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Dossier : Rythmes et temps collectifs

La statistique des emplois du temps et la question du rythme


La statistique des emplois du temps est une indication précieuse. Mais elle néglige la façon dont l’usage des temps « non subordonnés » se soumet ou non à une vision utilitariste. Elle ignore surtout la question du rythme et des habitudes : l’habileté à habiter le temps.

L’insaisissable substance du temps ne nous porte-t-elle pas à l’égarement métaphysique ? Ne sommes-nous pas tentés, comme disait Wittgenstein, de chercher à toute force une substance derrière le substantif 1, quand il s’agit de considérer une pure instance de forme et son intérêt pour l’action ? La perception du temps comme dépense somptueuse, chez Théophraste, fut ainsi transformée par Benjamin Franklin en un adage devenu célèbre : « time is money ». L’utilitarisme puritain a prêté une nouvelle valeur objective au temps. Avec l’invention de la ponctualité et de l’horloge, admirablement décrite par l’historien Jacques Le Goff, le temps a désormais pour chacun la forme de « l’heure égale », il a acquis le caractère de l’argent comme équivalent général. Les besoins de l’industrie et l’inscription du temps dans le droit ont puissamment accentué le caractère performatif de la morale puritaine. Dans la théorie économique standard, temps et argent se substituent alors, à « bon droit », l’un à l’autre le long de courbes dites d’indifférence. La statistique « temporelle » d’Etat n’a fait, depuis, qu’enregistrer les progrès de cette instrumentalisation du temps, dont la portée sociologique fut soulignée par Norbert Elias.

Il convient de marquer une première différence entre ce « temps abstrait » et la figure immanente d’un temps déterminé, jadis, par le sens même de certains actes de la vie sociale. Les usages industriels du temps (Taylor) renverseront, en effet, un lien de causalité traditionnel entre le temps et l’œuvre. Dans cette transformation, le temps finit par prévaloir sur la tâche.

Le temps des horloges s’imposant, la statistique s’est employée à transcoder le travail subordonné, et bientôt d’autres activités, en équivalent-temps. L’objectivation des emplois du temps a ainsi donné des arguments aux « forces de progrès » soucieuses de déplacer les « barrières » du temps. Elle a permis de nourrir autant de projets de libération : du salarié, de la femme... Cette mobilisation de la statistique met couramment en jeu des raisonnements en termes de « vases communicants ». Mais la porosité des « temps sociaux » ne rend-elle pas fragiles les certitudes issues de cette lecture statistique ?.

La statistique « temporelle » pouvait donner une idée juste des efforts de « synchronisation » propres aux sociétés disciplinaires. Or il n’est pas certain que l’impératif contemporain de concordance des temps suffise à garantir une réappropriation, individuelle et collective, du temps. La statistique ne nous apprend rien, en effet, sur les « apprentissages rythmiques » qui nous aident à composer, en permanence, avec le cadrage envahissant des moments de l’existence par un « temps abstrait », homogène et successif. Il nous faut alors éclairer le régime des habitudes par lequel chacun traduit en intensité des durées mesurées par la statistique.

Du chronomètre à l’agenda

Les formes primitives d’automatisation de la production ont certainement constitué un support favorable au contrôle de l’activité de travail par le temps, et à l’émergence d’une statistique temporelle opérationnelle. Soucieux de combiner les efforts séparés des ouvriers, et de répondre, dans le même temps, à l’extension des marchés, l’entrepreneur ne pouvait plus se contenter d’être un distributeur de tâches. Pour réaliser des économies de temps, il lui fallait synchroniser davantage le travail aux flux de matières et d’argent, et revenir sur l’autonomie conférée à l’ouvrier, qui pouvait produire à (sa) façon. L’invention de la fabrique répond alors à la visée d’une meilleure organisation de la division du travail. « Le secret du succès de la fabrique, la raison de son adoption, c’est qu’elle enlevait aux ouvriers et transférait aux capitalistes le contrôle du processus de production. Discipline et surveillance pouvaient réduire les coûts en l’absence d’une technologie supérieure 2. » Or cette contrainte par corps et la prolétarisation qui l’accompagne vont menacer directement la fiction juridique libérale d’une contractualisation de la relation de travail. Ainsi, un mobile décisif, en général oublié, des premières lois sur la durée de la « journée de travail » sera de crédibiliser ce support contractuel : il s’agit pour l’essentiel de rendre compatible le lien de subordination avec la préservation de la dignité du travailleur.

