Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Quatre cents fois, une équipe de rédaction s’est penchée sur un numéro de la Revue Projet pour le concevoir, le mettre en musique, le relire, l’imprimer. Pour mesurer le chemin parcouru, il aura fallu grimper sur un escabeau, dans nos locaux de La Plaine Saint-Denis, et explorer les archives. En ouvrant le n° 1 de la revue Projet, daté de 1966, la lignée est flagrante.
Mais la revue est encore plus ancienne qu’il n’y paraît. Fondée en 1903 sous le nom des Cahiers de l’Action populaire par des jésuites engagés auprès des classes populaires, elle porte alors les enjeux d’une société en pleine recomposition industrielle, habitée par le combat syndical et la question du travail.
L’éditorial de 1966, qui a acté le changement de nom de la revue, témoigne d’une ambition qui persiste encore aujourd’hui, loin des turpitudes politiques et médiatiques : comprendre, au carrefour des sciences et du terrain, « la civilisation qui se fait1 », pour inciter chacune et chacun à agir.
Mais, au-delà de cette ambition, la revue n’est plus la même. Elle s’est mise aux couleurs du temps. Par ses sujets, d’abord. L’écologie était la grande absente de la jeune revue Projet. Quatre cents éditions plus tard, elle est au cœur de notre numéro spécial, en bonne place parmi nos quatre thématiques : écologie, justice sociale, démocratie et migrations.
Les protagonistes ont changé, aussi. Derrière l’ancêtre de Projet, on trouve l’équipe de l’Action populaire : des jésuites et des collaborateurs venus « de la pensée et de l’action ». Aujourd’hui, l’équipe de rédaction est solidement épaulée par un comité de rédaction, des partenaires fidèles et, bien sûr, par ses lectrices et ses lecteurs.
L’équipe s’est rajeunie, féminisée, laïcisée. Elle s’est aussi élargie : aux côtés de la revue figurent les autres membres du Centre de recherche et d’action sociales (Ceras), héritier lui aussi de l’Action populaire : des doctorants et doctorantes en philosophie, en sociologie et en économie ; une équipe de formation en charge de transmettre la pensée sociale de l’Église (son « trésor le mieux caché ») aux jeunes générations ; des jésuites garants de l’engagement politique de l’Église d’aujourd’hui, portée par le pape François.
L’éditorial de 1966 citait déjà le fondateur de l’Action populaire, énonçant le cap à tenir : « Mettre le peuple en mouvement […] par une pulsion interne, signe et cause de la vie. » Souhaitons à la Revue Projet quatre cents autres éditions, sous toutes les formes que peut prendre l’information et l’engagement aujourd’hui. Toujours avec cette pulsion de vie !
1 Les citations proviennent de l’éditorial « Un nouveau titre », Projet, n° 1, janvier 1966.