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Dossier : L'utopie associative

Les relations entre associations et pouvoirs publics


Si l’on considère les associations comme un maillon fondamental de la chaîne démocratique, l’intérêt de procéder à des bilans réguliers de la situation associative semble aller de soi. Ces bilans invitent à saisir le pouls de la démocratie française en interrogeant la dynamique associative : comment joue-t-elle le rôle de contrepoids qui lui est dévolu ? Dispose-t-elle d’une réelle autonomie pour définir ses objectifs ? Comment les militants, animateurs et responsables perçoivent-ils leur engagement ? Si l’association s’inscrit dans la logique de financement définie par les pouvoirs publics, ne risque-t-elle pas d’être mise sous tutelle ?

Le risque, en effet, est toujours présent d’une tutellisation, imputable aux pouvoirs publics qui octroient des financements selon « la logique du prince », certes éclairé. Mais les associations peuvent contribuer, elles aussi, bon gré, mal gré, au renforcement de ce déséquilibre. Soucieux d’une pérennité, les responsables s’engagent dans une spécialisation croissante de leurs activités afin de s’imposer comme des partenaires fiables, compétents et reconnus. La professionnalisation correspond à une adaptation aux modes de financement, mais elle a pour conséquence de ralentir, voire de rompre une dynamique, de rigidifier la capacité de flexibilité et d’accompagnement du changement social, de scléroser la structure autour d’une activité spécifique : elle menace de rendre vulnérable l’association. Dans une première phase, pré-institutionnelle, l’association vit une dépendance forte, ou au contraire une autonomie importante. Puis, la consolidation dans la durée se traduit par un resserrement de la marge de manœuvre : on se met en conformité ou on se glisse dans « le moule institutionnel ». Enfin, l’étape post-institutionnelle reflète souvent l’épuisement de la structure, d’où la rupture progressive avec les pouvoirs publics, ou un essoufflement, qui appelle la définition d’un nouveau projet fédérateur et l’établissement de rapports mieux assurés avec les différents partenaires.

Les temps d’une vie

Dans une première étape, de nombreuses associations s’érigent en contestataires de l’ordre établi. Elles revendiquent le droit d’agir dans le secteur social, culturel, éducatif, économique ou politique. Plus ou moins précis, le projet se veut mobilisateur : effervescence des animateurs, bouillonnement des idées, foisonnement des propositions, multiplication des initiatives... Mais, au-delà de la liberté dont jouissent les animateurs pendant cette étape, les acteurs associatifs se rendent compte que la contestation, l’opposition et le rejet des formes instituées ne suffisent pas à fonder un projet ; il faut qu’il y ait production de sens. C’est un premier seuil, où l’association, dépassant l’action négative, le refus de l’assimilation, s’oriente vers l’élaboration d’un projet positif, constructif, fédérant les énergies en vue de l’édification d’une société autre, appelant de nouveaux rapports [1]. En percevant l’intérêt de s’adapter à leur environnement, les militants tentent de faire exister, d’imposer et d’assurer la durée de leur organisation, afin de mieux répondre à la demande exprimée : prévoir les prochaines sollicitations, anticiper sur les besoins futurs... L’association s’appuie simultanément sur une demande effective et sur des attentes à confirmer. Au bout de quelques années, la plupart des associations resserrent considérablement leur champ d’action afin de s’investir davantage dans les formes d’intervention qu’elles maîtrisent le mieux. Un tel passage débouche sur l’institutionnalisation de l’association et la professionnalisation des animateurs.

Limitant les activités, on accroît l’efficacité, ainsi que la qualité des services proposés. L’association risque cependant, à terme, de se figer et de ne plus se situer dans la perspective d’un changement social, de ne plus répondre aux besoins nouveaux [2]. Elle n’accompagne plus nécessairement l’évolution de son environnement, où son projet risque de devenir caduc, où sa cohésion est malmenée et où le risque d’implosion croît. Mais cette phase post-institutionnelle peut conduire aussi bien à la fin de l’association, qu’à la refondation d’un nouveau projet mobilisateur.