L’entrepreneur devient un fabricant. La « boîte à outils » que Taylor mettra à sa disposition, à l’orée du xxe siècle, lui permettra l’étalonnage en temps de tâches décomposées en gestes élémentaires et prêtes à l’enchaînement, car réduites à des quantités. La mise en forme du facteur travail par son équivalent-temps 3 permet désormais de faire prévaloir le temps de la mesure sur le rythme né dans l’intimité de la tâche, lequel reste pourtant nécessaire à son accomplissement.

Le temps devient abstrait en ce qu’il renvoie simplement à un calcul, à une organisation arithmétique autonome : sa valeur cesse d’être freinée par un contexte, de dépendre de configurations symboliques qui n’ont pas le caractère du nombre mais celui de la tradition ou de la religion. Cette autonomisation permet d’insérer toutes sortes d’événements dans une même trame, un même « cours du temps ». Elle ménage la possibilité de synchroniser à distance les agencements productifs et de gouverner ainsi, depuis l’extérieur, le mouvement des sociétés industrielles, au contraire du « temps dérivé », subordonné au mouvement, à l’exercice d’une habileté régulière ou séculière, dans les sociétés plus anciennes. On est passé d’un « temps déterminé » à un « temps déterminant », plus disciplinaire, susceptible spécialement de « nombrer » l’activité de travail. Ainsi que l’exprimait Norbert Elias, si le concept de temps « existait en allemand sous une forme verbale, du genre zeiten (« temporer ») sur le modèle de l’anglais timing, on n’aurait pas de peine à comprendre que le geste de “consulter sa montre” a pour but de mettre en correspondance (de « synchroniser ») des positions au sein de deux ou plusieurs séquences d’événements. Le caractère instrumental du temps (ou de l’action de « temporer ») s’imposerait alors avec évidence 4 ».

Un clivage s’est ainsi formé historiquement entre le temps de travail, celui de la fabrique, et les autres temps. Car le temps ne figure plus simplement un outil dans la panoplie de l’industriel, il devient, en retour, un levier pour l’émancipation des travailleurs. Non plus simplement un instrument de rationalisation, utile à l’organisation de la division du travail, mais un moyen, dans l’ordre juridique, de borner l’emprise patronale sur la vie du salarié. Tant pour discipliner les comptabilités privées que pour maintenir les pratiques de subordination dans l’ordre public, le droit participe alors activement à la séparation entre sphère domestique et sphère productive 5. Assimilée par le droit, l’instrumentalisation du temps finit par excéder la simple organisation de l’atelier. La référence au temps abstrait détermine notamment les caractéristiques formelles de l’emploi et sa gestion. Cette détermination permet que les formes modernes de division et de mobilisation du travail s’affranchissent, quant à elles, d’une référence directe au modèle taylorien. Ainsi, l’explosion de l’horaire collectif contribue à une dissipation des frontières de l’entreprise. Le temps abstrait sert davantage une « accélération maîtrisée » des flux, nécessaire à l’établissement d’un rapport profitable entre production et consommation de masse.

L’inscription du temps dans les normes d’emploi permet toujours de gouverner le travail, mais « d’un peu plus loin » pourrait-on dire. L’assujettissement à un temps opératoire, hétéronome, le cède alors à une répartition en apparence plus autonome des épisodes qui représentent désormais la division du travail dans l’agenda personnel du salarié. Cette évolution, de la cadence à la séquence, ne consacre-t-elle pas le retour

de la « tâche » à l’avant-plan ? Non, si l’on considère les dispositifs de l’agenda, de l’organisation par projets ou de la direction par objectifs, et avec eux la question nouvelle du délai.

