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L’usage des sondages est-il légitime en politique ? La question surgit d’emblée lorsque cette pratique s’installe dans la vie politique en France dans les années 60. Elle en appelle presque aussitôt deux autres : faut-il accorder crédibilité aux pronostics électoraux et légitimité à cette « opinion publique » saisie désormais avec une précision apparemment scientifique par ce nouveau type d’enquête ? Et dans quelle mesure cette nouvelle technologie sociale pèse-t-elle sur la prise de décision des responsables politiques et, si oui, cela est-il ou non politiquement légitime ?
La publication dans les médias de deux sondages, en 1965, à l’occasion de la première élection présidentielle au suffrage universel, a ouvert une période, pas encore totalement close, marquée par ces interrogations, récurrentes chez les différents acteurs du champ politique, quant aux effets de l’introduction de cette nouvelle technique. Le recours aux sondages d’opinion en politique était naturellement bien antérieur à cette date. Dès la fin de la guerre, les gouvernements avaient commandé à l’Ifop des enquêtes de ce type. Mais elles n’intervenaient guère dans le jeu politique : leurs résultats, restés hautement confidentiels, n’étaient ni publiés ni commentés, ils n’existaient pas politiquement ; surtout les commanditaires eux-mêmes ne savaient pas trop quoi faire des résultats de ces consultations électorales d’un type particulier. Il est probable que, comme on dit aujourd’hui, ils ne « croyaient » pas (ou pas vraiment) alors aux sondages. La presse, c'est-à-dire les lecteurs, et donc les électeurs, n’y croyait pas non plus. Certains journaux populaires à grand tirage, après quelques tentatives, avaient renoncé finalement à commander eux-mêmes des sondages en vue de les publier, ces enquêtes, d’ailleurs mal vues par les journaux « sérieux », n’ayant guère d’effets sur les ventes.
Les raisons de ce désintérêt résident à la fois dans le fonctionnement institutionnel de la IVe République et dans les représentations politiquement efficaces de « l’opinion publique » qui avaient cours dans le champ politique. D’une part, « le régime des partis » et les lois électorales très complexes et très manipulatrices ( notamment la loi sur les « apparentements ») rendaient quasiment impossible tout pronostic sérieux sur la future composition de l’Assemblée nationale et, a fortiori, sur la désignation des chefs de gouvernement - ce qui intéresse principalement, sinon les lecteurs, du moins les acteurs politiques et les journalistes - sur la seule base de sondages portant sur les intentions de vote du corps électoral. Ce type d’enquête était ici de peu d’intérêt pratique. D’autre part, comme en témoigne, par exemple, le livre d’Alfred Sauvy sur « l’opinion publique » publié en 1956 1, ce que l’on mettait alors sous cette notion politique relevait beaucoup plus du jeu des groupes de pression, des lobbies, des mobilisations sectorielles et changeantes sur tel ou tel problème (les pressions des bouilleurs de cru au Parlement étant exemplaires à cet égard), que de consultations générales de type référendaire telles que les enquêtes par sondage peuvent en produire (ou en donner l’illusion).
Certains hommes politiques, ainsi Pierre Mendès France, avaient bien cherché, en recourant aux moyens modernes de communication, à court-circuiter les jeux du microcosme parlementaire en s’adressant directement et régulièrement aux électeurs, c'est-à-dire en faisant appel directement à « l’opinion publique » au sens large. Ces tentatives, généralement mal perçues par le monde politique, peuvent être considérées rétrospectivement comme les prémisses d’une transformation inscrite dans les changements structurels du champ politique. Elles furent cependant prématurées. La technologie du sondage, potentiellement utilisable, restait inutilisée et n’intervenait guère dans les prises de décision politiques : elle n’était pas encore ajustée et comme appelée par la logique de fonctionnement du champ politique. La politique se faisait toujours au Parlement ou, plus exactement, dans les couloirs de l’Assemblée nationale et dans les états-majors des partis, là où se négociaient des alliances politiques souvent éphémères. Marx disait que les capitalistes rêvaient d’une société de bourgeois sans prolétaires; certains analystes du système politique français pouvaient affirmer que la IVe République avait réussi à instaurer « la démocratie sans le peuple ».
