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Appliquer le principe d’une sécurité sociale au domaine de l’alimentation est l’horizon pour lequel plaident Laura Petersell et Kévin Certenais dans un récent ouvrage. Une révolution qui n’irait pas sans remise à plat de la filière.
Comment vos activités respectives vous ont-elles amenés à cette thématique de la sécurité sociale de l’alimentation ?
Kévin Certenais – Je travaille dans la production, la transformation et la distribution au sein d’une cantine associative nommée « Le plat de résistance ». Nous sommes situés dans une ferme à Combrand, dans le nord des Deux-Sèvres. Je suis l’animateur de cette cantine, approvisionnée pour partie par la ferme et, surtout, par d’autres paysans et paysannes des environs. Je suis donc de plain-pied dans le sujet.
Laura Petersell – Je suis membre, comme Kévin, de l’association Réseau salariat. C’est par ce biais que j’ai abordé ce sujet, que je ne connaissais pas du tout. Je n’avais jusqu’alors jamais envisagé l’alimentation comme un sujet politique, ce qu’il est, à l’évidence. Le thème de l’alimentation parle à tout le monde et mobilise beaucoup d’imaginaires, pas toujours positifs. L’alimentation est aussi affaire d’exploitation. Tout comme l’accès au « bien manger » peut passer pour une forme d’injonction mal venue envers des populations qui n’en ont pas les moyens.
La sécurité sociale de l’alimentation fait-elle déjà l’objet d’expérimentations ? Quel en est le principe ?
KC – On peut citer des exemples comme la Scop Ti, une société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions, ou La Belle Aude, une coopérative de glaces artisanales. Dans les deux cas, des salariés et salariées se sont organisés en coopérative afin de se réapproprier leur outil de travail. Quand on parle agriculture et alimentation, on évoque trop souvent la production d’un côté et la consommation de l’autre. Or il est nécessaire de s’interroger sur l’ensemble de la filière, même en circuit bio et local. N’importe quel pro
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