Ces âges de la vie associative, que nous venons de parcourir rapidement, se succèdent en s’emboîtant ou en se superposant selon des temporalités variables. Et ces mouvements affectent naturellement le destin des animateurs [3]. De nombreux paramètres entrent en ligne de compte : le positionnement de l’association dans le paysage socio-économique et politique local (et national), l’importance et la vigueur du projet fondateur, les trajectoires, les projets et la compétence des animateurs, sans oublier leur engagement dans le changement social.

Face aux pouvoirs publics, entre domination et complémentarité

Les autorités administratives et politiques sont tentées de contenir et de contrôler l’effervescence associative, un milieu considéré traditionnellement comme contestataire. Cette réputation est particulièrement vivace en France où la construction jacobine de l’Etat, héritière d’une vision régalienne, dont les effets n’ont été que légèrement réduits avec la loi de décentralisation de 1982, supporte difficilement l’émergence d’un pôle institutionnel concurrent, réfractaire à la politique nationale. Si l’Etat ne peut empêcher le jaillissement sur la scène publique de groupements organisés, portant collectivement un message non pas nécessairement hostile mais différent : il s’active à limiter les critiques supposées ou attendues.

Pour assurer cet encadrement, l’Etat dispose de plusieurs ressources. La première réside dans sa formidable ramification dont les méandres irriguent l’ensemble du territoire. En couvrant l’espace géographique, en assurant son omniprésence, il signifie son omnipotence : aucune action ne peut être engagée sans sa participation, sinon son consentement. Chaque structure associative risque à tout moment d’entrer en contact avec l’administration dont elle conteste les méthodes, car toutes deux agissent dans le même domaine. L’Etat quadrille l’espace social, soucieux qu’il ne soit pas livré aux initiatives tous azimuts de groupes multiples, particuliers, insaisissables. Il impose aux associations qui se développent le respect de quelques critères dont la non-observation entraîneraît des sanctions.

La seconde ressource dont dispose l’Etat passe par la pression financière qu’il peut exercer, notamment en ces temps de limitation budgétaire. En privant une association de la subvention qui lui était jusque-là allouée, il l’asphyxie et la condamne au terme d’un processus d’agonie plus ou moins long, selon la part de son financement dans le budget associatif et de la diversité des sources de revenu que celle-ci peut mobiliser. Par cette occupation du terrain, l’Etat délimite les cadres du possible, du souhaitable, mais aussi les bornes de l’inacceptable [4]. Il concentre l’innovation périphérique et agit en pôle unificateur, facteur d’homogénéisation des demandes sociales exprimées.

Les autorités administratives et politiques ordonnent, organisent, rassemblent des réalités fort différentes, éclatées, en un ensemble certes difforme mais paré d’un discours lui octroyant l’apparence de la cohérence. Dans leur volonté de contrôler les moindres recoins de la sphère publique, elles utilisent une large palette, de la pression douce jusqu’à la répression ou à la sanction ultime qui contraint au dépôt de bilan de l’association. Le recours à un audit permet de justifier la suppression d’une subvention. L’arrêt du financement d’un projet, en dépit des accords passés, est expliqué par l’abandon de tel domaine d’intervention. Parfois, une subvention est annulée de manière discrétionnaire, sans même chercher à avancer de motivation. Parfois encore, les autorités créent une institution nouvelle chargée de contrôler et d’agir sur le même terrain, par exemple en mettant en place un centre socioculturel municipal, etc.

Entre intégration et contestation

Dans le champ socioculturel, en particulier, des pratiques éducatives multiples se confrontent. Elles engagent une manière singulière de se situer vis-à-vis de l’institution scolaire, des enseignants, des méthodes pédagogiques, des techniques d’apprentissage, des rythmes à l’école... Les animateurs associatifs transgressent quelques règles fondamentales de la vie de l’école : par exemple, en instaurant le tutoiement en lieu et place du vouvoiement, ou en se dispensant de prendre en compte l’âge de l’élève dans la gestion d’une animation, etc. De multiples singularités constituent la marque et la raison d’être des associations d’éducation populaire.