Les changements institutionnels qui ont marqué l’avènement, en 1958, de la Ve République ont, pour un temps, marginalisé le rôle des députés au profit de l’exécutif. Le recours direct à la population du général de Gaulle par l’intermédiaire de la procédure référendaire et par de fréquentes prestations télévisées, une nouveauté dénoncée mais appelée à la fois par la diffusion de ce nouveau média et par les circonstances politiques exceptionnelles (règlement du conflit algérien), contribua à imposer l’idée que « l’opinion publique » n’était pas celle de ses porte-parole autoproclamés mais celle de l’ensemble des électeurs dûment consultés. L’instauration, par le référendum de 1962, de l’élection du président de la République au suffrage universel, malgré l’opposition des juristes et de la plupart des forces politiques traditionnelles, renforcera un long processus. Celui-ci, depuis le 19e siècle, tend à élargir continuellement, à mesure notamment que croît le taux de scolarisation de la population et que se développent les moyens modernes de communication, ce que le champ politique met sous la notion « d’opinion publique ». Ce n’est plus, comme au début du 19e siècle, l’opinion publiquement débattue par les représentants élus d’un peuple encore majoritairement analphabète et rural ni, comme au début du 20e siècle, l’opinion publiquement exprimée de ceux qui, journalistes ou responsables syndicaux par exemple, se considèrent comme les porte-parole de l’opinion, ni même l’ensemble des citoyens qui, sur un problème donné, se mobilisent et manifestent par des défilés dans les rues. L’opinion publique qui tend progressivement à être considérée comme légitime et qui doit donc être, à ce titre, prise en compte dans les décisions politiques est celle de l’ensemble des citoyens. On voit combien la définition est variable : le sens de cette notion, qui appartient au registre de la métaphysique politique et non à celui de la science, est étroitement lié à un état historique donné du champ politique. D’où, au passage, l’erreur (plus ou moins intéressée) de nos modernes politologues qui consiste à croire qu’une définition scientifique soit possible ou, ce qui revient au même, que le simple fait de l’exprimer sous forme de pourcentages suffit à transmuer une notion politique en concept scientifique.
L’opinion publique qui émerge ainsi dans les années 60 n’est plus immédiatement connaissable. Elle n’est plus réduite aux seules prises de position tapageuses et publiques des leaders d’opinion ou aux défilés spectaculaires des militants. Elle est faite principalement, selon une expression apparue surtout après mai 68, « de majorités silencieuses » qu’il faut donc faire parler pour les connaître. Les instituts de sondage seront l’instrument de ce véritable processus d’inversion. D’où les réticences et les résistances d’une fraction importante du monde politique : en effet, l’opinion publique n’est plus le produit de l’addition (faite d’ailleurs assez librement) des opinions de ceux qui, sur un problème donné, ont une opinion et qui se mobilisent pour le faire savoir et tenter de l’imposer aux décideurs politiques; elle est le produit de la mobilisation d’enquêteurs qui vont chercher des réponses auprès d’un échantillon non mobilisé mais censé être représentatif de l’ensemble des électeurs. L’opinion publique tend désormais à être politiquement construite en interrogeant un échantillon de population dont la grande majorité, le plus souvent, n’a pas d’opinion pré-constituée sur le problème qui leur (im)posé par questionnaire, et qui est encore moins prêt à se mobiliser pour les défendre et les imposer aux responsables politiques. On oppose ainsi les « minorités agissantes » non représentatives aux majorités représentatives non agissantes. Dans la mesure où l’action en politique est presque toujours l’action de minorités déterminées qui cherchent à entraîner les majorités tranquilles, on comprend que cette irruption dans la vie politique des sondages d’opinion publique ait été perçue comme une tentative politique conservatrice, sinon de droite.
Quels furent les effets de l’irruption des sondages dans le jeu politique et dans les prises de décision des responsables ? Les sondeurs sont d’abord intervenus dans le processus électoral en donnant avant l’élection, sous une forme chiffrée précise, les intentions de vote qui valent pratiquement, à quelques jours du scrutin, pronostic électoral. C’est un grand journal populaire, France Soir, et non un journal politique de référence comme Le Monde, qui publie d’abord ce type de sondage à l’occasion de la première élection se prêtant assez bien à ce type d’enquête, l’élection du Président de la République au suffrage universel. Le risque d’erreur et aussi la crainte des effets éventuels que cette publication pourrait avoir sur le résultat inquiètent suffisamment les journalistes pour que le quotidien prenne quelques précautions. Selon la technique journalistique bien connue qui consiste, lorsqu’il y a débat, à publier « un pour » et « un contre » (dans le courrier des lecteurs par exemple), le quotidien fera état de deux sondages aux résultats contradictoires, l’un de l’Ifop qui, contrairement à ce que pensaient alors presque tous les commentateurs politiques, prévoyait la mise en ballottage du général de Gaulle au premier tour, l’autre, des renseignements généraux, plus douteux, qui prévoyait l’élection dès le premier tour du président sortant. Le résultat de l’élection va mettre en évidence le savoir faire des spécialistes en sociologie électorale auxquels les instituts de sondage avaient fait appel, savoir faire qui se confirmera et se précisera d’élection en élection. C’est précisément cette fiabilité des sondages préélectoraux qui explique les tentatives de manipulation qui apparaissent rapidement : le monde politique et les journalistes utilisent le sondage préélectoral en essayant notamment de peser sur les décisions des électeurs et des responsables politiques. Journaux et partis politiques commandent un nombre croissant de sondages aux questions plus ou moins biaisées (sur la notoriété des uns et des autres, sur les chances électorales de tel ou tel, etc.), allant jusqu’à faire état d’enquêtes totalement imaginaires ou truquées réalisées par des officines fantômes. Ces faux sondages seront assez nombreux pour que les politiques décident d’y mettre un terme en créant en 1977 une commission de contrôle.
