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Dossier : Par les yeux des femmes, l’exil

Migrations haïtiennes Import du soin

Femme exilée au CADA de Béziers. © Nathalie Bardou
Femme exilée au CADA de Béziers. © Nathalie Bardou

Les migrantes du pays réputé le plus pauvre du monde suppléent de plus en plus aux failles du soin dans l’hémisphère nord. Une voie « toute tracée » vers la domesticité, conséquence de la mondialisation et d’une cynique logique d’import-export.


Les femmes haïtiennes rencontrées à Paris se confient dès les premières conversations sur leurs difficultés d’insertion dans le marché de l’emploi et leur confinement à un travail peu valorisé, indépendamment de leur parcours au pays d’origine.

Elles officient dans le service domestique, y compris le care (soin, prise en charge de la personne), deviennent baby-sitter, femme de ménage, nounou, assistante maternelle, femme de chambre, agente polyvalente en maison de retraite, assistante de vie ou encore aide à domicile.

Pourquoi insistent-elles autant sur leur déclassement et moins sur leurs gains et inventions – ces « trouvailles accumulées », décrites par Liane Mozère1 ? Et force est de constater que ces femmes insistent fièrement sur ce qu’elles ont pu être ou faire en Haïti.

L’approche clinique, qui suppose d’analyser les rapports sociaux au plus près du vécu individuel, permet d’approfondir certains processus à l’œuvre dans ce déclassement, notamment le passage d’une place plutôt privilégiée dans un « petit » pays à une place « de rien du tout » dans un « grand » pays. Vaut-il mieux être la queue d’un lion ou la tête d’une souris ?

Entre deux classes

Ces femmes ne comptaient ni parmi les plus pauvres en Haïti – sinon elles n’auraient pas eu accès à la migration, encore moins vers la France – ni parmi les catégories sociales les plus élevées – car elles ne migreraient pas et ne deviendraient pas travailleuses domestiques. Ce statut intermédiaire est difficilement saisissable dans l’expression commune « femmes migrantes pauvres et racisées du Sud » qui occulte in fine cet aspect du déclassement social.

Par ailleurs, comment oser parler de déclassement quand les images véhiculées

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