiques expérimentales liées à la sobriété5.

La sobriété pourrait alors être définie comme un processus volontaire de négociation sociale pour réduire les consommations d’énergie, mais ce processus ne saurait être compris indépendamment du contexte global subi de contraction énergétique et économique qui s’impose aux acteurs. Dès lors, il n’a de sens que s’il s’accompagne d’une réflexion proprement politique sur les conditions d’un partage équitable de la ressource.

Délibérer en fonction de la contraction de la ressource

Nous vivons un retour de la nature. La modernité est appelée à interroger ses valeurs – pour l’essentiel inchangées depuis quelques siècles – et à instaurer un dialogue inédit avec ce réel qu’elle a contribué à profondément modifier6. L’énergie s’immisce dans la sphère privée : elle touche les formes de l’alimentation, de la respiration, de la sexualité, bref, à l’intime. Le risque naturel – issu de l’action humaine – met à mal la frontière entre public et privé, laborieusement élaborée depuis des décennies, et invite à définir une frontière de la souveraineté de l’individu comme du rôle de l’État7.

Le mouvement des villes en transition est porteur, depuis 2005, d’une réflexion sur les implications territoriales de la contraction énergétique et économique qui s’annonce après le pic des ressources8. Le principe de sobriété pourrait s’articuler avec les relocalisations économiques dans un contexte de renchérissement et de raréfaction des énergies fossiles. Cela suppose des méthodes d’animation politique pour accompagner l’émergence d’une culture locale de l’après-pétrole. La municipalité de Bristol (Royaume-Uni) a ainsi évalué sa vulnérabilité à d’éventuelles ruptures d’approvisionnement avant de rédiger collectivement des plans locaux de descente énergétique9.

Comment rendre plus perceptible le rôle d’éventuelles politiques locales de sobriété pour accroître la résilience territoriale aux chocs énergétiques et limiter l’accroissement des inégalités liées aux ressources ? Le principal obstacle semble être la réticence des acteurs institutionnels eux-mêmes à s’inscrire dans ce cadre théorique, à assumer un projet politique cohérent et volontariste allant au-delà du simple discours et jusqu’à en assumer les conséquences matérielles : une renégociation radicale de notre rapport collectif à l’énergie, en rupture avec l’imaginaire d’abondance, de confort et de disponibilité qui domine le projet démocratique moderne. La priorité donnée à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables entretient l’idée que des aménagements techniques permettront de remettre à plus tard cette renégociation potentiellement douloureuse10. Elle conforte un imaginaire de la disponibilité énergétique (potentiellement infinie) dans lequel l’idée de sobriété ne peut guère avoir de sens collectif11. Au mieux, les discours en appellent à la modération, reprenant la rhétorique des « petits gestes ».

Tenir compte du temps qui reste

Or le temps compte. Les pressions anthropiques sur les ressources se font, mondialement, de plus en plus importantes. L’urgence est un terme constamment employé. Et l’on se demande comment l’agenda politique peut bien faire face à toutes ces urgences. Pourtant, les dispositifs adoptés par les gouvernants (du développement durable à la géo-ingénierie, en passant par la croissance verte) supposent que nous disposions d’une durée suffisante pour adapter notre représentation du futur aux contraintes de plus en plus actuelles de l’urgence écologique. La durée représente cette croyance d’une continuité dans la capacité des acteurs politiques à négocier le cadre et les finalités de la production du politique.

Mais c’est aussi le cas pour les cadres théoriques utilisés le plus souvent pour concilier l’urgence démocratique et la réorganisation du modèle de la décision publique (de Bruno Latour à Dominique Bourg12). Nous avons tendance à imaginer une conciliation entre cet impératif de l’urgence et de l’action par la modification substantielle des procédures décisionnelles (participation, etc.). Or les temporalités imposées par l’urgence écologique sont-elles bien compatibles avec celles issues des pratiques démocratiques, et avec les cadres théoriques proposés pour faire évoluer ces pratiques ? Cette question oblige à dépasser les intentions louables de la théorie politique pour ancrer le débat dans la matérialité imposée par les contraintes écologiques. Elle oblige à subordonner la politique au respect des normes de reproduction de la biosphère et à construire des pratiques politiques qui accompagnent cette dernière. Quel en sera l’impact sur les procédures représentatives, dans les régimes démocratiques, en considérant que les temps de débat seront matériellement contraints ? Cela peut prendre la forme de ce que nous appelons une « contraction démocratique13», c’est-à-dire d’une rétraction du projet démocratique (comme idéal de constitution de l’autonomie du sujet) au profit d’une réaffirmation de ses pratiques procédurales.

