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L’or brun. En Côte d’Ivoire, les fèves de cacao font vivre une bonne partie de la population. Mais elles aiguisent aussi les appétits. Non sans conséquences sur les fuites de capitaux, l’impossibilité de déloger la classe dirigeante et la violence armée. C’est ce que révèle cette enquête… au goût amer.
Un seul pays d’Afrique est leader mondial dans l’exportation d’une matière première agricole. C’est à la Côte d’Ivoire que l’on doit 40 % des exportations mondiales de cacao. Mais les secteurs des matières premières sont particulièrement vulnérables aux pratiques illégales et aux flux financiers illicites. En Côte d’Ivoire, la fuite des capitaux est estimée, selon les méthodologies de calcul, entre 21,6 et 36,5 milliards de dollars depuis les années 1970. Parue en 2020, l’étude « Un chocolat au goût amer » explore comment ces milliards ont quitté et quittent encore le pays. Les planteurs ivoiriens de cacao, eux, n’en voient guère la couleur : sur le prix d’une plaquette de chocolat, à peine 2 % leur revient…
Quand on analyse l’histoire politique et économique de ce pays sur la durée, il est frappant de constater combien les noms que l’on a retrouvés autour de l’élection présidentielle ivoirienne, le 31 octobre 2020 (Amadou Gon Coulibaly, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara notamment), renvoient à l’époque de Félix Houphouët-Boigny, père de l’indépendance en 1960 et chef de l’État jusqu’à sa mort, en 1993. Et à des fortunes constituées, au moins pour partie, sur le dos des planteurs de cacao.
Au fond, l’histoire contemporaine de la Côte d’Ivoire est celle d’une emprise. Au sommet de la pyramide économique, l’on trouve des collaborations inter-ent
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