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Agroécologie : des Brésiliennes cultivent leur indépendance

Les agricultrices de la municipalité de Barro do Turvo © Sempreviva organização feminista
Les agricultrices de la municipalité de Barro do Turvo © Sempreviva organização feminista

Au Brésil, des groupes de femmes s’approprient les techniques de l’agroécologie pour défendre leurs terres et devenir autonomes. Un travail indispensable à la transition écologique et solidaire. L’exemple de la municipalité de Barra do Turvo.


Au sud-est de l’État de São Paulo, le plus riche du Brésil, se situe la municipalité de Barra do Turvo, dans la région du Vale do Ribeira. Cette dernière est généralement considérée par les responsables politiques et les médias comme une « poche de pauvreté ». Elle constitue la plus grande aire continue de forêt atlantique du pays (1,7 million d’hectares) et fait l’objet de différentes mesures de protection des ressources naturelles. L’agroécologie s’y est développée dans certaines zones comme affirmation d’un mode d’agriculture « traditionnel », compatible avec le maintien des écosystèmes, et comme stratégie de populations pauvres pour garantir la continuité de leurs modes de vie.

Ce type d’agriculture vise à développer des connaissances, des techniques, des rapports de production et de consommation qui redéfinissent les relations entre les hommes, les femmes et la nature d’une manière socialement et écologiquement durable. Au-delà d’une agriculture biologique, il s’agit d’une proposition de changement politique. Au Brésil, les mouvements ruraux la conçoivent comme une alternative au modèle agro-industriel, contestant la dépendance vis-à-vis du marché capitaliste, rejetant les dommages sociaux et environnementaux qui lui sont associés et développant des pratiques et des relations sociales plus équitables.

L’agroécologie vise à développer des rapports de production et de consommation qui redéfinissent les relations entre les hommes, les femmes et la nature.

C’est au sein de ces mouvements ruraux qu’une approche féministe de l’agroécologie s’est affirmée dans les années 2000, à partir de l’action conjuguée de mouvements de femmes rurales, d’organisations non gouvernementales (ONG), d’universitaires et de gestionnaires publics. Dans cette approche, les objectifs d’autonomie et de durabilité supposent une double transformation : celle de la relation entre les humains et la nature et celle des rapports de genre1. À partir du développement des connaissances agroécologiques détenues par les femmes, de la valorisation (monétaire et non monétaire) de leur travail agricole et du soin qu’elles apportent à la nature et aux humains (par une alimentation de qualité, des plantes médicinales, etc.), c’est leur reconnaissance politique comme agricultrices qui est visée. Pour y parvenir, la solidarité, relation d’interdépendance volontaire, est indispensable au niveau des groupes de base, des réseaux et des mouvements régionaux et nationaux, que ce soit dans les domaines socio-économique ou politique.

Ce texte présente les résultats d’une recherche-action que j’ai conduite dans le Vale do Ribeira, en partenariat avec la Sempreviva organização feminista (SOF), une ONG brésilienne, depuis 2016. Elle a eu pour objectif de contribuer au développement local de l’agroécologie féministe, par la construction collective de connaissances orales et écrites, avec l’équipe de l’ONG et avec les agricultrices. Elle s’est centrée sur Barra do Turvo, une municipalité rurale qui compte sept groupes d’agricultrices soutenus par la SOF, ainsi qu’une importante association de producteurs agroécologiques, la Cooperafloresta.

Conflits fonciers et rapports de genre

Peuplée initialement par les ethnies guaranis et kaigangs, la région du Vale do Ribeira est explorée durant la colonie portugaise pour sa richesse en minerais – profitant du travail des esclaves d’origine africaine – avant d’être abandonnée au XIXe siècle. À partir de la seconde moitié du XXe, elle est vue par les gouvernements modernisateurs comme une région isolée, arriérée et occupée par une maigre population (quartiers ruraux noirs, hameaux indigènes, communautés de pêcheurs-agriculteurs, etc.), mais demandant à être mise en valeur du fait de sa proximité avec les métropoles de São Paulo et Curitiba. Le Vale do Ribeira devient la cible de grands projets de « développement » (routes, barrages, exploitations minières et monocultures à grande échelle), soutenus par les élites industrielles et rurales, mobilisant de grands investissements et s’accompagnant de l’ouverture d’un marché foncier.

