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Les jeunes mobilisés aujourd’hui veulent changer en profondeur la société. Y parvenir nécessite une culture politique, partagée avec les générations précédentes et les institutions.
Dans S’engager. Comment les jeunes se mobilisent face aux crises, vous analysez trois ères de l’engagement. Comment définiriez-vous celle dans laquelle nous nous situons ?
Claire Thoury - De façon assez schématique, nous pouvons en effet identifier trois phases de l’engagement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1997, le sociologue Jacques Ion théorise le passage d’un engagement dit « timbre » à un engagement dit « post-it ». À rebours de l’idée d’une crise du militantisme et, plus généralement, de l’engagement, il défend la thèse d’une mutation des formes d’engagement due à l’individualisation de la société.
L’engagement « timbre » est caractérisé par l’adhésion, la métaphore du timbre faisant écho à la carte d’adhésion à une structure pour laquelle ses militants seraient prêts à sacrifier leur individualité au profit du collectif, pour faire masse. Dans ce type d’engagement, qualifié par Jacques Ion de « total », particulièrement intense au service d’une cause, l’individu accepte de déléguer sa parole et de laisser la structure définir ses identités.
« La troisième ère de l’engagement marque le retour du collectif et du politique, au sens systémique du terme. »
L’individualisation de la société et la fin des grandes idéologies expliqueraient une évolution, vers un engagement qu’il qualifie de « post-it » ou de « distancié ». Cette deuxième ère de l’engagement est marquée par l’envie de ne pas être défini par une structure ou un espace, mais davantage par une cause. On ne fait pas forcément système.
La troisième ère, et c’est là que nous nous situons aujourd’hui, marque le retour du collectif et du politique, au sens systémique du terme. Dans cette troisième ère, on retrouve une
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