Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Les municipalités, les services sociaux, les associations le savent bien. Les listes d’attente s’allongent dramatiquement : les possibilités d’accès à un logement sont de plus en plus incertaines pour les familles modestes. Nous sommes confrontés à une crise du logement économiquement accessible qui touche un nombre croissant d’habitants. Le logement est rare et cher. Les augmentations de loyer provoquent le surendettement, sinon la perte du logement.
Mais la crise n’est pas que quantitative. Au-delà des chiffres, elle pose des questions à notre vivre ensemble. Quand le droit au logement est incertain (il est un objectif mais souvent sans moyens), tous n’ont pas les mêmes possibilités de tenir « leur place » dans la cité. Quand, dans un contexte économique difficile, l’insécurité s’aggrave chez beaucoup de travailleurs pour se maintenir dans un logement stable, on ouvre la porte de l’exclusion. Quand de plus en plus de personnes sont renvoyées à des solutions d’urgence ou à des dispositifs de tutelle, on les considère incapables d’être de vrais résidents.
Faute d’une régulation du marché – et d’abord celui du foncier –, faute d’une responsabilité clairement délimitée de chacun des acteurs publics (collectivités locales, Etat…), on multiplie les palliatifs. Mais la réponse n’est pas dans un rattrapage social des dégâts. Elle suppose une vraie capacité de production du logement décent à un prix abordable. Elle suppose une volonté de cohabiter avec tous dans nos cités.