Et pourtant, cette dimension contestataire s’effrite peu à peu au profit d’une fusion dans le moule commun : les aspérités revendicatives sont gommées, le besoin d’autonomie semble moins crucial pour la survie de l’association, les engagements sont infléchis dans une orientation plus favorable, les critiques se font moins virulentes, les doléances uniformes... L’association se transforme finalement en un segment supplémentaire du découpage territorial. En s’institutionnalisant, elle reproduit à son tour ce qu’elle niait autrefois. Elle devient une instance surérogatoire de l’action administrative et politique, parée des fonctions classiquement dévolues à celles-ci, de régulation et de conservation de l’ordre social. En acceptant le jeu institutionnel, ses règles administratives et ses normes socio-politiques, l’association se vide, se dépouillant en quelque sorte de son fondement militant ; elle se « fonctionnarise ». Cette évolution peut accroître sensiblement son influence et son efficacité, car elle devient un interlocuteur privilégié des autorités publiques.

Salarier des animateurs, voire des responsables associatifs, non seulement accentue une dépendance envers les financeurs, mais risque de priver le tissu associatif de ses forces les plus vives, celles qui induisent son mouvement, qui sont à l’origine de son dynamisme et caractéristiques des innovations qu’il recèle.

L’institutionnalisation sonne-t-elle le glas de la vie associative [5] ? Une observation attentive, nourrie par les enquêtes de terrain, révèle un double glissement imprévisible. D’un côté, les associations « pullulent », au point qu’un responsable associatif a pu souhaiter l’instauration de règles plus strictes face à cette prolifération, tout en respectant le renouvellement indispensable des organisations, porteuses de changements et de nouveautés. D’un autre côté – le constat semble paradoxal –, on peut raisonnablement soutenir que les autorités politiques et administratives concourent, à leur insu, à la conservation et au maintien de l’esprit revendicatif du personnel associatif. Les conditions même d’encadrement du tissu associatif par les autorités publiques expliquent ce retournement.

Une institutionnalisation permanente mais toujours inachevée

Les associations émergent le plus souvent de façon autonome, d’initiatives personnelles. Elles s’inscrivent par là même dans une relative opposition aux formes existantes. Elles tentent de s’imposer en spécialistes de questions sociales et culturelles qui constituent un enjeu socio-politique : elles font valoir leur singularité, leur originalité et leur efficacité.

Mais aussitôt, les autorités publiques tentent de ramener vers elles cette « boursouflure périphérique » dont elles fixent les hostilités, réduisent les capacités, circonscrivent la vocation première, canalisent les énergies afin de les intégrer. Mais cette assimilation ne peut jamais être totale, en raison même des règles qui régissent le fonctionnement public. L’argument financier qui soumet les associations contribue paradoxalement à leur émancipation relative. Les autorités publiques sont incapables de budgétiser intégralement et indéfiniment les associations. D’où ce double mouvement, d’allégeance vis-à-vis du centre et de rejet. Les associations sont soumises à une tension insurmontable : attirées à la fois vers le pôle rassurant et réconfortant de l’emploi garanti, surtout en cette période de taux de chômage important, et vers le pôle instable mais qui procure d’autres sensations, notamment celle de vivre prioritairement du militantisme.

Ainsi, les associations se caractérisent fondamentalement par un processus permanent d’institutionnalisation, mais toujours inachevé. Cet inachèvement explique pour une large part comment des associations, vieilles de plus de quinze ans, inscrites clairement dans un système social et culturel local, continuent de porter, certes irrégulièrement, un message contestataire.

