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Fin septembre, le Conseil municipal de Poitiers a accordé à l’association Alternatiba une subvention que le préfet de la Vienne entend faire annuler, au motif que cette association non violente organise des formations à la désobéissance civile. Peu après, un collectif de « scientifiques en rébellion », spécialistes du climat, déclarait que les actes de désobéissance civile sont légitimes pour « alerter la population, les décideur·ses et les entreprises sur l’urgence de la situation ». Ces affaires, et bien d’autres (notamment les agressions contre de célèbres œuvres d’art) braquent les projecteurs sur une forme d’action qui se répand, surtout parmi les jeunes que scandalise le retard des pouvoirs publics à prendre les décisions nécessaires pour que la planète reste vivable.
Ces actions sont, il est vrai, illégales. Et on comprend que cela pose question ; l’argument du préfet de la Vienne – des fonds publics ne sauraient financer des formations visant à enfreindre des lois – a l’apparence du bon sens et ne peut être balayé d’un revers de main. Il traduit cependant une grave méconnaissance de ce qu’est la désobéissance civile : une action non violente par définition, qui a été jugée légitime par des penseurs que nul ne saurait soupçonner de vouloir porter atteinte aux principes de la démocratie : Rawls, Arendt, Walzer, Habermas, et bien d’autres. À leurs yeux, des actes de désobéissance civile peuvent, dans certains cas, contribuer au bien commun.
Ont-ils eu tort, les ouvriers qui ont incité à la grève à l’époque où celle-ci était illégale ?
Ont-ils eu tort, les ouvriers qui ont incité à la grève à l’époque, lointaine, où la grève était illégale ? Ou les citoyens qui ont nourri et logé des étrangers « sans papiers » avant que le Conseil constituti
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