S’en sont suivis de violents conflits avec les communautés locales, qui ne possédaient généralement pas de titres de propriété. En 1988, la Constitution a reconnu le droit des communautés traditionnelles quilombolas (descendant d’esclaves noirs) et indigènes à revendiquer la reconnaissance collective de leurs terres. Au cours des années 1980 et 1990, le flux migratoire, auparavant dirigé vers les villes, s’est par ailleurs inversé sous l’effet de la crise économique et des politiques d’ajustement structurel. Le Vale do Ribeira est devenu une destination pour les travailleurs pauvres expulsés des périphéries des grandes villes par la crise et pour des paysans originaires d’autres régions. Leur arrivée, en général dans de nouveaux quartiers dits d’« agriculture familiale », situés pour certains dans des aires de conservation naturelle ou sur des terres revendiquées par de grands propriétaires, a accru les conflits fonciers et environnementaux et a diversifié les identités et les formes locales d’organisation socio-politique.

Ainsi, le Vale do Ribeira se partage entre de grandes, voire d’immenses propriétés (les fazendas, grandes fermes d’élevage extensif ou de monoculture, et les latifundios, très grandes propriétés à faible productivité), et des communautés pauvres ou vivant de l’agriculture familiale. En 2006, la région comptait 7 037 établissements d’agriculture familiale2 – occupés par les paysans originaires du lieu et ceux récemment arrivés –, 66 communautés quilombolas3 et 24 hameaux indigènes4. Les propriétés de moins de 50 hectares représentent 81 % du total mais 20 % de la superficie, alors que celles de plus de 500 hectares ne représentent que 1,8 % du total, mais 44 % de la superficie5.

Les habitants revendiquent une vie de travail « simple » et « saine » à la campagne, face à une modernité aliénante.

La municipalité de Barra do Turvo compte environ 8 000 habitants, sept communautés quilombolas et plusieurs quartiers d’agriculture familiale. Elle présente les indicateurs de développement humain les plus bas de la région et est située à 70 % dans des aires protégées. L’association de producteurs agroécologiques Cooperafloresta, créée en 1996, a contribué à la revalorisation des modes traditionnels de culture et à l’affirmation de leur compatibilité avec la préservation de la forêt atlantique. Les habitants revendiquent une vie de travail « simple » et « saine » à la campagne, face à une modernité aliénante, aussi bien celle des périphéries urbaines que celle promue dans les projets de développement qui menacent de les déloger.

Dans ce conflit entre une modernisation qui profite à quelques-uns et la défense de modes de vie « traditionnels », la voix et le travail des femmes tendent à passer inaperçus. Relégués au second plan, ils font l’objet de lectures contradictoires. Si la maternité occupe une place centrale dans les représentations sociales et les politiques publiques, le travail agricole des femmes, y compris dans l’agroécologie, est ignoré. Par ailleurs, de nouvelles normes de femmes entrepreneuses sont propagées, notamment par des politiques sociales visant leur intégration sur le marché du travail. À Barra do Turvo, la municipalité a mis en place une école de beauté, une école de mode et un cours de boulangerie, conçus comme des opportunités pour que les femmes « génèrent un revenu complémentaire et augmentent leur estime de soi », selon la coordinatrice du Fonds social de solidarité6.

Le modèle implicite est celui d’une famille biparentale où l’homme pourvoirait au revenu principal, alors même qu’un grand pourcentage de foyers sont dirigés par des femmes seules. Les politiques sociales supposent que c’est l’insertion individuelle sur le marché du travail qui constitue la principale voie de sortie de la pauvreté. Mais ces normes sont à l’opposé de celles soutenues par l’agroécologie féministe. Elles reproduisent la division sexuelle du travail et des connaissances en privilégiant des qualifications considérées comme naturellement féminines : beauté, mode, cuisine. Elles entérinent la hiérarchisation entre le travail reproductif (sous la responsabilité des femmes) et productif (où les femmes pauvres sont sommées de s’insérer, même de manière précaire). Ces politiques ne questionnent pas le système de relations patriarcales où les maris, les membres de la famille et la communauté exercent un contrôle rigide sur les femmes par la déqualification permanente, la violence physique et la surcharge de travail.

Le développement de l’agroécologie féministe

Dans ce contexte, comment la proposition de l’agroécologie féministe est-elle comprise et appropriée (ou non) par les agricultrices qui se sont rapprochées de l’ONG Sempreviva organização feminista ? À quelles conditions et de quelle manière ces femmes s’engagent-elles dans la construction de ce projet ? Et comment se situent-elles vis-à-vis du conflit entre modernisation excluante et défense des modes de vie « traditionnels » ?