Nous sommes entrés dans la période du délai. Le délai représente le prolongement de l’idée de finitude et de l’idée d’irréversibilité des seuils que nos sociétés ont atteints. Hiroshima et Nagasaki ont marqué une rupture historique qui nous a fait accéder définitivement à ce qu’Anders appelle le « temps de la fin », « cette époque où nous pouvons chaque jour provoquer la fin du monde » et où « ‘définitivement’ signifie que le temps qui nous reste est pour toujours le ‘temps de la fin’ : il ne peut plus être relayé par un autre temps mais seulement par la fin14. » La durée devient obsolète.

Le délai suppose que l’urgence finira par nous imposer des situations non négociables. À l’inverse, l’hypothèse de la durée induit que l’on peut toujours différer l’urgence, que l’on pourra toujours développer une nouvelle solution. Le délai mobilise une vision catastrophiste – où tout au moins alarmiste – de la politique. Une telle perspective oblige à renégocier l’ordre des priorités du projet politique : quelles sont les valeurs fondamentales à préserver, non seulement pour permettre aux générations futures d’exister, mais pour leur permettre de rester fidèles aux idéaux démocratiques ?

À lire dans la question en débat
« Aura-t-on l’énergie d’une transition juste ? »

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1 Mathilde Szuba, « Gouverner dans un monde fini. Des limites globales au rationnement individuel, sociologie environnementale du projet britannique de politique de Carte carbone (1996-2010) », thèse de sociologie, Paris 1, 5 décembre 2014.

2 Dans le Nord-Pas-de-Calais, l’effort de recherche porté au niveau régional sur la sobriété a été court-circuité par la mise à l’agenda de la notion de « troisième révolution industrielle » sous l’impulsion du prospectiviste états-unien Jeremy Rifkin (La troisième révolution industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde, Les liens qui libèrent, 2012). L’imaginaire de la « troisième révolution industrielle », technicien et industrialiste, coexiste difficilement avec celui de la finitude et du délai qui donne sens à la notion de sobriété. Ainsi, bien que le terme « sobriété » soit ponctuellement mobilisé dans le discours institutionnel sur la « troisième révolution industrielle », il n’en constitue pas un axe structurant. Au contraire, ce discours persiste à envisager l’existence de solutions techniques qui permettraient une adaptation indolore à la finitude, sans questionnement significatif du confort énergétique.

3 Richard Heinberg, Pétrole : la fête est finie ! Avenir des sociétés industrielles après le pic pétrolier, Éd. Demi-lune, 2008.

4 Ivan Illich, Énergie et équité, Seuil, 1973.

5 M. Szuba, « Régimes de justice énergétique », dans Agnès Sinaï (dir.), Penser la décroissance. Politiques de l’Anthropocène, Presses de Sciences Po, 2013, pp. 119-137.

6 Jusqu’à la Renaissance, il n’y a pas d’opposition entre nature et culture. La nature est une réalité qui englobe à la fois le microcosme et le macrocosme. L’homme peut donc agir de l’extérieur sur le microcosme, il n’échappe pas au macrocosme. Le corps humain témoigne de cette continuité de situation entre une nature qui prolonge ce corps et un esprit qui peut se représenter ce corps. L’ordre politique moderne va construire une acceptation sociale de la hiérarchisation entre nature et culture. J. Ehrard revient sur la lente reformulation de l’idée de nature par les théoriciens des Lumières. D’esthétique, elle devient mécanique. D’irrationnelle (teintée d’esprit religieux), elle devient matérialiste (cf. Jean Ehrard, L’idée de nature en France à l’aube des Lumières, Flammarion, 1970).

7 L’approche de Michel Foucault tente de déceler les influences multiples que le pouvoir, décentré, omniprésent, exerce sur les corps et leurs représentations sociales ou intellectuelles.

8 Luc Semal, « Militer à l’ombre des catastrophes. Contribution à une théorie politique environnementale au prisme des mobilisations de la décroissance et de la transition », thèse de science politique, Lille 2, 2012. Claire Wiliquet, « Villes en transition : vers une économie conviviale », Revue-Projet.com, 01/12/2011 [NDLR].

9 Programme choisi par des villes en transition pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et leur dépendance au pétrole à l’horizon 2030 [NDLR].

10 Marie-Christine Zélem, Politiques de maîtrise de la demande d’énergie et résistances au changement. Une approche socio-anthropologique, L’Harmattan, 2010.

11 Alain Gras, Fragilité de la puissance. Se libérer de l’emprise technologique, Fayard, 2003.

12 Dominique Bourg et Kerry Whiteside, Vers une démocratie écologique. Le citoyen, le savant et le politique, Seuil, 2010.

13 B. Villalba, « L’écologie politique face au délai et à la contraction démocratique », dans Écologie et politique, n° 40, 2010, pp. 95-113.

14 Günther Anders, Le temps de la fin, L’Herne, 2007, p. 116.


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