Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Aéroports de Paris (ADP) est le premier groupe aéroportuaire européen pour le fret et le courrier et conduit une politique soutenue de développement durable. Les zones d’activités d’ADP recouvrent notamment les plateformes aéroportuaires du Bourget, d’Orly et de Roissy. Elles touchent cinq départements et plus de 1000 communes. ADP qui en est l’aménageur n’a pas autorité, malgré sa forte implication dans les transports, en matière d’accès aux plateformes aéroportuaires ; cette compétence revient au Stif. Autre caractéristique, la question de l’accessibilité ne concerne pas des habitants, mais uniquement des salariés et des passagers, puisque « on y vient pour travailler ou prendre l’avion ». Ainsi, à Roissy (zone d’activités de 3000 ha), environ 92 000 emplois ont été directement recensés sur l’ensemble de la plateforme aéroportuaire en 2008 (90 000 en 2007), pour 61 millions de passagers.
La question de l’accessibilité pour les salariés des plateformes aéroportuaires est abordée par ADP depuis longtemps. Depuis quelques années, la prise de conscience collective s’est accentuée, en posant encore plus en amont la réflexion et la recherche de solutions avec les partenaires territoriaux que sont les conseils généraux, communes, Chambres de commerce et d’industrie, Acteurs intermédiaires de l’emploi (Missions locales, Maisons de l’emploi…) et Établissements publics d’aménagement.
Accès à la plateforme aéroportuaire et accès à l’emploi vont de pair, dans l’approche sociétale d’ADP. Même si les trois départements riverains pourvoient 51% des emplois sur la plateforme, ADP et ses partenaires ont identifié certaines difficultés qui sont autant d’obstacles à l’employabilité : adéquation des qualifications, problème de logement et de garde d’enfants, système des dessertes de transport à toute heure.
Des actions ont été engagées pour répondre aux problèmes d’accès à la plateforme aéroportuaire des salariés ou futurs salariés. Mais d’autres projets engagés par ADP et ses partenaires contribuent aussi à résoudre des questions de mobilité. Par exemple : mise en place d’un comité habitat pour l’aide au logement qui a permis la création d’une résidence sociale (foyer pour jeunes travailleurs) à Roissy-en-France (220 chambres) ; création d’une crèche inter-entreprises assurant des services à horaires décalés (5h00-22h30) ; création d’un Institut de formation dans le Val d’Oise (accompagnement individuel intégrant la dimension mobilité). A Roissy, deux dispositifs exemplaires existent depuis quelques années.
Créée par ADP en 1997, l’association Papa-Charlie vise à faciliter l’accès à l’emploi de personnes économiquement en difficulté, dépourvues de moyens de transport collectif ou individuel, en mettant à leur disposition un véhicule pour une contribution modique. Papa-Charlie est ainsi un dispositif d’insertion sociale et professionnelle de personnes dont l’embauche est subordonnée à une solution de mobilité, généralement pré-requise par les employeurs.
Le principe de base est la mise à disposition d’un véhicule 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, le temps de location (un à huit mois) étant fonction de la nature et de la durée du contrat de travail du bénéficiaire. La contribution demandée est de 107 ou 127 € pour 30 jours consécutifs. Le dispositif peut s’enclencher dans les 24 heures suivant la sollicitation (sous réserve des conditions remplies). Papa-Charlie disposait en 2008 d’environ 150 véhicules. Cette location de véhicule constitue le « maillon manquant » dans le parcours individuel d’insertion de la personne qui doit pouvoir rechercher, une fois son emploi consolidé après quelques mois, une solution de transport à plus long terme.
En complément, l’initiative « transport solidaire » vise à mettre en relation postulants à l’emploi ne possédant pas le permis de conduire et locataires de véhicules, ces derniers bénéficiant alors, par le covoiturage, d’une diminution de leur loyer mensuel. Enfin, un nouveau service est en cours de développement, en direction des salariés temporairement privés de leur véhicule et exposés à une rupture de leur contrat de travail.
(Association Papa-Charlie, 01 48 62 02 02 / wwww. papa-charlie. com)
Lancé par le Stif et l’entreprise Courriers de l’Ile-de-France, cofinancé par ADP et les conseils généraux, Allobus est un service de transport à la demande 24 h/24 et 7 j/7, sur sur des villes des territoires environnants. Pour aller travailler sur la plateforme aéroportuaire, et en revenir, le recours à Allobus offre une solution alternative à l’emprunt des lignes régulières de bus. Ces minibus circulent dans les deux sens, à la fréquence d’un par heure ou par demi-heure. Pour pouvoir les prendre, il suffit d’en faire la demande en téléphonant à la centrale de réservation au moins 1 h 30 à l’avance (les bus ne s’arrêtant qu’aux arrêts demandés et desservis). Au cas où la personne effectuerait le même trajet tous les jours à la même heure, une seule demande par mois suffit. Pour voyager sur Allobus, les personnes doivent posséder un titre de transport adapté – tickets t+, passe Navigo ou carte Imagine R.
(Allobus, 08 10 24 24 77 / wwww. allobus. com)
D’autres initiatives complémentaires sont en cours d’expérimentation : la spécialisation de voies routières pour les bus, le covoiturage (1600 inscrits sur le site internet de mise en relation), l’usage de véhicules électriques, des circulations douces...