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Dossier : Rythmes et temps collectifs

Habiter l'histoire


Les religions n’encadrent plus le temps. Seul reste un calendrier liturgique parfois décalé. Mais le rapport au temps, envisagé dans le cadre de la vie en société, pose des questions fondamentales : une réflexion anthropologique et théologique éclaire les enjeux du présent et de l’histoire.

Notre vie sociale s’inscrivait autrefois dans un calendrier liturgique. Qui se souvient, aujourd’hui, de l’année liturgique ? L’année s’ouvre par le premier dimanche de l’avent (en automne) et se termine par la fête du Christ Roi. Comme les dates sont fixées par le mouvement des astres, ce temps liturgique est porté par le rythme des saisons. Ainsi, le premier dimanche de l’avent n’est pas fixe, ni la fête de Pâques, ni donc le carême qui précède Pâques pendant quarante jours ni, encore, la Pentecôte (cinquante jours après Pâques). Ceux qui, aujourd’hui, établissent le calendrier scolaire, savent que cette fluctuation n’est pas évidente à gérer. Ainsi, l’année civile qui commence le 1er janvier et l’année scolaire, universitaire ou judiciaire, qui débute à l’automne, ne sont pas les seules manières de scander le temps. De quoi se mêlent encore les religions à s’occuper d’un calendrier ?

Dans la pratique, la religion n’encadre plus le temps. En France, ce fut un temps marqué non seulement par la religion majoritaire, le christianisme, mais par la confession majoritaire, le catholicisme. Ne faut-il pas tenir compte de cette transformation ? Sans parler de la religiosité diffuse, la présence de plusieurs religions sur notre sol oblige à réfléchir au calendrier de manière différente qu’il y a simplement quelques décennies.

Bien des choses ont changé depuis la dernière guerre mondiale, dont le rapport au temps. Aussi s’agit-il, d’abord, de mesurer tous ces changements. Le sujet relève d’une approche sociologique (socioculturelle et socio-religieuse). Il convient de faire un état des lieux, de discerner les transformations (y compris celles toujours en cours). Mais le sujet appelle encore, dans un second mouvement, une démarche anthropologique et théologique. Le rapport au temps, surtout s’il est envisagé dans le cadre de la vie en société, pose des questions fondamentales, qui méritent un traitement au niveau de la question du sens. Nous ne pouvons, toutefois, en rester là. Ce qui est dit théologiquement reprend, en fait, une expérience, l’expérience de foi, dont les moments, aux caractères personnels et sociaux, peuvent être repérés. Il ne s’agit pas simplement d’affirmer que le christianisme ouvre un avenir, mais d’expliciter comment cet avenir ouvert est donné à la perception et à la compréhension de chacun.

« Ce n’est plus comme avant »

Parmi les transformations du rapport au temps, j’en relève quelques-unes : deux phénomènes spécifiquement religieux et quatre facteurs plus globaux, mais qui touchent fortement la religion.

Le week-end n’est pas (n’est plus) le « jour du Seigneur » ou le « Shabbat ». S’il est sacralisé, ce n’est pas comme le « sommet de la Loi », mais parce qu’il est un temps pendant lequel chacun peut choisir ce qu’il fait, rencontrer la famille, les amis, les gens qu’il a envie de voir, aller au spectacle, à une exposition, lire un roman, s’adonner à un hobby. Peu de gens se souviennent que le dimanche est le premier jour de la semaine. Spontanément, ils pensent que c’est le lundi. J’ai sous les yeux une boite de médicaments. Le laboratoire a eu la délicatesse de marquer les jours. On commence par le lundi, termine par le dimanche, et non l’inverse. Plus largement, que veut dire : « vivre dans le temps présent » ? Y perçoit-on le mouvement qui va de l’incarnation du Christ à son retour en gloire, la parousie ? Spontanément, on le réduit à un synonyme d’« aujourd’hui » ou de « maintenant ».

A côté de problèmes propres à la scansion du temps dans les religions, des transformations plus globales peuvent être signalées. D’abord, le passage de la campagne à la ville est certainement la transformation la plus forte (quantitativement et qualitativement) que notre pays a connue depuis la dernière guerre mondiale. Les sociologues décrivent volontiers comment celui qui arrive à Paris, gare Montparnasse ou gare de l’Est, de sa Bretagne ou de son Alsace natale, vit une profonde expérience de désorientation. L’abandon de la pratique religieuse n’est pas seul en cause. Mais le repérage spatio-temporel est bousculé. Non seulement l’individu ne peut plus lire l’heure en fonction du mouvement du soleil, mais le bruit, à toute heure du jour et de la nuit, remplace la cloche de l’église du village.

