Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Religions et politique entretiennent des rapports ambivalents. D’un côté, les religions servent de support identitaire et de réservoir de sens, souvent inspirants pour le politique. D’un autre côté, elles sont aussi des facteurs de résistance face aux pouvoirs oppressifs ou totalitaires. Elles contribuent, par leur message et leur pratique, à démasquer les fausses idoles et à affronter la violence, à viser une réconciliation. Cette troisième partie explore ce paradoxe d’une religion à la fois utopie mobilisatrice et force critique radicale, fécondante et pourtant distincte de l’histoire des hommes.
La révolution iranienne souligne un tel paradoxe lorsque Michel Foucault parle d’une « spiritualité politique » : à la fois pouvoir de dire « non » au despote, façonnant une volonté collective, et phénomène d’irruption, déchirure de l’histoire, qui ne peut s’institutionnaliser sans dérive ni récupération. Les soulèvements qui supposent de risquer sa vie – on songe aussi à la Pologne –, seraient-ils forcément religieux ?
Dans un autre registre, il est étonnant de voir le concept religieux de pardon pénétrer aujourd’hui le champ politique : commissions de réconciliation, gestes de repentance, devoir de mémoire… Mais peut-on transformer en vertu politique ce qui, dans le dépassement des conflits, est d’abord expérience, innovation, renaissance ?
Dernier lieu d’étude : la situation en France. Actes antisémites, occupations d’Eglise, réactions hostiles à l’installation de mosquées… : comment les pouvoirs publics et les communautés religieuses réagissent-ils à ces tensions où sont présents des éléments religieux ?