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Dans un dossier de Projet sur « le travail en reconversion » (n° 259, sept. 1999), les auteurs contestaient la théorie de la fin du travail. Mais tous relevaient combien celui-ci ne cesse de changer. Et si les formes anciennes de l’aliénation taylorienne ont disparu, elles sont remplacées par un nouveau productivisme. D’autres contraintes apparaissent, issues de l’organisation de la production entraînée par la netéconomie dans le tertiaire.
La parcellisation a gagné les tâches intellectuelles et l’intensité du travail augmente. Des médecins tentent d’en mesurer les conséquences, et témoignent du caractère stressant des nouvelles formes d’organisation du travail 1.
Au XXe siècle, les travailleurs salariés qui ont un statut, de même que les artisans, continuent de mobiliser leur savoir faire et leur initiative dans le travail. Celui-ci est évalué, mais comment ? Est-il pour autant reconnu ?
Par ailleurs, la multiplication des statuts précaires, CDD, bientôt CPE, et autres formes d’emploi atypiques provoque une méconnaissance de ce que font des milliers de travailleurs ballottés d’un emploi à l’autre sans que leurs compétences ne soient sanctionnées à leur juste valeur. Dans Temps et modernité 2, Philippe Zarifian explique comment la souffrance existe au travail malgré l’amélioration des conditions matérielles : il suffit que la « trajectoire » de l’entreprise ne soit pas la même que celle du salarié pour que ce dernier soit épuisé par son travail. Et l’on ne peut plus dire qu’une solidarité entre salariés aide à résoudre les problèmes.
Les articles de ce dossier s’attachent à éclairer cette situation difficile, alors que le travail peut et devrait rester un lieu d’épanouissement et d’expression de soi.