Le codage statistique des temps

Depuis 1983, la norme de durée hebdomadaire de travail, « l’horaire affiché » par l’entreprise, était restée exceptionnellement stable à 39 heures 6. Cette stabilité, sur une période aussi longue, aurait dû alerter les observateurs sur la valeur conférée aujourd’hui à la durée du travail dans l’établissement du rapport salarial et sur la capacité de la norme temporelle à circonscrire, à elle seule, la subordination. La légalisation par la loi dite Aubry II de la catégorie « cadre » sonnait comme un aveu. L’entreprise Thomson (Thales Detexis) ne fut-elle pas accusée de travail dissimulé, pour avoir été incapable de présenter à l’inspection les décomptes horaires de ses cadres, et avoir cherché à assimiler, dans l’accord sur les 35 heures, un nombre invraisemblable de salariés à des « cadres dirigeants » ? L’application des lois de réduction du temps de travail s’est accompagnée d’une prolifération des « temps gris » qui ne traduisait pas simplement une mauvaise volonté des entreprises mais une difficulté réelle à qualifier en temps les formes nouvelles d’engagement de la main-d’œuvre. L’établissement par la statistique d’un lien entre « temps effectif de travail » et normes affichées de durée collective s’avère plus problématique. Le fait que la courbe statistique de la durée collective du travail ait fléchi, à l’issue du processus Aubry, témoigne tout autant d’un déplacement du rapport de forces, reportant sur le salarié tout ou partie de la charge du risque d’emploi (coût, durée), que d’un succès imputable au législateur et limité au strict registre temporel. « RTT contre flexibilité » : c’est faire du temps une simple monnaie d’échange (contre de la rémunération : heures supplémentaires, compte épargne-temps, ou de la qualification : co-investissement formation, etc.).

L’idée devrait s’imposer aujourd’hui qu’une statistique nouvelle portant sur la répartition des risques entre le Capital et le Travail vienne remplacer celle du temps de travail qui exprimait naguère la subordination. On oublie souvent, en effet, que la statistique n’est pas une réalité intrinsèque à ce qu’elle exprime. Elle peut très bien ne plus enregistrer que le déclin de grandes régularités, sans pouvoir qualifier ce qui s’invente sous nos yeux. A cet égard, la promesse d’émancipation que portaient les politiques du temps de travail est ambiguë. Nos bracelets-montres comme parfois nos agendas témoignent à leur façon de ce que le temps finit lui aussi par prévaloir, hors la sphère du travail subordonné stricto sensu, sur les différents actes de la vie sociale, jusqu’à peser parfois sur l’acquisition d’une compétence à les accomplir.

La statistique Insee des emplois du temps égalise un ensemble disparate de pratiques, transcodées en équivalent-temps. Elle se soucie peu de savoir si l’individu emploie un temps dont il dispose librement ou s’il est lui-même employé, et son temps mis à la disposition d’autrui. De ce fait, le caractère contraignant d’un temps sur un autre doit être reconstitué a posteriori, qu’il s’agisse des temps annexés au temps de travail (transport), interstitiels (pause), des « temps gris » (astreinte) ou des temps domestiques. La statistique temporelle néglige, surtout, la façon dont le libre usage des « temps non subordonnés » peut imiter l’usage prescrit du temps de travail, dans une conception purement utilitariste des temps privés. Le fait que les individus soient commis à développer des capacités d’investissement ou d’épargne de leur temps réputé libre ne constitue-t-il pas l’un des traits déterminants de notre modernité ? « Dans les sociétés industrialisées, s’il ne veut pas s’exposer à des préjudices continuels, l’individu doit apprendre à se considérer lui-même comme centre décisionnel, un bureau d’organisation de sa propre existence, de ses propres capacités, orientations, relations amoureuses, etc. Dans la mesure où il faut construire soi-même son existence, la “société” doit être gérée individuellement comme une “variable” 7. » Chacun est appelé, dans le meilleur des cas, à synchroniser, pour la valoriser, son expérience propre avec un flot d’obligations sociales exprimées en temps. Or la mise en évidence d’une capacité inégale à réaliser des choix d’investissement inter-temporels pourrait révéler, par exemple, le caractère très sélectif de l’injonction nouvelle à « se former tout au long de la vie ». Elle souligne en particulier le risque de sanctions auquel les femmes, spécialement, s’exposent lorsqu’elles font le « choix » du temps partiel, au regard des garanties collectives attachées à l’emploi de « plein droit ».

