Au commencement était l’affaire. 2017, Harvey Weinstein est accusé par plusieurs femmes d’agressions sexuelles et de viols. Le scandale est dévoilé par le quotidien du New York Times. L’article est le fruit du travail d’investigation de deux journalistes : Jodi Kantor et Megan Twohey.

Ce que révèle leur enquête, c’est, d’abord, le double visage d’un homme respecté dans son milieu professionnel, doué de pouvoir, auquel on prête une maîtrise de soi, une assurance, une expertise, qui se montre dans un contexte privé abusif, violent, soumis à ses pulsions, usant de chantage et de manipulation. Au vu du caractère sériel de son comportement, le terme de « prédateur » convient à son profil psychologique. Harvey Weinstein, c’est Barbe-bleue.

« Me too » scande une proximité malgré la distance, une ressemblance en dépit des différences. 

Il y avait eu des affaires avant l’affaire. La déclaration « Me Too » est employée dès 2007 par la travailleuse sociale afro-américaine Tarana Burke pour manifester sa solidarité avec de jeunes victimes de violence sexuelle. « Moi aussi », sous-entendu : « moi aussi, j’ai été victime ». Au courage de la « libération de la parole » s’ajoute le geste d’une solidarité qu’on peut qualifier de sororité, suivant le terme théorisé par la philosophe féministe bell hooks.

Cette solidarité, qui prend acte d’une commune vulnérabilité, s’écrit de manière horizontale et démocratique et s’exprime sur cette nouvelle agora que représentent les réseaux sociaux. « Me too », « moi aussi » : la formule scande une proximité malgré la distance, une ressemblance en dépit des différences, une lutte commune par-delà des divergences de classe, d’âge, de situation.

Catharsis partagée

La formule « Me Too » a s