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Le sénateur André Gattolin témoigne de l’évolution des positions françaises devant une Chine de plus en plus offensive. Récit de douze ans à l’avant-poste des relations franco-chinoises.
Que peut un simple parlementaire face à l’irrésistible ascension de la Chine et ses pratiques toujours plus autoritaires ? Militant de longue date en faveur des libertés et de l’État de droit en Asie, c’est évidemment la question que je me suis posée en 2011 après mon entrée au Palais du Luxembourg.
J’avoue, à l’époque, avoir été frappé par l’étonnante bienveillance dont jouissait la République populaire de Chine auprès de mes collègues. Le contexte du début des années 2010 y contribuait beaucoup. L’Europe sortait à peine de la crise de 2008 ; la croissance était atone, l’endettement public et le chômage très élevés, la zone euro était menacée d’effondrement et certains pays du sud du continent étaient aux abois. Malgré un ralentissement de son activité, la Chine semblait moins touchée par les tumultes financiers, confortant son rang de deuxième puissance commerciale et de nouveau moteur de l’économie mondiale.
En France, la loi restreignant le cumul des mandats n’était pas encore en vigueur et beaucoup de parlementaires continuaient de diriger des exécutifs locaux fréquemment en proie aux fermetures d’entreprises et au chômage endémique. La perspective d’investissements chinois sur leur territoire prenait l’allure d’une bouée de sauvetage face au marasme généralisé. Les délégations venues de l’Empire du Milieu affluaient un peu partout et bénéficiaient d’un accueil très chaleureux, notamment dans les murs du Sénat.
Car, au-delà de Jean-Pierre Raffarin, dont l’attachement de longue date à la Chine était connu de tous, pas moins d’une quarantaine d’autres sénateurs entretenaient eux aussi de solides relations avec ce pays. Depuis 1964, Paris jouissait d’un indéniable capital de sympathie auprès des autorités de Pékin.
En 2011, les impitoyables répressions de 1989 à Tiananmen et de 2008 con
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