L’agenda, comme instrument de dissipation des frontières du travail et du hors travail, pour le cadre ou le couple de cadres urbains bi-actifs, constitue certainement un vecteur de colonisation de la vie privée par un « temps abstrait déterminant ». Ce « temps nombrant », typique des procédés d’intensification du travail, peut parfaitement devenir, à l’occasion, un facteur d’intensification du loisir 8. Mais il se peut que le temps vacant de l’employé ou de l’ouvrier ne bénéficie pas de l’horizon de planification que permet de dégager l’agenda du cadre, dont les 35 heures sont majoritairement converties en un forfait de jours libérés. Le temps de l’employé ne peut plus s’épargner qu’à travers la consommation de biens (la machine à laver, le plat préparé...). Autrement, il redevient pratiquement horaire et ne peut faire l’objet que d’une dépense qualifiée de passive par le statisticien face au poste de télévision. Cet employé moyen ne figure-t-il pas, en synchronie, l’ancêtre de nos deux « cadres autonomes », précurseurs qui, comme ils le disent eux-mêmes, se mettent à « tout gérer » ?

Un peu honteuse d’avoir à avouer que la progression globale du temps libre est due pour l’essentiel à l’accroissement du nombre de chômeurs, la statistique temporelle révèle des usages du temps qui n’en sont pas véritablement 9. Lorsqu’on n’est pas « pris par le temps », il se peut que l’on soit tout bonnement lâché, et comme exclu, par lui. Un spécialiste de l’insertion, rêvant à haute voix, nous dévoilait naguère qu’il pensait, « pour les jeunes qui ont du mal à se réveiller le matin, constituer sur sa zone une entreprise virtuelle, avec une activité elle aussi “un peu virtuelle” mais qui ferait rentrer les jeunes dans un moule, leur ferait prendre de bonnes habitudes, qui sont celles du monde du travail, et qui les socialiserait un peu » (sic).

La question du rythme

La statistique des emplois du temps subit un reproche désormais classique : elle ne mesurerait pas l’effet du contexte sur le temps vécu ; indifférente au caractère « intensif » de certaines séquences de temps, elle ferait l’impasse sur le caractère subjectif du temps pour chacun. En vérité, cette critique déborde celle de la « statistique temporelle », elle s’adresse au procédé statistique lui-même, en tant précisément qu’il efface l’intensité au profit du nombre. A l’inverse, restituer l’effet d’un contexte ou d’une culture sur le vécu ou sur les représentations du temps, à travers une individualisation suggérée par la méthode ethnographique, c’est souvent prendre le risque de la banalisation. Il nous faudrait plutôt éclairer comment se crée une différence d’intensité.

L’examen des savoir-faire ouvriers, un classique de la sociologie du travail, devrait nous aider à mieux spécifier le régime sous lequel nous contractons des habitudes de travail et de vie. En dépit d’une prévalence du temps sur la tâche, nous savons qu’un « savoir y faire » se logeait dans les plis qui se prennent à la longue. A force de répétition, une habileté se crée, une faculté à contracter le temps, à lui donner un contenu, une intensité en rapport avec le milieu considéré. L’aptitude à habiter un milieu se signalera, par exemple, par une vitesse d’exécution des tâches finalement conforme aux attentes de la division du travail, y compris dans l’espace domestique. A cet égard, l’égalité homme/femme ressortit moins à une « meilleure répartition » des temps qu’à une habilitation à accomplir certaines tâches (la lessive pour les hommes ou la soudure pour les femmes), ouvrant la possibilité de « faire son trou » dans un milieu, un peu comme on fait carrière, condition sine qua non pour développer un savoir-faire (les soins à l’enfant sur la table à langer versus la direction d’un groupe ouvrier dans l’atelier). De nombreux actes de la vie sociale, et notre compétence à les accomplir, portent ainsi la marque de l’habitude. Pour chacun, « l’habitude est la fondation du temps [...], la synthèse originaire du temps, qui constitue la vie du présent qui passe 10 ». Ainsi, les habitudes que nous contractons par un rapprochement répété entre des éléments disparates empruntés aux milieux que nous traversons servent de cadre à nos actes, à nos existences. Le temps de l’habitude n’est donc pas, comme le « temps abstrait », homogène et successif. L’habitude est liée à l’invention d’un rythme reproductible ; elle se prend en épousant une forme qui s’offre à sa propre reconnaissance. Même subordonnée à une mesure, comme en musique, l’idée de rythme renvoie à un mouvement qu’on ne perçoit dans sa totalité qu’à l’exécution, laquelle précisément crée, par contraction du temps, une différence d’intensité. La restitution d’un rythme ressortit donc au développement d’une « technique du corps », au sens de Mauss. Ainsi, si l’habitude est notre synthèse du temps, elle est essentiellement un attribut du corps et non pas simplement le foyer d’une appréhension subjective du temps de la mesure...

