Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Plaidoyer à Frontex pour les droits des migrants


Quel rôle joue le forum consultatif sur les droits fondamentaux au sein de Frontex, l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures de l’Union européenne (UE) ? La gestion de la sécurité aux frontières de l’Europe ne saurait se faire à l’abri des regards de la société ! Interception, renvoi de force, morts par noyade… : telle est la triste réalité à laquelle sont confrontés de nombreux réfugiés qui tentent de venir en Europe à la recherche de protection. Dans les pays de transit, les plus vulnérables d’entre eux ne bénéficient d’aucune protection.

C’est sur cet arrière-fond que les ONG, et parmi elles JRS (Service jésuite des réfugiés), se sont mobilisées par une action de plaidoyer. Dans leurs déclarations ou à l’occasion d’événements médiatiques, elles invitent les réfugiés à témoigner de ce qu’ils ont enduré. Elles font pression sur Frontex et sur les décideurs européens pour s’assurer que les opérations transfrontalières soient ouvertes à l’examen du public et pour garantir la protection des droits des migrants. Depuis 2011, l’agence a ainsi été tenue d’élaborer une stratégie pour le respect des droits, de nommer un chargé des droits fondamentaux et de mettre en place un forum consultatif.

Ce forum s’est réuni pour la première fois à Varsovie, en octobre 2012. À côté d’autres agences de l’Union européenne et d’instances internationales (Conseil de l’Europe, Organisation internationale pour les migrations, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), il réunit neuf organisations1 auxquelles il permet d’unir leurs forces, mais aussi de nouer des liens avec des organismes européens ou gouvernementaux. Cette coopération est importante pour faire de la protection des droits des migrants une priorité pour Frontex, comme pour les agences frontalières nationales. Les contacts avec les décideurs favorisent leur sensibilisation. Naturellement, le forum consultatif travaille en étroite collaboration avec la chargée des droits fondamentaux.

Pour autant, le forum n’est pas un organe de décision : il ne peut faire que des recommandations. Il n’est pas habilité à modifier la répartition des responsabilités, peu claire et non transparente, entre l’agence et les polices des frontières des États. Et les autorités nationales, réticentes à son égard, ne lui donnent pas accès à toutes les informations nécessaires. Le travail du forum est surtout axé sur la pratique. Au-delà des principes généraux, il s’agit d’élaborer des normes et des mécanismes très concrets. Ainsi, au sein d’un code de conduite pour les gardes-frontières et les agents participant à des opérations conjointes de retour, les ONG ont pu faire insérer des garanties pour le respect des droits des personnes rapatriées.

Finalement, si la création de ce forum a permis de travailler en détail sur les problèmes et la situation des migrants aux frontières extérieures, il reste loin d’être le lieu d’élaboration d’une alternative à la politique de contrôle de l’UE, qui reste l’apanage du Parlement européen et du Conseil.



J'achète Le numéro !
Migrations : quelle autre politique pour l'Europe ?
Je m'abonne dès 3.90 € / mois
Abonnez vous pour avoir accès au numéro
Les plus lus

Les Marocains dans le monde

En ce qui concerne les Marocains, peut-on parler de diaspora ?On assiste à une mondialisation de plus en plus importante de la migration marocaine. On compte plus de 1,8 million de Marocains inscrits dans des consulats à l’étranger. Ils résident tout d’abord dans les pays autrefois liés avec le Maroc par des accords de main-d’œuvre (la France, la Belgique, les Pays-Bas), mais désormais aussi, dans les pays pétroliers, dans les nouveaux pays d’immigration de la façade méditerranéenne (Italie et ...

L’homme et Dieu face à la violence dans la Bible

Faut-il expurger la Bible ou y lire l'histoire d'une Alliance qui ne passe pas à côté de la violence des hommes ? Les chrétiens sont souvent gênés par les pages violentes des deux Testaments de la Bible. Regardons la Bible telle qu’elle est : un livre à l’image de la vie, plein de contradictions et d’inconséquences, d’avancées et de reflux, plein de violence aussi, qui semble prendre un malin plaisir à multiplier les images de Dieu, sans craindre de le mêler à la violence des...

Aux origines du patriarcat

On entend parfois que le patriarcat serait né au Néolithique, près de 5 000 ans avant notre ère. Avant cela, les femmes auraient été libres et puissantes. Les données archéologiques mettent en doute cette théorie. De très nombreux auteurs, de ce siècle comme des précédents, attribuent la domination des hommes sur les femmes à l’essor de l’agriculture, lors du Néolithique. Cette idée est largement reprise dans les médias, qui p...

Du même dossier

Exfiltrer les sans-papiers : quand le Maroc tient tête à l’Europe

Pour mener à bien sa politique d’expulsion, l’Europe veut s’appuyer sur ses voisins méditerranéens. Par quel moyen ? Des accords de réadmission. Le Maroc, soucieux du coût de la mesure et de sa réputation en Afrique, résiste. Une stratégie rentable, jusqu’ici. Les accords communautaires de réadmission se définissent comme « des conventions internationales conclues entre l’Union européenne (UE) et des États tiers en vue de fixer les conditions dans lesquelles doit être réalisé le retour des perso...

Migrations : un manque de cohérence politique

Il y a un an, la Revue Projet posait la question : « Migrations : quelle autre politique pour l’Europe ? ». Le 8 octobre 2013, suite au drame de Lampedusa, la Revue Projet et ses partenaires, le CCFD-Terre Solidaire et le Service jésuite aux réfugiés interpellaient ouvertement le gouvernement français et la Commission européenne. Nous avons demandé à Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste des migrations, d’analyser leurs réponses. Il y a quelques jours, une embarcation de migrants coulait au la...

Gouvernance mondiale des migrations, une graine d’espoir ?

Taboues au sein des instances internationales, les migrations sont de fait régies par la loi du plus fort. Depuis quelques années, le Forum mondial sur la migration et le développement rassemble acteurs de la société civile et représentants des pays d’émigration et d’immigration pour envisager les règles communes d’une gouvernance mondiale des migrations. À la différence d’autres enjeux mondiaux (santé, commerce, alimentation ou environnement), on ne parle pas des migrations dans les grandes enc...

1 Amnesty international, Caritas Europa, Commission des Églises auprès des migrants en Europe, Conseil européen pour les réfugiés et les exilés, Commission internationale catholique pour la migration, Commission internationale de juristes, JRS-Europe, Plate-forme pour la coopération internationale sur les sans-papiers, la Croix-Rouge Europe.


Vous devez être connecté pour commenter cet article
Aucun commentaire, soyez le premier à réagir !
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules