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Que peut devenir la morale dans des sociétés dominées par l’individualisme, comme le sont nos sociétés démocratiques ? Si, par morale, on entend ces références normatives au nom desquelles on oriente sa vie sur les plans personnel et collectif, on doit bien admettre l’absence de repères visibles en tous domaines. Non seulement nos sociétés hésitent à fixer quel est le bien à faire, mais tout autant quel est le mal à éviter ; et, effectivement, nous avons peine à déterminer quelles normes suivre pour discerner dans les choix individuels et collectifs. Ces références ne se trouvent-elles pas compromises, voire ruinées au profit de la recherche par chacun de la réalisation de soi, ce qui constitue une sorte de définition de l’individualisme ? Et s’il en est ainsi, la quête de son accomplissement individuel ne compromet-elle pas les visées plus collectives, voire le vivre ensemble ? Comment n’affecteraient-elles pas le politique ? Que devient donc le sens de la vie individuelle comme de la vie collective après l’extension apparemment incoercible de l’individualisme ?
Les bons auteurs nous ont appris que l’individualisme a pu naître et s’imposer comme une conquête contre les sociétés aristocratiques ou hiérarchiques. Il fut une victoire contre la subordination de l’individu à une totalité sociale, qui lui fixait sa place selon le hasard de la naissance et déterminait ses devoirs et obligations à partir d’une organisation héritée sur laquelle l’individu n’avait pas grand chose à dire. L’individualisme a correspondu à une émancipation à l’égard de sociétés d’ordres où l’obéissance et la subordination dominaient.
Du point de vue de l’appréciation morale, le jugement ne pourra qu’être favorable à une telle évolution des choses. Car la morale authentique ne fait jamais bon ménage avec la servilité, la dépendance, le conformisme social, terrains favorables à l’hypocrisie ou au pharisaïsme. Sortir de l’enfance ou de l’état de minorité est tenu avec le philosophe Emmanuel Kant pour le premier mot de l’accès à la moralité vraie, c’est-à-dire à l’âge adulte. Plutôt que de recevoir la juste conduite, donc la norme, du châtelain, du seigneur ou du curé, plutôt que de plier sous des contraintes subies ou devant un sort fixé hors de soi, mieux vaut à tous égards la liberté. Une supériorité morale et humaine s’attache à la possibilité pour chacun de se donner à soi-même la loi.
Il va de soi également que les conséquences politiques de l’émancipation à l’égard des sociétés hiérarchiques ne sont pas minces. La démocratie ne tient-elle pas dans le fait que le citoyen comprend l’obéissance aux lois comme l’obéissance à lui-même, à ce qu’il ne peut pas ne pas vouloir en raison ? En obéissant, il ne fait qu’obéir à lui-même, supprimant les servilités qui n’ont que trop marqué les temps anciens.
Ainsi, en abattant d’un côté les sociétés d’ordre, qui favorisaient par nature des comportements moraux soumis à l’obéissance servile, et en promouvant d’un autre côté l’autonomie morale adulte contre les hétéronomies infantiles, l’individualisme ne peut que faire cause commune avec la morale. Dès lors, son avènement doit ou devrait coïncider avec le meilleur des mondes moral, et, faut-il ajouter, avec le règne politique des libertés, puisqu’en effet une telle autonomie a trouvé une transcription éminente avec la Charte des droits de l’homme, garantissant à chacun de mener sa vie en toute liberté sous la protection des lois. Affirmation de l’individu, morale autonome et règne de la démocratie où l’homme prend en main son destin collectif, comme au niveau individuel il prend en main sa propre existence, loin des hétéronomies aliénantes, autant de piliers du meilleur monde moral possible, autant d’éléments fondamentaux tout à fait propres à faire des sociétés modernes le haut lieu de la morale authentique. L’Etat advenu à son concept vrai, disait Hegel, est bien celui qui garantit à chacun la jouissance de la liberté la plus grande sous le règne de la raison comprise de tous à travers le jeu des lois.
Evidemment, en bonne métaphysique leibnizienne, le meilleur des mondes n’est pas parfait en tous points ; il inclut forcément en lui quelque mal. Il n’en est pas autrement du meilleur des mondes de la morale moderne. L’avènement de l’individu autonome détaché des allégeances idéologiques contraignantes, a partie liée avec le développement du pluralisme. Celui-ci offre une face positive puisque ainsi la diversité trouve son plein régime avec la garantie de libertés en tous domaines. Mais la face négative apparaît vite, par exemple dès qu’il s’agit de prendre des décisions affectant la marche de la collectivité. Tant que les traditions anciennes demeurent encore vives et qu’elles imprègnent les esprits, des références éthiques communes demeurent (sens du corps, du couple, de la souffrance et de la mort, du respect des lois, du dévouement à la chose publique...). Cependant, l’appel toujours plus insistant à l’individu et à ses droits met vite à mal ces références jugées trop conservatrices ou inadéquates dans une société démocratique ou contraires à l’épanouissement individuel. Dès lors, le doute apparaît : au nom de quelles références partagées décider des grands problèmes qui concernent la vie de tous ? La convergence des droits et des intérêts individuels peut-elle coïncider avec le bien de la collectivité ? Le relativisme n’est-il pas le pendant obligé du pluralisme ?
Aussi en vient-on à penser que, faute d’appui sur des valeurs largement partagées, il faut et il suffit de mettre en place des procédures permettant la discussion. C’est dans l’acceptation de ce jeu, supposé neutre d’un point de vue éthique et moral, que des décisions pourront être atteintes. Dans un rapport au Premier ministre sur Le Principe de précaution (2000), on lit que « en l’absence de certitude, la précaution consiste à privilégier la rigueur procédurale. Lorsque la “vérité” d’une situation et la “réalité” d’un risque ne peuvent être établies, c’est la rigueur des procédures et des acteurs impliqués dans leur élaboration, leur exécution et leur surveillance, qui devient la valeur dominante ». Comme dans un jeu, la règle devient la référence ultime (« la valeur dominante », dit le rapport), faute de certitude et même en l’absence de vérité, prudemment encadrée de guillemets dans le Rapport, comme une survivance que l’on n’invoque pas sans quelque haut-le-cœur 1. Le procéduralisme tient finalement lieu de références morales désormais relativisées ou évanouies : c’est de lui qu’on attend qu’émergent les décisions correctes pour le devenir collectif.
Pourtant, les attentes placées dans les procédures risquent d’être décevantes, manifestant une des limites du meilleur des mondes. Un des présupposés de la philosophie procédurale réside dans la conviction que tout problème social peut trouver sa solution dans le débat public et dans le respect des règles de la discussion, autrement dit qu’aucune division fondamentale ne saurait provoquer le blocage de la discussion et aboutir à une absence de solution. En réalité, les procédures n’ont chance d’aboutir à des solutions viables que si les acteurs sont au préalable déjà assez largement d’accord sur les questions essentielles, un peu comme on accepte les règles du bridge parce qu’on est déjà d’accord pour jouer au bridge plutôt qu’à autre chose. Or les acteurs qui s’assoient à la table procédurale ne sont pas forcément d’accord sur les mêmes buts, même s’ils s’accordent sur les règles. Et, surtout, il est des questions fondamentales impossibles à résoudre dans un accord entre parties en cause, ce qui oblige à admettre que le débat démocratique n’est nullement une panacée, ou encore qu’il présente des limites. Le procéduralisme postule un optimisme peu fondé quand il présuppose que des procédés techniques (règles) peuvent venir à bout de dissentiments éthiques et politiques profonds. Cette illusion techniciste, fût-elle hautement rationalisée par certains théoriciens (Habermas), a bien des chances de conduire à l’échec.
