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En novembre 2022, une myriade de manifestations a éclaté en Chine, dénonçant notamment la politique zéro Covid. Si celle-ci a finalement été abandonnée, les suites de ces mouvements citoyens restent difficiles à anticiper.
Les mouvements de protestation en Chine ne sont pas chose nouvelle. Il y aurait eu, par exemple, 801 grèves du travail en 2020, 1 093 en 2021. Les protestations de novembre 2022 s’inscrivent donc dans la continuité de ces contestations passées, aussi fragiles et éphémères soient-elles. Elles s’en distinguent aussi, pour deux raisons au moins.
D’une part, les manifestations qui ponctuent la fin de l’année 2022, si elles s’organisent autour d’une pluralité de griefs, sont constitutives d’une expérience commune. D’autre part, ces protestations font entendre des critiques directes à l’encontre du gouvernement et du Parti, jusqu’ici peu audibles sur la place publique de la part de membres « ordinaires » de la population.
On le sait, peu après le premier cas de Covid-19 officiellement déclaré à Wuhan, le 27 décembre 2019, le gouvernement chinois a adopté une politique de confinement dans plusieurs villes : Wuhan bien sûr, mais aussi Huanggang, Ezhou, Shanghai ou Pékin. Si une cérémonie est organisée en septembre 2020 pour annoncer la fin officielle de l’épidémie, ces confinements ne disparaissent pas complètement. Ils se multiplient même à partir du début de l’année 2022, avec l’irruption du variant Omicron.
Les confinements successifs apparaissent comme contre-productifs au vu du but visé : protéger les habitants.
Le printemps 2022 est ainsi ponctué de mouvements protestataires contre les modalités et les effets de ces confinements dans des villes comme Xi’an ou Wuhan. Ces mouvements acquièrent une visibilité nouvelle lors du confinement de deux mois imposé à partir d’avril 2022 à Shanghai, ville emblématique de la modernisation chinoise.
Des habitants filment alors avec leur téléphone le recours à la violence de ceux chargés de mettre en œuvre le confinement ; ils témoignent de leur impuissance
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