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La crise actuelle rappelle de près les précédentes, avec une hausse des prix de l’énergie répercutée sur les denrées alimentaires. Pourtant, des solutions de régulation existent.
L’actuelle flambée des prix alimentaires se compare-t-elle à celles de 2007-2008 et 2010-2011 ?Qu’a-t-on retenu des crises précédentes ?
Olivier De Schutter – Il y a des analogies fortes avec la période 2007-2008. La très nette augmentation des cours du pétrole explique en grande partie la crise de cette époque. Le baril de brut était coté à 130 dollars US en avril 2008. On assiste au même phénomène aujourd’hui. Cette augmentation renchérit le coût de la production agricole, car une agriculture industrialisée mobilise beaucoup d’énergie. En outre, elle a pour conséquence de limiter les capacités d’augmentation de la production en réaction aux hausses de prix : il est difficile de stimuler rapidement la production si les prix des engrais azotés sont élevés. Enfin, la présence de liquidités importantes peut conduire à des phénomènes spéculatifs, à l’émergence de « bulles » sur les marchés des produits agricoles, aujourd’hui comme hier.
Cela ne signifie pas que nous n’avons rien appris en une décennie. À la demande du G20, l’OCDE et la FAO1 ont mis sur pied un système d’information améliorant la transparence sur les marchés agricoles et limitant en principe la spéculation : le Agricultural Market Information System (AMIS). La principale lacune de ce dispositif, c’est que les opérateurs privés ne participent pas au regroupement de ces informations, que ne fournissent que les États. Néanmoins, c’est un outil utile, qui constitue une amélioration notable.
Franck Galtier – La crise actuelle, comme celles de 2008 et 2010, se produit sur les marchés internationaux. Elle concerne de nombreux produits alimentaires, notamment les céréales et les huiles végétales, comme précédemment. À la veille de la guerre en Ukraine, l’ordre de grandeu
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