On assiste ainsi à une sorte de fuite en avant devant des questions fondamentales (clonage, euthanasie, dépénalisation des drogues, etc.) par appel au débat de société. Qu’il s’agisse d’un alibi faussement démocratique dissimulant l’impuissance du politique apparaît dans cette habitude de différer des décisions pourtant souvent urgentes, et de renvoyer la solution future à cette entité mythique qu’est « la société ». Pour ne prendre qu’un exemple, le Comité national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé attend à propos des risques tout à fait graves d’épidémie virale que font courir les xénogreffes (greffes d’organes d’animaux sur des êtres humains) qu’« un large débat public permette à la société de dire si elle est prête à encourir le risque non nul d’une nouvelle épidémie virale 2 ». Comment cette entité insaisissable, « la société », pourra-t-elle jamais se prononcer sur des risques incalculables, à propos desquels d’ailleurs les experts eux-mêmes se divisent ? Comment, même à supposer que les données de base soient disponibles, « une société » se prononcerait-elle par un débat sur des questions de vie et de mort ? Au nom de quoi le ferait-elle ? La procédure est sans doute viable pour résoudre des questions ordinaires de la vie commune, mais quand sont en cause les problèmes existentiels ultimes, va-t-on jouer la décision à la majorité simple ou sur le respect des règles (et lesquelles) ?
Mais le recours au débat n’est sans doute aussi qu’un prétexte. Le même avis ajoute un peu plus loin (§ IV, 1°) que « la transparence totale sur les avancées des recherches et un débat ne seront pas inutiles pour que l’idée de la xénotransplantation soit acceptée par une majorité du public ». Outre l’illusion, typiquement scientiste, qu’en pareil domaine « une transparence totale » est possible et accessible à tous en ce qui concerne des recherches scientifiques extrêmement complexes et difficiles à comprendre, on voit bien que, pour le Comité, le débat aura pour but d’abattre les préventions devant une pratique, la xénotransplantation, déjà tenue pour acquise. Le « débat » servira à fléchir les préventions, à élever le « public » au niveau de la décision tenue pour inéluctable, comme d’ailleurs l’Avis l’admet clairement. Bien d’autres exemples pourraient être donnés où l’appel au débat n’a pour finalité que de faire tomber ce qu’on tient pour préjugé de la part du « public » à l’égard de solutions que les experts, scientifiques ou politiques, tiennent pour inéluctables (ainsi pour la dépénalisation des drogues ou l’euthanasie).
On s’aperçoit alors que le procéduralisme risque bien de n’être qu’un dirigisme clandestin dans des sociétés où l’individualisme a rendu vain ou difficile le recours à des valeurs partagées. Une « main invisible » qui n’est pas celle du libéralisme, mais celle de groupes de pression divers, a toutes chances de conduire la procédure à des conclusions prédéterminées. Où apparaît une autre limite du meilleur des mondes. L’imaginaire ou l’idéologie laissent entendre qu’une société des individus autonomes est constituée d’entités indépendantes, aptes à décider en toute liberté de leurs affaires, puisqu’elles sont émancipées du poids des traditions, des classes sociales, des groupes religieux ou autres. Ce discours justificateur minimise ou méconnaît non seulement la manipulation des individus soi-disant autonomes et libérés, par la publicité, le mimétisme, le conformisme imposé par les modes, etc., mais surtout l’importance de divers groupes de pression ou de lobbies de toutes sortes qui conditionnent le « public » par les médias ou par leur influence sur les lieux de décision. Derrière les récents débats de société (homosexualité, sécurité, environnement), ont été massivement présents, vigilants et actifs des lobbies bien organisés et influents, mais pas toujours visibles. Act Up et les minorités homosexuelles agissent par médias interposés, en s’appuyant sur l’idéologie moderne de l’émancipation et de l’égalité entre sexes. De leur côté, certaines agences de sécurité poussent à la multiplication et à la sophistication des normes (dont la nécessité impérative est loin d’apparaître bien fondée) par intérêts économiques et avec la complicité de grands groupes industriels visant à en étouffer de plus petits en les accablant de charges insupportables. Dans le domaine du nucléaire, nul n’ignore l’importance de lobbies ou d’experts qui en imposent au « public » par leurs certitudes ; on ne peut ignorer non plus le poids de telles industries pharmaceutiques pour introduire de nouveaux moyens de contraception et favoriser leurs exportations.
