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En Équateur, la nature est reconnue comme sujet de droit depuis 2008, ôtant à l’humain sa place centrale. De plus en plus crédible aux oreilles du monde, cette révolution quasi copernicienne est nécessaire pour sortir de l’impasse écologique. Analyse en quatre points.
Le droit d’avoir des droits a toujours requis et requiert encore un effort politique. Il n’est pas facile de changer les normes et les institutions qui rejettent de nouveaux droits. Cette simple observation nous montre à quel point il est complexe de considérer la nature comme un sujet de droit. Cette option permettrait pourtant une transformation structurelle de la société et, pourquoi ne pas le dire, de la civilisation elle-même.
La crainte d’une nature souvent imprévisible existe depuis l’aube de l’humanité. La lutte ancestrale et acharnée pour la survie s’est peu à peu transformée en un effort désespéré pour dominer la nature. Progressivement, l’être humain, avec ses formes d’organisation sociale anthropocentriques, s’est pensé en dehors de la nature. Et la séparation entre cultura (« civilisation ») et natura (« nature ») a été l’une des actions idéologiques les plus brutales de la modernité. Cela a ouvert la voie à la domination et à la manipulation de la nature, en particulier dans la civilisation capitaliste.
Le philosophe Bruno Latour, l’un des grands penseurs de notre temps, l’avait parfaitement compris : « En voulant dévier l’exploitation de l’homme par l’homme sur une exploitation de la nature par l’homme, le capitalisme a multiplié indéfiniment les deux. Le refoulé revient, et revient doublement : les multitudes que l’on voulait sauver de la mort retombent par centaines de millions dans la misère ; les natures que l’on voulait dominer absolument nous dominent de façon également globale en nous menaçant tous.1 »
La complexité que nous traversons est telle que Gustavo Esteva, militant mexicain qui a initié de nombreux processus d’émancipation, a déclaré à juste t
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