L’éclipse, sinon la dissolution du projet au profit de logiques institutionnelles immédiates qui assurent la pérennité de l’association, en particulier sur le plan financier, joue le rôle d’écran. Elle masque une réalité complexe, comprenant des stratégies de glissement dans les interstices laissés momentanément vacants par l’institution éducative et culturelle. Cette pénétration permettra à terme, soit d’infléchir les orientations principales, soit éventuellement de bloquer le fonctionnement de l’institution. Les autorités sont conscientes de cette menace, d’où leur aspiration à la dominer en l’utilisant, en l’exploitant, en l’épuisant. Tout se passe comme si le système tentait en permanence d’opérer une mainmise sur la contestation ambiante. Il préfère même financer des projets qui s’inscrivent manifestement contre son hégémonie. Serait-ce le signe de la maturité des acteurs étatiques ? Ce financement renforçant la démocratie locale, dont on parle tant aujourd’hui, et permettant à toutes les sensibilités, fussent-elles opposées, de s’exprimer et d’exister au grand jour ? En réalité, à travers l’octroi de ressources financières, de surcroît insuffisantes, le système s’assure non seulement de la dépendance contrainte des responsables associatifs, mais il les engage dans une quête indéfinie. « On a à peine fini de ficeler les dossiers de l’année et obtenu une subvention qu’il faut constituer ceux de l’année suivante ! »

Les associations, les plus petites en particulier, sont soumises en permanence à cette double attraction : de la part du milieu dont elles sont issues, de la sphère civile, et de la part des institutions publiques avec lesquelles elles entrent en interaction dans le cadre de leurs activités. Même porteuses des intérêts de groupes spécifiques, de catégories particulières [6], elles le sont comme représentants de la société. Elles se situent dans une prise de distance vis-à-vis des institutions de l’Etat, récusant l’ordre établi, cherchant à s’émanciper par rapport aux principes de contrôle, et parfois manifestant la volonté de jeter les bases d’un ordre différent, utopique. En même temps, elles tentent de se rapprocher des autorités centrales, locales ou territoriales : elles puisent auprès d’elles leur subsistance, une partie de leur légitimité, la reconnaissance nécessaire en vue d’assurer leur existence, leurs activités et leur devenir. On voit les responsables associatifs mettre en avant une subvention, même modique, allouée par un ministère : celle-ci constitue à leurs yeux le signe, voire la preuve de la qualité de leurs prestations. Souvent, cette dotation est mise en exergue dans les comptes de résultat, ou dans la présentation des ressources financières en fonction des différentes activités. Le montant obtenu, même s’il ne représente qu’un pourcentage infime du budget global de l’association, apparaîtra dans le financement d’une kyrielle d’actions.

Cette oscillation des associations entre la sphère civile et la sphère publique se retrouve dans la détermination du statut des animateurs. Ce sont souvent des hommes de terrain, formés « sur le tas ». Mais ils passent aussi par des formations, sanctionnées par des diplômes, qui nécessitent l’acquisition de connaissances générales et une expérience pratique vérifiée.

L’identité professionnelle des animateurs

On ne saurait réduire le métier d’animateur à sa portion congrue de « valorisateur » de l’expérience acquise. Ce serait ignorer la variété de ses fonctions. Ses compétences sont multiples, étendues, à la mesure de la diversité sociale. Mais l’esprit dans lequel il mène son action est encadré, plus ou moins largement, par la structure qui l’emploie. La formation, le suivi et le contrôle de son action sont assurés par l’association ; c’est elle qui définit le champ du licite et l’espace du possible, qui trace les contours et les modalités pratiques d’intervention dans le social ; elle, imprime son idéologie et la diffuse. En participant à la formation des animateurs, l’association inculque un esprit et les normes qui la régissent et la font vivre. Au terme du processus de conditionnement, car il s’agit bien de cela, même si l’animateur peut avoir adhéré par anticipation aux valeurs ainsi portées, l’association qui agit en véritable institution marque son territoire et influe sur les personnes qui la composent. Les normes sont intégrées dans le discours de chacun, au point de laisser croire qu’elles sont inhérentes à son propre cheminement. En se conformant aux règles prescrites par l’association [7], aux valeurs et aux idéaux poursuivis, les animateurs deviennent inséparables de la structure qui les emploie. Ils en tirent en quelque sorte leur « substance » matérielle et morale. Une telle dépendance pose des problèmes, non seulement au regard de la fragilité financière des associations, mais aussi en raison de leur institutionnalisation.