À Barra do Turvo, la demande initiale des femmes quilombolas était la commercialisation de leurs produits, posée comme condition sine qua non de leur participation à un énième projet de développement. Dans les quartiers d’agriculture familiale, la situation était différente. Absence de document attestant du statut d’agricultrice et ouvrant droit aux politiques publiques (assistance technique, marchés publics d’aliments, prestations de retraite…) ; faibles quantités produites (ou du moins considérées comme telles par les femmes) ; et absence d’accès à la terre, dans des quartiers où les familles ne disposent pas de terres et où les hommes sont employés comme ouvriers agricoles ou, si elles en disposent, où les femmes ne sont pas autorisées à les cultiver.

Ancrer l’agroécologie féministe a supposé de construire, dans chaque cas, un processus collectif qui réponde aux problèmes soulevés en cohérence avec des principes et une vision du monde. Les réponses ont consisté dans le recensement et la valorisation de très nombreuses plantes et activités d’élevage qui existaient dans leurs espaces (« jardins productifs ») mais étaient négligées par les femmes elles-mêmes. « Beaucoup de femmes disaient qu’elles ne savaient rien faire ou ne voulaient rien faire. Elles ont découvert qu’elles avaient des choses sur leur terrain qu’elles croyaient qu’elles n’avaient pas » (agricultrice d’un quartier d’agriculture familiale, Barra do Turvo, mai 2017).

Ancrer l’agroécologie féministe a supposé de construire, dans chaque cas, un processus collectif qui réponde aux problèmes soulevés.

L’effort a également porté sur l’organisation collective des agricultrices, afin d’accroître leur contrôle sur les marchés (offre de quantités plus élevées donnant un pouvoir de négociation, diversification des lieux de vente, accès aux informations clés comme le prix et la demande, etc.), mais aussi pour créer des marchés sociaux (notamment, vente directe à des groupes de « consommation responsable »). La mise en valeur des produits s’est appuyée sur la recherche de nouvelles relations avec des consommateurs, qui découvraient des aliments autrement déconsidérés car étant « de la campagne ».

Au-delà de la commercialisation, cette revalorisation des espaces féminins a supposé de nombreux débats et formations : sur les liens entre production d’aliments de qualité, soin des écosystèmes, maintien de l’agro-biodiversité et autonomie économique accrue grâce à l’autoconsommation, au troc et aux dons. Des « cahiers agroécologiques », où sont notés les quantités et les équivalents monétaires des produits, ont provoqué la prise de conscience individuelle, familiale et collective de l’importance quantitative et qualitative du travail féminin, encourageant de nouvelles plantations7. Au problème de l’accès des femmes à la terre dans certains quartiers a répondu la création de mini-potagers individuels et d’un potager collectif, bien que ce dernier se soit heurté à de nombreuses résistances (destruction, vol). Un autre défi a consisté à porter la demande de reconnaissance des droits des agricultrices auprès des pouvoirs publics. Or les fonctionnaires locaux, en dépit de la législation, ne considèrent généralement pas les agricultrices comme des sujets de droits : elles le sont seulement à travers leur mari ou un autre parent de sexe masculin. La SOF s’est alors constituée comme instance accréditée pour délivrer la documentation nécessaire pour que les femmes aient accès à la politique d’assistance technique et d’extension rurale, mais le processus a été long et complexe. Des mobilisations ont également été menées à un niveau supérieur, par exemple contre la perte des droits des agricultrices dans la réforme des retraites, à l’occasion de la journée mondiale des droits des femmes, le 8 mars 2017.

Ces exemples, qui ne prétendent pas à l’exhaustivité, laissent entrevoir les principes sous-jacents à la mise en pratique de l’agroécologie féministe. Celle-ci se noue autour de l’élaboration d’un modèle singulier d’autonomie économique, donnant la priorité aux pratiques visant la soutenabilité de la vie et articulant actions individuelles et collectives8. Dans ce cadre, l’autonomie de chacune repose sur la formation de nouvelles interdépendances égalitaires et sur des processus de dépassement personnel. Les témoignages des femmes expriment cette vision : « [Le projet de la SOF] est libération de la dépendance vis-à-vis des hommes. Des femmes capables de créer toujours plus » (agricultrice) ; « Je veux une dépendance construite avec le mari, l’oncle, le cousin… Une dépendance qui n’est pas une soumission » (agricultrice et présidente d’association quilombola) ; « [Ce que la SOF veut], c’est la liberté pour les femmes, mais pas individuellement. Des femmes libres dans des communautés libres et dans un pays libre » (agronome de la SOF) ; « Certaines femmes ont déjà trouvé leur chemin, d’autres le cherchent. Le projet ne nous a pas imposé ce que nous devions faire, il nous a laissées décider nous-mêmes. Et des femmes qui trouvaient qu’elles n’avaient rien à faire se sont trouvées. Ça a été beaucoup de travail de se réveiller » (agricultrice).