Le travail salarié ne joue plus son rôle structurant. Avec les 35 heures, mais déjà avant la réduction du temps de travail, la profession n’occupe pas tout le temps disponible. Il y a du temps pour faire autre chose, chaque jour, chaque année et à l’automne de la vie (qui commence parfois dès cinquante-cinq ans), la retraite, ou la pré-retraite, permet une « seconde vie » lorsqu’on n’a plus d’enfant à charge, qu’on n’est plus contraint par le travail salarié. Souvent d’ailleurs, il faut recomposer les éléments structurants de son existence. Par ailleurs, chacun pouvant connaître une période plus ou moins longue de chômage, le travail salarié n’est plus nécessairement facteur d’intégration sociale.

Quelle différence avec, par exemple, ce que Hegel disait du travail, en 1806, dans la Phénoménologie de l’Esprit. Le philosophe a identifié culture et travail. Après lui, capitalistes et marxistes, libéraux et socialistes ont reconnu que l’homme est un « animal producteur ». L’homme n’est plus, primordialement, l’animal qui parle, qui déchiffre le sens, qui se meut à l’aise dans la forêt des symboles. Il devient l’animal qui assure sa domination sur des mécanismes dénués de tout autre sens que mathématique. Il est animal producteur d’un monde d’objets. C’est par le travail que l’homme prend possession d’un monde naturel dont il a été, en quelque sorte, éjecté. Parce qu’il n’est pas seulement un être de la nature, il la transforme, il en fait son monde, un monde artificiel, un monde d’artefacts.

Les divers facteurs de transformation font que s’est répandue l’idée qu’on a toujours du temps. On peut différer les décisions, même les décisions les plus importantes : se marier, faire baptiser les enfants... Entre le moment où l’on décide et le moment où l’on réalise, il peut y avoir un délai. Cela conduit parfois à relativiser toute décision.

L’importance des fêtes mérite une mention spéciale. Quand les gens disent : « On va partir pour les fêtes », il s’agit de Noël et du Nouvel An. Les fêtes religieuses rythment encore l’année, alors que souvent il y a peu de rythmes, même dans la journée. L’appréhension du temps est souvent liée à la manière de manger. Quand le self service ou la cafétéria connaissent un réel succès, la fête permet comme un retour du refoulé, une revanche par rapport à l’anonymat de l’espace et du temps. Au bureau, dans les familles ou les communautés religieuses, on fête les anniversaires. Le même besoin peut expliquer, au moins en partie, le succès des pèlerinages. Le pèlerin a souvent pris la place du militant et de l’entrepreneur.

Dans une société marquée par l’individualisme, l’appartenance à une famille, à une classe sociale, à une région, à une profession, à une religion, ne commande plus le rapport au temps. Les changements du rapport individu/collectif sont profonds. Ils touchent naturellement aux appartenances religieuses. Ainsi, plus d’un catholique choisit l’eucharistie du dimanche qui lui convient. Souvent, ce choix se fait en fonction de l’heure. Les messes du soir (samedi à 18 h 30, dimanche à 20 h ou même 21 h), même les « eucharisties qui prennent leur temps », rencontrent un réel succès chez les jeunes adultes.

Face à de telles évolutions, le risque serait de s’en tenir à un jugement de valeur, au premier degré. « Ce n’est plus comme avant »... « Tout fout le camp », ou, au contraire, « Aujourd’hui, on est délivré de beaucoup de carcans ». Or je pense que, dans cette situation, non pas au-dessus d’elle ou à côté d’elle, le christianisme a quelque chose à proposer. Car, dans le christianisme, il y va, dès Jésus et les premières communautés, d’un rapport original du temps et de l’éternité. Jésus est un homme de son époque et

de sa religion. En même temps, cet homme-là est confessé par les chré-

tiens comme le fils de Dieu, celui qui a reçu l’onction. Dans leur relation

au Christ, ils engagent quelque chose de décisif d’un rapport à l’Absolu,

du rapport des hommes entre eux et du rapport à la nature. Cette originalité fait date. C’est pourquoi, pour traiter du rapport de l’homme au temps, on parle de l’histoire, des événements individuels et collectifs qui scandent le temps d’un individu, d’une communauté, d’un peuple, d’une nation et de l’humanité entière.

