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Prenons d’abord une vue d’ensemble, car elle soulève un paradoxe. Si un grand nombre de dynamiques économiques élémentaires connaissaient une accélération sous l’effet de la troisième révolution industrielle – la révolution numérique – cela devrait conduire à une accélération de la croissance du Pib. Or il n’en est rien : le débat aujourd’hui, chez les économistes, porte plutôt sur la thèse de la stagnation séculaire. « Les ordinateurs sont partout, sauf dans les statistiques de productivité » soulignait déjà l’économiste, et futur prix Nobel d’économie, Robert Solow dès 1987. Pour les tenants de la thèse de la stagnation séculaire, la révolution numérique ne concerne en vérité que des secteurs – communication, médias, loisirs – qui représentent moins de 10 % du Pib. Elle n’a et n’aura donc que des effets beaucoup plus limités sur la productivité et sur la nature des biens et services consommés que ceux de la seconde révolution industrielle.
Cette thèse soulève cependant un sérieux problème de mesure. La croissance se mesure par l’évolution du Pib en volume. Si cela était relativement facile à mesurer quand la production était faite de tonnes de pétrole, d’acier, de blé et de produits manufacturés standardisés, cela ne l’est plus quand une bonne part de la production devient immatérielle et que les biens et services évoluent très vite en qualité. Que la croissance ralentisse ou accélère, qu’elle réagisse ou pas à la révolution numérique, le Pib ne nous en dit rien en réalité.
Fort heureusement, cela n’a aucune importance. Quand on s’inquiète d’un ralentissement de la croissance, on s’inquiète en réalité de bien d’autres choses : du chômage, de la précarité, de l’ascenseur soci
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