« Je veux une dépendance construite avec le mari, l’oncle, le cousin… Une dépendance qui n’est pas une soumission. »

Ainsi, l’agroécologie féministe s’est ajustée à la diversité des conditions réelles, l’idéologie étant mise à l’épreuve de la pratique. Le modèle qui se dessine est celui d’une spirale qui relie deux pôles : une vision du monde d’un côté et une pratique et des conditions concrètes de l’autre. Cette spirale enclenche une dynamique de développement : des agricultrices entraînant leurs filles, leurs voisines, parfois leurs maris, des voisins… En intégrant de nouvelles questions, ils testent la capacité de réponse du projet.

Si ce processus trouve des points d’appui dans des organisations locales – comme des paroisses et des communautés quilombolas, engagées dans la défense des modes de vie traditionnels –, il se heurte aussi à de nombreux obstacles internes, individuels ou collectifs. Par exemple, lorsqu’une logique de concurrence entre agricultrices d’un même groupe ou d’un même réseau prend le pas sur l’organisation collective qui vise à accroître les ventes de toutes les femmes ; ou lorsque les politiques sociales prônant l’entrepreneuriat et l’insertion individuelle sur le marché interfèrent avec l’action collective encouragée par l’agroécologie féministe. Les femmes ne questionnent guère (du moins ouvertement) les opportunités qui leur sont offertes, d’où qu’elles viennent. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles placent toutes les « offres » au même niveau. L’agroécologie féministe se distingue par sa cohérence et l’avenir différent qu’elle permet d’envisager : « rester sur place », « vivre bien », « être indépendante, avoir une vie soutenable, ne pas devoir manger la nourriture industrialisée des villes9 ». Mais cette vision du monde ne cesse d’interagir avec d’autres et d’entrer en tension avec elles.

Pour de nouvelles alliances

Née dans le contexte des conflits fonciers et environnementaux qui marquent le Vale do Ribeira et d’autres régions du Brésil, l’agroécologie féministe se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. L’importance gagnée par les groupes et les réseaux de femmes les pousse à assumer de nouvelles positions et responsabilités dans ces conflits. Aux niveaux régional et national, le renforcement des logiques de privatisation et de marchandisation de la nature provoque une détérioration des accords en matière de gestion des parcs naturels et d’accès à la terre des communautés quilombolas, et fait planer une nouvelle menace sur les conditions d’existence des communautés. Dès lors, les pratiques d’agroécologie féministe ne peuvent se cantonner à la marge de ces conflits, sous peine de disparaître. Les femmes doivent évaluer leur capacité à assumer de nouvelles responsabilités, en fonction de leur charge de travail et des risques que toute prise de position dans ce type de conflits implique. La situation actuelle exige aussi de nouvelles alliances, locales, nationales et internationales, pour consolider ces pratiques et poursuivre le processus de re-signification du travail des agricultrices, indispensable à la transition écologique et solidaire.

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1 Emma Siliprandi, Mulheres e agroecologia : transformando o campo, as florestas e as pessoas, UFRJ, 2015.

2 Instituto brasileiro de geografia e estadística, Censo agropecuário 2006: agricultura familiar. Resultados por municipios. Brasília : Ministerio do Desenvolvimento agrário, Ministerio do Planejamento, Orçamento e Gestão, 2006.

3 Instituto sócio ambiental, Terras de Quilombo e unidades de conservação : corredor socioambiental do Vale do Ribeira, São Paulo, 2016.

4 Centro de trabalho indigenista, Atlas das terras guarani no sul e sudeste do Brasil, São Paulo, 2015.

5 Instituto brasileiro de geografia e estadística, 2006, op. cit.

6 Dans un entretien mené par l’auteure en mai 2016.

7 Liliam Telles et al., « Cadernetas agroecológicas e a contribuição econômica das agricultoras agroecológicas no Brasil », dans Sanchez Zuluaga, Patricia Gloria, Georgina Catacora-Vargas et Emma Siliprandi (dir.), Agroecología en femenino. Reflexiones a partir de nuestras experiencias, Conseil latino-américain des sciences sociales (Clasco), La Paz, 2018, pp. 141-58.

8 Isabelle Hillenkamp et Miriam Nobre, « Agroecologia e feminismo no Vale do Ribeira : contribuição para o debate sobre reprodução social », Temáticas (Unicamp), vol. 52, 2018, pp. 167-94.

9 Propos recueillis auprès d’agricultrices de Barra do Turvo, mai 2017.


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