Certes, les identités individuelle et collective sont toujours imbriquées. La construction identitaire passe par un processus d’identifications plurielles et ordonnées par l’association. Ainsi, l’individu signifie son attachement au groupe, et celui-ci le considère comme l’un de ses membres. La régulation de l’identité du groupe est assurée par le directeur de l’association. Véritable « poumon » d’une équipe, il insuffle un esprit, il indique les grandes orientations, détermine les enjeux autour desquels s’agrègent les animateurs. Cette situation peut atteindre une dimension paroxystique : on observe alors un processus d’homogénéisation tel qu’il conduit à une sorte de « clonage » des animateurs – il suffit d’entendre l’uniformité des discours ! Tout groupe requiert, pour durer, la projection d’une identité commune au-delà des identités individuelles, les sublimant, les sculptant dans le sens d’une commune inspiration. Un « je » collectif se construit, un « je nous ». Il offre aux militants des éléments de reconnaissance, d’identification et de distinction.

La mobilisation s’incarne dans l’action collective, qui suppose l’existence d’objectifs communs et la présence de ferments capables de guider le groupe et de le canaliser. La manière dont l’association veille à la formation de ses membres vise non seulement à révéler et à développer des aptitudes, mais aussi à les infléchir dans le sens du groupe [8]. Elle s’appuie sur la malléabilité d’un éventuel animateur pour le « construire » dans une perspective déterminée. La force de cette socialisation par reproduction à l’identique assure la cohérence et la fidélité. Ceux qui y travaillent sont formés selon une logique précise, et l’on s’épargne l’effort parfois nécessaire pour « museler » un animateur issu d’une autre école.

Aujourd’hui, la fragilité de nombreuses associations tient souvent à la faiblesse du projet qui les fonde et autour duquel elles gravitent. Dépourvues parfois d’une perspective vraiment mobilisatrice à moyen ou long terme, elles vivent la fin d’un certain idéal, privées peu à peu de l’énergie fédératrice qui assurait la cohésion entre leurs membres.

De multiples associations sont devenues de simples prestataires de services, et les objectifs contenus dans leur projet fondateur sont finalement ignorés. Elles ne cherchent plus à bénéficier du soutien précieux des militants : ayant opté résolument pour une approche « techniciste », elles se sont coupées de leurs racines, d’une sève de liberté et de diversité. Si elle veut toujours rester à l’épreuve du changement social, la professionnalisation, encouragée par les pouvoirs publics, est ainsi l’enjeu d’une difficile négociation.


1 Cf. Alain Touraine dans Production de la société, Seuil, 1973.

2 La « loi d’airain de l’oligarchie » peut rendre compte de cet immobilisme : « Les responsables se préoccupent davantage de la pérennité de leur organisation que de la transformer sans cesse », in Les partis politiques, Flammarion, 1974.

3 Comme le montre J. Piaget dans ses Etudes sociologiques (éd. Droz, Genève, 1955, p. 145), l’association en tant qu’organisation agit comme un tout, « un “être” qui exerce ses contraintes, modifie les individus ».

4 Pour Yves Mény, il est « indéniable que l’institutionnalisation de la participation des associations aux processus de décision contribue à en faire des partenaires constants des administrations locales... », « La politique des autorités locales », in Madeleine Grawitz, Traité de science politique, vol. 2, p. 444. Puf, 1985.

5 Sur la tension dialectique entre « l’institué » et « l’instituant », cf. Jean-Paul Sartre, Critique de la raison dialectique, Gallimard, 1960.

6 Cf. Mancur Olson, La logique de l’action collective, Puf, 1980.

7 Dans L’amour du censeur, essai sur l’ordre dynamique (Seuil, 1974, p. 24), Pierre Legendre souligne que l’institution peut exercer une emprise négative en fixant les bornes des interdits, réduisant l’espace du licite.

8 « Une double limite fonde et canalise les pratiques militantes : être organisé et exister au sein de l’organisation, être uni par un serment, être avec, mais aussi être conforme aux normes », Lucien Sfez, L’enfer et le paradis, Puf, 1978, p. 360.

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