La magie des catégories nous apprend, par exemple, que pour l’enquête « Emploi du temps » de l’Insee, un resto entre amis est du « temps physiologique », n’appartenant pas au registre de la sociabilité, ou que le bricolage ou le jardinage sont affectés au « travail domestique » plutôt qu’au temps libre... 139 types d’occupations se trouvent ainsi regroupés, dans une nomenclature en 43 catégories d’activités, elles-mêmes objets de quatre regroupements temporels (temps physiologique, professionnel, domestique, libre). On pourra toujours concéder que ces regroupements conventionnels prêtent à discussion, l’essentiel n’est pas là. On peut se demander, en effet, si le choix de la variable temps comme « terme transitif », support aux calculs servant à modéliser son allocation, peut supporter aujourd’hui toute la charge de sens qu’on lui attribue. Oui, si nos projets d’épargne et d’investissement se conforment au précepte puritain, de sorte que « le temps soit de l’argent ». Mais, à rechercher dans les supermarchés des plats qui nous épargnent le temps de leur préparation, ne perdons-nous pas une compétence, individuelle et collective, à faire la cuisine mais aussi à en goûter ensemble les produits ? On devine, à travers ce trait de civilisation, comment le temps libéré nous plonge tendanciellement dans un temps linéaire « prêt à consommer » dont l’usage interdit finalement l’appropriation. Lorsque nous disons être pris par le temps, c’est souvent le signe que nous peinons à combiner les usages du « temps abstrait » avec le développement d’habitudes « positives », à trouver notre rythme. N’est-il pas vain de demander à la statistique temporelle, comme le font parfois les thuriféraires d’une « réarticulation des temps sociaux », les clés de cette réappropriation individuelle et collective du temps ?



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1 / Ludwig Wittgenstein, Le cahier bleu et le cahier brun, Gallimard, 1988, p. 51.

2 / Stephen Marglin, « Origines et fonctions de la parcellisation des tâches », in André Gorz, éd., Critique de la division du travail, Seuil, 1974, p. 63.

3 / Laurent Thévenot, « Les investissements de forme », Conventions économiques, Cee-Puf, 1985, pp. 21-71.

4 / Norbert Elias, Du temps, Fayard, 1984, p. 54.

5 / Max Weber, Economie et société, Plon, 1971.

6 / Cf. l’enquête trimestrielle relative à « l’activité et aux conditions d’emploi de la main-d’œuvre » (ACEMO) du ministère du Travail.

7 / Ulrich Beck, La société du risque, Aubier, 2001, p. 291.

8 / Alain Degenne, Marie-Odile Lebeaux, Catherine Marry, 2002, « Les usages du temps : cumuls d’activité et rythmes de vie », Economie et Statistique, n° 352-353, pp. 81-99.

9 / Muriel Letrait, « L’utilisation par les chômeurs du temps libéré par l’absence d’emploi », Economie et Statistique, op. cit.

10 / Gilles Deleuze, Différence et répétition, Puf, 1968, pp. 108-109.


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