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La réforme des retraites en a laissé beaucoup insatisfaits. Comment décrypter ce sentiment général de malaise ? Quelles interrogations reflète-t-il quant à la légitimité démocratique ? Plusieurs pistes de réflexion s’offrent à nous.
L’articulation entre la décision politique et la négociation sociale est incertaine. Alors que la nécessité d’une réforme s’imposait à tous, les responsables politiques français n’ont pas pu s’accorder sur un cadre de négociation préalable à proposer aux partenaires syndicaux. Au final, un déficit politique apparaît, comme s’il était impossible de définir un projet collectif pour les retraités.
Une seconde piste prend davantage en compte des réflexions économiques. Elle oppose le sérieux du travail en amont, et l’incapacité à mobiliser. Le gouvernement, s’il a « gagné une bataille », n’est pas parvenu à construire un débat qui respecte chacun des partenaires sociaux dans sa spécificité.
Finalement, n’est-ce pas l’organisation de la représentation syndicale qui est en cause ? Avant 1982, la négociation sociale conduisait d’abord à reconnaître « les droits des salariés ». Aujourd’hui, elle vise un accord donnant-donnant. L’avenir des retraites est un exemple typique de cette mutation et de la fragilité de la représentation syndicale pour l’aborder.