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Tout n’est plus possible, cette évidence est aujourd’hui difficile à entendre. Même dans le contexte européen, qui élargit les possibilités, les nouveaux projets de recherche fondamentale, orientée ou appliquée se décideront à partir d’une histoire de réussites mais aussi d’échecs.
Des échecs, dont les détails mériteraient plus d’attention, le gouvernement peut retenir une leçon élémentaire : il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Il est moins cruel de se le répéter que de se l’entendre dire par d’autres. Seuls les Etats-Unis, mais sans doute non sans gâchis pour leur propre économie, sont capables de ce genre de stratégie. Dans certains secteurs, le manque de chercheurs devient critique. Dans d’autres, un effort est envisageable à condition d’être conduit d’une manière concertée avec d’autres partenaires européens. Bref, la France n’a pas les moyens d’une politique de recherche tous azimuts. Qui va faire les arbitrages nécessaires et au nom de quoi ?
Parallèlement, les demandes des chercheurs doivent être passées au crible d’un réalisme difficile à assumer. Par exemple, les Etats généraux de la Recherche ont proposé des pôles de recherche et d’enseignement supérieur multidisciplinaires (PRES). Mais le collectif « Sauvons la recherche » refuse la compétition entre ces pôles voulue par le gouvernement, en particulier dans leur mission de transfert et de valorisation. Dans chaque région, sur chaque territoire, peut-on poursuivre des programmes de la façon la plus large, et finalement refuser de choisir ?
A l’heure où un avant-projet de loi de programmation et d’orientation est âprement discuté, Projet a voulu mettre en perspective les arbitrages nécessaires, depuis la question des finalités jusqu’à celle du statut des chercheurs.