Habiter l’histoire d’une certaine manière

Les chrétiens habitent l’histoire. L’histoire n’est pas pour eux un décor mouvant ou une succession de simples occasions. C’est avec les mots et les réalités de l’histoire qu’ils entrent en dialogue avec Dieu. C’est au cœur des conditions et des conditionnements de l’histoire, que Dieu prend l’initiative de faire signe à l’homme. Il s’agit bien d’une histoire écrite avec des mots et des actes humains. Dans le temps de l’histoire, qui est aussi temps de l’appel, le croyant discerne cette vocation unique, qui fait de chaque visage humain l’annonce d’un amour en construction, dont le Christ a posé les fondations. Cette profondeur que tout homme pressent est perçue à la fois comme immanente et transcendante par rapport au temps. Les chrétiens annoncent « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce

qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1ère lettre aux Corinthiens, chap. 2, v. 9). On peut vérifier historiquement l’existence de Jésus, de l’Eglise, le fait qu’il existe encore aujourd’hui des chrétiens, mais on ne peut pas vérifier le mystère

de l’incarnation. N’en est-il pas de même quand il s’agit de percevoir

dans les événements de l’histoire une autre présence, qui ouvre l’humanité à un avenir qui dépasse ses possibilités, ses désirs et ses espoirs – en les accomplissant ?

C’est dans l’histoire que le croyant est invité à reconnaître son chemin vers le Dieu qui y est venu, qui y vient et qui continue d’y chercher les hommes. Mais cela requiert un déchiffrement, un travail de discernement. Celui qui cherche à interpréter les événements, sait qu’il reconstruit

pour une part en fonction de ce qu’il arrive à en saisir, le sens qu’il accorde aux séries de phénomènes qu’il évoque. Toute lecture doit se reconnaître située, risquée.

Car le croyant, comme tout autre lecteur de l’histoire, mais plus encore peut-être, éprouve la tentation de « récupérer » des faits, de confisquer le dessein du salut. Rien ne le dispense des analyses laborieuses où chaque approche (économique, sociologique, linguistique, politique, psychanalytique...) de la réalité est respectée dans la spécificité de sa méthode et les limites de ses prétentions. Il ne peut s’insurger contre les usurpations du pouvoir que dans la mesure où il n’impose pas lui-même certaines interprétations totalisantes de l’histoire. Au titre même de sa foi, il lui est demandé d’accepter que Dieu se manifeste dans l’histoire sur des chemins nouveaux.

Cette interprétation ne se sépare pas d’une vie, de situations à travers lesquelles l’Eglise demeure cette part de l’humanité où se manifestent dans l’histoire le « déjà-là » et le « pas-encore » du Royaume. Au cœur des grands désirs de l’humanité (liberté, unité, développement, paix, solidarité), elle croit au Règne de Dieu venu en Jésus-Christ. Dans les efforts accomplis pour la libération des hommes, elle s’efforce de reconnaître des signes d’une libération plus radicale, d’en dénoncer les tentations d’absolutisation, d’accueillir le salut dont Dieu est l’unique source.

Les signes des temps

Le projet humain de développement de tout l’homme, de tous les hommes, qui a sa cohérence propre et ses lois de réalisation, constitue une tâche proposée à l’agir de chacun, des communautés et de toute l’Eglise. Parce que le Royaume de Dieu est déjà inauguré en ce temps, se référer à ce Royaume ce n’est pas se projeter dans un avenir de rêve, mais c’est saisir le présent comme espérance, et faire que ce présent accueille le Royaume déjà là. Se rendre attentif aux « signes des temps » : cette expression a trouvé un grand crédit parmi les catholiques à la suite du concile Vatican II. Elle s’accorde à la vérité du Dieu vivant, du Dieu qui se dit dans l’histoire et la dynamise.

La perspective particulièrement importante qu’elle ouvre ne doit toutefois pas être hypothéquée ou trahie par des utilisations simplificatrices ou des équivoques redoutables. Il est difficile de décoder, dans la réalité historique, certains phénomènes et de les valoriser comme signes. Ils relèvent d’une pluralité de lecture. Le risque est réel de ne prêter à Dieu dans l’événement que l’écho de sa propre voix, de ses propres désirs ou la confirmation de ses idées préconçues.