Cette nouvelle pratique s’inscrivait dans un contexte qui explique qu’elle ait été largement perçue d’emblée comme « manipulatrice » et attentatoire à la dignité de la lutte politique et du suffrage universel. La campagne pour la première élection présidentielle au suffrage universel fut marquée, en effet, par l’entrée en scène des publicitaires. Avec un apparent succès, ils furent chargés de concevoir des campagnes électorales et de « vendre » certains candidats. Et dans la mesure où ces nouveaux spécialistes en « communication politique » s’appuyaient essentiellement, comme leurs homologues américains dont ils importaient les méthodes en France, sur les techniques de marketing économique, c'est-à-dire sur des enquêtes par sondages (pour tester l’image des candidats et les thèmes de campagne auprès des diverses catégories d’électeurs), on comprend que cette technologie ait été fortement dénoncée par la fraction la plus traditionnelle de la classe politique. D’autant plus que ces enquêtes ne semblaient pas sans efficacité. Si l’on dénonçait le risque de vendre des candidats « comme des savonnettes », c’était parce que ces techniques semblaient marcher.
Les enquêtes préélectorales se multiplient alors, mais aussi celles des politologues sur les effets de ces enquêtes sur le vote des électeurs. Les sondages ne menaçaient-ils pas la logique électorale symbolisée par l’isoloir ? Ne pesait-on pas sur la décision de l’électeur en lui donnant par avance le résultat de la consultation ? Ne fallait-il pas laisser l’électeur se décider en son âme et conscience ? La publication, avant un scrutin, d’intentions présentées et perçues comme un pronostic influe-t-elle sur le choix des électeurs, étant donné notamment les commentaires plus ou moins orientés qui accompagnent ces publications ? Certains se demandent même, non sans une inquiétude quelque peu excessive et irréaliste, si le sondage ne finirait pas par remplacer le vote, puisqu’il est censé être aussi fiable mais plus économique que la consultation en « grandeur nature ». Les politologues ont ainsi essayé de cerner les effets éventuels de la publication, juste avant le scrutin, des résultats prévisibles du scrutin. Démobilise-t-elle les supporters du parti qui est censé l’emporter et mobilise-t-elle les adversaires, ou l’inverse ? Selon ces analystes, heureux d’être confortés dans leur rôle de purs témoins objectifs, toutes les enquêtes, américaines et françaises, semblent montrer que les sondages préélectoraux n’affectent en rien les scrutins : les électeurs qui modifieraient leur vote sont peu nombreux et ils se trouvent miraculeusement répartis dans tous les camps de sorte que les changements tendent à s’annuler.
Si les sondages préélectoraux ont peu d’effets directs sur la très grande majorité des électeurs, il n’en est pas de même pour les hommes politiques et surtout les leaders des partis. Ces derniers sont de gros consommateurs de ce type d’enquête qui leur apportent des informations de toutes façons plus fiables que celles de leur seule intuition. L’enquête permet indiscutablement de rationaliser la production et le recueil des informations utiles aux politiques. Encore faut-il qu’ils sachent interpréter les résultats. On sait, de l’aveu même des intéressés, que des candidatures ont été décidées sur la base d’enquêtes par sondage. Celles, par exemple, de Raymond Barre à l’élection présidentielle de 1988 ou d’Edouard Balladur en 1995, ces deux candidatures s’appuyant très directement sur une (mauvaise) lecture de sondages réalisés plusieurs mois avant le scrutin. Il en est de même de certaines décisions politiques : ainsi François Mitterrand a-t-il choisi, en septembre 1993, pour la ratification du traité de Maastricht, la voie référendaire plutôt que la voie parlementaire : des sondages réalisés plusieurs mois auparavant avaient apparemment montré l’existence d’une large majorité en faveur du traité (plus de 70%, alors que le référendum sera adopté de justesse, par un peu plus de 50% des votants). La décision de Jacques Chirac en 1996 de dissoudre l’Assemblée nationale s’appuyait aussi sur des sondages qui laissaient à croire qu’il gagnerait les élections… Mais, inversement, on pourrait donner de nombreux exemples de décisions prises avec succès malgré les sondages (la suppression de la peine de mort par François Mitterrand en 1981, la candidature de Jacques Chirac à l’élection présidentielle de 1995). La raison de ces déconvenues (ou de ces heureuses surprises) réside moins dans le sondage (même si les hommes politiques sont prompts à dénoncer les sondeurs « qui se sont trompés ») que dans l’interprétation que les hommes politiques et leurs conseillers peuvent faire des résultats de ces enquêtes (trompés par les apparences et par leur envie de croire ce qui les arrange). Un sondage « préélectoral » ne mérite vraiment cette dénomination que lorsqu’il est réalisé en situation préélectorale, lorsque le corps électoral dans sa majorité a déjà pris sa décision. A plusieurs mois d’une élection, alors que la campagne n’a pas encore commencé et que l’élection n’intéresse que les minorités politisées, un sondage ne peut être lu et présenté comme une élection (ce qui est pourtant souvent le cas, dans la presse du moins) : les non- réponses, en nombre élevé (souvent plus de 50%), ne peuvent, en aucun cas, être assimilées à des abstentions. C’est pourquoi toutes les simulations électorales à plusieurs mois d’une élection qui prétendent dire qui serait élu si tel et tel se présentaient ou étaient en compétition au second tour sont hautement fantaisistes.