Derrière l’appel au débat, se cachent des manipulations concertées et influentes. Sans doute ne peut-il en être autrement, mais alors il ne faudrait pas laisser croire à la toute-puissance de la liberté des individus et faire comme si certains n’avaient pas plus de poids que d’autres. Bref, ne pas faire comme si une société démocratique ne connaissait pas des hiérarchies cachées et ne dissimulait pas des hétéronomies d’autant plus redoutables qu’elles agissent sous le manteau de la liberté. Comme si la procédure écartait ces influences cachées dans un débat où règnerait sans partage la « raison communicationnelle »...
On peut d’ailleurs mettre au jour une autre limite du meilleur des mondes. Il est bel et bon d’affirmer le principe de l’autonomie morale de l’individu. Mais on sait que, dans la réalité, l’individu soi-disant autonome accède rarement à cette autonomie que lui accordent les théoriciens. Des observateurs de plus en plus nombreux et inquiets 3 se demandent si l’individu moderne qui n’a plus ou peu rencontré des traditions structurantes (par absence de structures familiales fortes, par exemple, ou par abandon de toute pratique religieuse), n’est pas condamné à ce qu’on appelle par euphémisme une « barbarie douce ». Faute d’accès réel et en toute hypothèse problématique à l’autonomie, cet individu est ballotté par ses propres pulsions et dominé par sa violence psychologique ; loin de se constituer en sujet libre, il est livré à toutes sortes de manipulations, et d’abord à son propre désarroi et à ses angoisses... Cela n’est pas sans conséquences graves du point de vue moral ou du point de vue politique, et l’on peut se demander si les sociétés modernes de l’émancipation n’entretiennent pas en leur sein des aliénations et des formes de soumission bien plus subtiles que les anciennes sociétés d’ordre. Les avertissements d’un Nietzsche ne manquaient pas de lucidité : même si ses annonces de nouvelles formes impitoyables d’esclavage indignent le démocrate, on ne peut pas tenir cette prophétie pour pur fantasme !
Il faut d’abord dénoncer impitoyablement les illusions de l’idéologie démocratique : la sentence énoncée plus haut d’un individu moderne, autonome parce qu’émancipé des traditions, et à la limite autonome parce que moderne, manifeste ce que toute idéologie a d’aveugle et d’impitoyable aux faibles. Elle conduit en effet à penser à une autonomie acquise comme allant de soi, mais aussi à la consécration d’un individu solitaire, supposé apte par lui-même et hors de tout recours ou tout appui, à la décision libre. Or l’autonomie ne va pas sans une conquête permanente sur l’hétéronomie, dont personne n’est jamais indemne ; la liberté ne s’atteint pas sans assises sur des normes reçues et éventuellement contestées. La personne n’existe pas seule mais toujours dans la relation, dans le « jamais l’un sans l’autre ».
Faute de cette relation, il y a toutes chances que l’individu livré à sa solitude glisse dans l’incertitude ou le désespoir, à moins qu’il ne soit livré à l’opinion dominante. Caractéristique à cet égard, la nouvelle loi sur l’avortement (2000) a supprimé la référence à une consultation préalable pour la femme qui demande une interruption de grossesse, comme si celle-ci pouvait parvenir à une décision mûrie, en une matière aussi grave, hors de toute relation, par exemple au père ou à des vis-à-vis, par le biais de la parole et de l’échange. La consécration de l’individu solitaire par l’idéologie libertaire ou au nom de la libre décision de l’individu tenu pour autonome est un aveu inconscient des présupposés anthropologiques de cette attitude. Le discours justificateur parlera de liberté, mais on doit entendre aliénation aux pressions dominantes et abandon de l’individu à sa détresse.