Dans la solidarité la plus effective de l’humanité, les chrétiens cherchent à s’ouvrir à quelque chose qui est de l’ordre de l’Absolu de Dieu, et donc sans commune mesure avec quoi que ce soit d’autre. Ils le font en référence à celui qui seul est présence de Dieu effective dans l’histoire, Jésus-Christ. Il ne leur est finalement pas donné d’autre « signe des temps » que Jésus. Mais ce signe où « l’humanité de Dieu » s’est pleinement manifestée, met leurs libertés en face d’elles-mêmes, pour qu’elles ouvrent une histoire où toutes les autres libertés se reconnaissent en reconnaissant Celui qui les donne à elles-mêmes. Dans une situation historique déterminée qu’il ne faut pas consacrer comme telle, les libertés ont à assumer le choix et le risque d’être créatrices d’une histoire, de favoriser l’accomplissement précis de l’appel dont elle est porteuse. Dieu n’est pas le Deus ex machina, la solution magique des problèmes de l’histoire, mais celui qui appelle tous les hommes à être des acteurs et non les esclaves de leur propre histoire.

Pour les chrétiens, habiter l’histoire, c’est l’habiter comme membres d’un peuple, membres de l’Eglise. Celle-ci doit pouvoir être identifiée en fidélité à sa propre tradition. Elle a en particulier à témoigner que le salut de l’humanité n’est pas au terme des efforts accomplis par l’homme, mais dans la reconnaissance d’une intervention de Dieu au cœur de ces efforts. Dans la mesure où toute réalité humaine a valeur aux yeux de Dieu, aucune d’entre elles n’est exclue de sa solidarité. A ceux qui ne peuvent plus entrer dans le système de production, à ceux qui sont jugés inaptes à ouvrir une histoire positive, elle doit dire en paroles et en actes qu’ils sont partie prenante de la réalisation du dessein de Dieu. Aux groupes tentés de faire une histoire humaine sans les autres, elle a mission d’annoncer qu’aucun d’eux n’est porteur exclusif de l’avenir de l’humanité.

Peuple de Dieu qui demeure peuple d’hommes avec ses lourdeurs, son péché, son dynamisme, l’Eglise ouvre, en célébrant les sacrements, notamment l’eucharistie, à l’irruption de l’Esprit, au don de Dieu à l’humanité. L’homme accueille dans la trame de sa vie personnelle et collective les signes dans lesquels le Christ lui manifeste sa présence et lui révèle le sens de l’histoire. Le réalisme s’exprime dans cette célébration. Les chrétiens ne célèbrent pas purement et simplement ce qu’ils ont vécu, mais la vie qui leur est donnée dans ce qu’ils vivent.

Les possibilités et les risques de l’histoire représentent un défi dans le domaine de l’action comme dans celui de l’interprétation, tant que n’est pas levé le voile du temps. Mais faut-il s’étonner d’être affronté à l’incertitude et à l’obscurité, lorsqu’il s’agit de discerner, dans le devenir et les tâtonnements de l’histoire, la nouveauté et la gratuité du salut qui lui advient ?

Le sujet croyant fait l’histoire

Ultimement, contrairement à ce que l’apparence pourrait laisser croire, le sujet croyant n’est ni l’individu ni l’être constitué, mais l’être se constituant dans son engagement même. La foi constitue le sujet : foi en la parole d’autrui et en sa propre parole. Aussi longtemps qu’il y aura des hommes pour lesquels cette confiance est structurante de liberté et de vérité, on ne voit pas comment ces hommes ne feront pas aussi histoire. Ils inscriront leur foi dans le temps, en faisant mémoire et en cherchant dans l’avenir la clef de ce qui leur arrive. Ils chercheront à ce que leurs existences fassent sens, soient les plus heureuses possible, tant au niveau individuel qu’à celui des collectifs auxquels ils appartiennent. Or, sur ce chemin, parmi tous les mythes et symboles, faire mémoire de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus est, comme l’a écrit le théologien contemporain J.-B. Metz, un souvenir dangereux qui trouve dans la solidarité sa langue pratique et dans le récit son niveau interprétatif. Mémoire, récit, histoire, solidarité visent à laisser Dieu être Dieu, sans jamais se l’annexer. L’important est alors d’apprendre à écouter, écouter Dieu qui vient, écouter ceux qu’il nous est donné de rencontrer, spécialement les plus petits, les plus démunis, les derniers. Voilà une manière d’habiter le temps que Jésus a apprise à ses disciples. Elle peut aujourd’hui encore aider toute l’humanité à grandir, malgré, ou mieux, au cœur de toutes les transformations.

Jean-Marie Glé


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