Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Valeurs remises en cause, peurs plus ou moins conscientes, l’ouverture à la différence bouleverse nos repères. Pourtant, la mixité, comme rencontre de populations et de traditions, et comme mélange fécond qui résulte de cette rencontre, apparaît souvent idéale. Et l’histoire, la tradition universaliste, l’expérience de certaines communautés peuvent confirmer que la mixité nous fait bouger, plutôt dans la bonne direction.
Christophe Colomb est l’archétype de l’utopiste qui voyait dans la rencontre des Indiens le début d’une ère nouvelle pour l’humanité. Cinq siècles après cette aventure coloniale, la violence est toujours possible, si nous ne sortons pas des illusions du conquistador. Mais la mixité signifie-t-elle aujourd’hui la fin de l’altérité, l’invasion du monde dans notre quotidien, sinon l’impérialisme du marché : y a-t-il effacement des frontières ou résurgence des différences ?
La différence des sexes paraît structurante. Elle est même le modèle premier de toutes les situations d’altérité. Or voici que cette différenciation est brouillée, et certains affirment l’affranchissement de la condition sexuée, comme si l’humain pouvait se libérer de son anatomie.
L’école, quant à elle, «mixte» depuis bien longtemps dans le discours, fait coexister plutôt des univers juxtaposés. Les filles y réussissent mieux sur le plan scolaire et les garcons se posent en s’opposant. Enseignants et éducateurs craignent inconsciemment de donner sa place à chacun, et l’école contribue à entraver l’expansion de la personnalité des filles hors du cadre de leurs études.
Des exemples d’une mixité en marche, qui bouscule nos identités.