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Dossier : Comprendre pour agir

Dire le monde La science, le savant et le bricoleur

Le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778) a posé les bases de la nomenclature binominale des espèces vivantes. © Domaine public
Le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778) a posé les bases de la nomenclature binominale des espèces vivantes. © Domaine public

Dans un contexte où la stricte séparation entre humains et non-humains est remise en cause, Arnaud Orain nous rappelle un enjeu essentiel : la pluralité des descriptions du monde. 


Dans Les savoirs perdus de l’économie, vous décrivez deux types de savoirs économiques que vous considérez différents de la science économique moderne. Pouvez-vous les présenter brièvement ?

Arnaud Orain - La science de l’économie politique voit le jour en France dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle autour des principes de propriété privée et de liberté du commerce. Mais d’autres savoirs économiques émergent à la même période, notamment la science du commerce et la physique œconomique. La science du commerce est un savoir de praticiens qui devient progressivement une science de description du monde, d’histoire, de géographie et de pratiques du commerce dans les pays européens et leurs colonies.

C’est un savoir de négociants internationaux et de marchands plus modestes qui s’intéressent avant tout à des cas particuliers, une science de « bricoleurs » au sens de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss. Le bricoleur, contrairement au savant, accumule des détails, des connaissances sur les faits et les recompose à chaque situation nouvelle. C’est ce que fait la science du commerce : elle recompose un certain nombre de cas qu’elle a accumulé pour faire face aux situations nouvelles, sans définir de grands principes abstraits.

La physique œconomique est le deuxième savoir qui m’a intéressé. On la doit notamment au naturaliste suédois Carl von Linné [1707-1778]. Il existe selon lui une chaîne des êtres, un lien entre tous les êtres vivants et à l’intérieur de cette chaîne des êtres supérieurs qui doivent à la fois réguler et disséminer les inférieurs.

Ainsi, les animaux doivent dévorer les plantes pour qu’elles ne prolifèrent pas et ils doivent aussi les répandre. Pour Linné, l’être humain est l’animal suprême qui doit réguler et disséminer tous les animaux et toutes les plantes. Pour cela, il doit appr

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