La critique de l’idéologie de l’autonomie radicale passe par le rappel d’une anthropologie juste qui empêche de penser que la personne naît comme par génération spontanée et qui rappelle ses liens sociaux indépassables. Loin d’aboutir à l’abandon d’une référence morale et politique aussi importante, il s’agit de la cadrer pour lui donner son sens authentique. De même faut-il rappeler à l’idéologie individualiste qu’elle est trop courte pour penser par elle seule les questions d’avenir de nos sociétés. Même si l’individu ne tient pas, en effet, à ce qu’on lui ouvre un horizon au-delà de ses attentes immédiates ou au-delà de la satisfaction de ses droits propres, même si des idéologues prétendent que toute référence au bien et surtout à un bien commun est impossible dans une société pluraliste, il convient de redire à quel point nos sociétés sont confrontées à des questions collectives concernant leur avenir, et donc à des problèmes de bien commun – un mot qui effraie. Prétendre que l’avenir est devenu indécidable et que nous sommes désormais voués à la seule gestion du présent entretient l’illusion. La tâche des responsables intellectuels et politiques est au contraire de rappeler que des questions d’avenir se posent dans l’immédiat, même si l’individu nombrilique n’aime guère qu’on le détourne de l’attention à l’immédiat. Le grand mérite d’un Hans Jonas est d’avoir montré avec force que nos morales traditionnelles, notamment celles qui mettent au centre l’autonomie de la personne, sont trop courtes pour aborder les questions touchant la survie de la planète (ressources non renouvelables, destruction de l’environnement, insouciance envers la postérité, etc.). Il a dénoncé leur danger, au point de développer une sorte de réaction contraire en proposant contre l’inconscience individualiste une « herméneutique de la peur 4 ».
Il convient aussi de rappeler qu’il est une interprétation courante des droits de l’homme qui en est la ruine et en compromet la fortune. Une lecture strictement individualiste qui laisse entendre à chacun que la société est indéfiniment débitrice par rapport à des attentes toujours légitimes, ou que l’individu peut tirer en permanence des créances en tant qu’ayant-droit perpétuel, est un non-sens. On ne sauvera une référence aussi fondamentale contre les critiques injustes faites contre le « droit-de-l’hommisme » que si l’on rappelle que ces droits sont aussi liés à la citoyenneté, c’est-à-dire à la relation et qu’ils nous obligent mutuellement. Autrement dit encore, seule une philosophie relationnelle du « jamais l’un sans l’autre » peut nous délivrer des illusions de l’individu autonome.
Cette référence aux droits de l’homme est bel et bien une tradition ; il est erroné de faire comme si une société moderne était d’autant plus libre qu’elle se pensait et se vivait sans traditions. Celles-ci existent, tant dans les références morales philosophiques, dont le kantisme est un excellent exemple, que dans les confessions religieuses plus vivantes que ce que pensent beaucoup, à condition de vouloir s’y rapporter, de les interroger à nouveau, donc les faire (re)vivre 5. En tout cela, il ne s’agit nullement de régression ou de remise en ordre, mais tout simplement de rappeler nos traditions morales et politiques à la hauteur de leurs exigences les plus hautes, contre les affaissements individualistes ou libertaires qui les ruinent. En ce sens, il y a encore une morale possible et nécessaire après l’individualisme...
1 / Avec d’autres termes, la même idée se retrouve chez Sylvie Masure et Alain Renaut, quand ils écrivent : « La logique interne de la modernisation démocratique des sociétés [est celle] où ni le Bien ni le Juste ne sont plus inscrits dans aucune tradition et ne relèvent plus d’aucune Vérité préalable à la discussion et à la confrontation des opinions » dans La Guerre des dieux. Essai sur la querelle des valeurs, Grasset, 1996, p. 234.
2 / Avis n° 61 du 11 juin 1999, § III. Pandémie dite « nouvelle », semble-t-il, par rapport à celle du sida.
3 / Par exemple, avec des attendus différents, Jean-Pierre Le Goff, La démocratie post-totalitaire, La Découverte, 2002, ou Guy Coq, Isabelle Richebé, Petits pas vers la barbarie... Presses de la Renaissance, 2002.
4 / Jean-Pierre Dupuy propose une actualisation de ces perspectives dans Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain, éd. du Seuil, 2002.
5 / Il faudrait parler aussi de ces traditions populaires souvent vives au niveau régional, professionnel ou autre, qui ne manquent pas d’informer mentalités et mœurs.