Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Fin 1992, Projet publiait un dossier intitulé « Musulmans en terre d’Europe ». En 1995, c’était « Religions et politique », en 2004 un numéro spécial « Religions et violence ». En 2005, nous nous intéressions aux « Communautés juives d’Europe ». Depuis 2001, une polémique traîne en France à propos des « racines chrétiennes » de l’Europe, le gouvernement français de l’époque ayant refusé qu’il en soit fait mention dans la Charte fondamentale de l’Europe. Certes, rares sont ceux qui nient la tradition chrétienne de la plupart de ses habitants. Mais la laïcité à la française demeure sensible sur ce point.
La fonction des religions comme facteur de cohésion ou facteur de division dans les sociétés n’est pas l’objet premier du dossier qui suit. Leur fonction de socialisation semble admise. Si la privatisation du religieux est de plus en plus une réalité, elle est aussi selon J. -M. Donegani, une reconnaissance positive du caractère inaliénable de la foi. Chacun est libre de croire dans nos pays modernes, où la religion ne donne plus sens aux autres secteurs de la société.
Ce qui est nouveau, c’est le rôle joué désormais par l’Etat comme régulateur dans la visée d’un bien commun. Et en France peut-être plus qu’ailleurs, le sommet de l’Etat veut entretenir avec les autorités religieuses des relations « sereines » qui colorent autrement la laïcité, alors que les individus se reconnaissent de moins en moins dans les Eglises officielles. Paradoxes et malentendus sont à dépasser, et Projet souhaite que ce dossier y contribue.