Les usages politiques faits des sondages d’opinion à proprement parler (c'est-à-dire de tous ces sondages du type « les Français, sur tel problème, pensent que… ») sont sans doute plus fantaisistes encore (par rapport à la réalité objective). L’on sait les effets d’imposition qu’exerce ce type d’enquête et, à la différence des sondages préélectoraux, il n’y a guère, pour ces sondages, de « redressement d’échantillon » possible ou de comparaison avec une consultation « grandeur nature ». A cela s’ajoute le fait que les très nombreux refus de répondre à l’enquête ne sont pas pris en compte dans les non réponses déclarées à telle ou telle question et biaisent fortement ce que les sondeurs prétendent mesurer. Tout semble indiquer cependant que, comme pour les sondages préélectoraux, les hommes politiques ont peu à peu intégré, dans la prise de décision, ce que les sondages d’opinion, à tort ou à raison, semblent leur fournir comme indications sur ce qui est censé être « l’état de l’opinion ». Prendre en compte ne signifie pas, aujourd’hui, suivre aveuglément les sondages, pour deux raisons. En premier lieu, les hommes politiques ont appris à domestiquer la technique du sondage et savent plus ou moins que ces enquêtes livrent des chiffres bruts qui demandent à être décodés, et qui le sont à leur risques et périls. Cela ne signifie pas qu’ils ne font plus les mêmes erreurs d’interprétation, mais que, à l’usage, après certaines expériences désagréables, ils apprennent à mieux s’en servir. Et s’ils ne peuvent plus s’en passer, c’est parce que les incertitudes inhérentes à la lutte politique dans les régimes démocratiques, lutte qui est en permanence placée sous la dépendance des aléas électoraux, incitent les hommes politiques à voir, dans cette technique, un moyen certes moyennement fiable, pour se repérer par rapport à ce que semblent vouloir leurs électeurs. Autrement dit, l’usage du sondage s’est banalisé. Par ailleurs, la publication régulière dans la presse de sondages portant sur les intentions de vote et sur l’opinion publique oblige les acteurs politiques, qu’ils y croient ou non, à les prendre en compte et à mener la lutte sur ce front spécifique avec l’aide de leurs conseillers en communication. Il se s’agit plus, en ce cas, de savoir ce que disent les sondages pour savoir quelle décision doit être prise mais de prendre une décision et de chercher les moyens - pour l’essentiel médiatiques - à utiliser pour que les sondages réalisés par la suite paraissent indiquer une approbation, par l’opinion publique, des décisions ainsi prises. Les politiques, loin de suivre les sondages, cherchent non pas à manipuler les enquêtes ou les enquêteurs mais ce qu’ils vont recueillir avec leur dispositif.
On le voit, les relations entre les sondeurs et les hommes politiques ne sont pas directes. Il serait naïf de les lire, comme on le fait souvent, en termes de « manipulation » des uns par les autres. Outre que la politique est par essence le lieu des stratégies consciemment manipulatrices, il faut replacer la question des rapports entre les actions des hommes politiques et ce qu’ils appellent et reconnaissent comme étant « l’opinion publique », d’une part dans un long trend historique et, d’autre part, en considérant un état donné de la structure du champ politique qui prenne en compte le niveau d’instruction des électeurs, le poids des moyens modernes de communication, les compétences mobilisées dans la lutte politique, l’importance des moyens financiers investis, etc. On s’apercevra alors que, aujourd’hui comme hier, la politique a besoin de fétiches et que, malgré les formes savantes qu’ils peuvent parfois revêtir, ils restent des fétiches que la science sociale doit contribuer à démonter, afin de rendre plus effective la réalisation des idéaux démocratiques.
1 / Aux Puf, collection Que sais-je ?