Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Après un printemps passé en confinement, beaucoup attendent avec impatience les vacances d’été. Le moment de souffler et de prendre le temps de vivre à son propre rythme. Personnellement, je poursuivrai le tour du parc de la Vanoise entrepris depuis trois ans. Marcher, c’est retrouver des gestes simples et cette petite mélodie dont parle Nietzsche : « Il faut avoir une petite musique en soi pour faire danser le monde. »
La reprise, nous le savons, sera difficile à bien des égards. Sur quoi allons-nous construire ce monde de demain, sinon sur la solidarité qui s’est manifestée de multiples manières durant le confinement ? Nous sommes appelés à développer une culture et des gestes infinis de solidarité. Une notion fourre-tout, certes, qui renvoie à un ensemble hétérogène de pratiques. À la différence de la philanthropie, la solidarité ne divise pas le monde entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Elle repose sur l’égale dignité des êtres humains et témoigne de la solidité ou non d’une communauté. Au-delà de nos intérêts divergents, la solidarité peut constituer ce « ciment » permettant un apprentissage de la citoyenneté et l’instauration d’un rapport de force constructif.
Le temps presse mais nous ne devons pas repartir tête baissée dans la myopie de l’urgence et du faire.
Après dix ans d’enquête sur la vie au Rwanda au lendemain du génocide, je reste convaincu que, dans les pires situations, les liens de solidarité sont fondamentaux. Oui, nous pouvons faire de la solidarité notre ciment collectif. L’urgence de la transition environnementale appelle un projet d’ensemble qui puisse fédérer pour conduire des mutations d’envergure. Aussi, c’est à travailler sérieusement les relations entre transition écologique et justice sociale que nous invite, par exemple, le Pacte du pouvoir de vivre, porté par une cinquantaine d’associations. Le temps presse mais nous ne devons pas repartir tête baissée dans la myopie de l’urgence et du faire.
Avant la fin de l’année, la Revue Projet vous proposera un dossier pour penser l’action dans un contexte de crise. L’année 2021 débutera par un dossier sur le financement de la pandémie et la question de la dette. Naturellement, nous poursuivrons notre série politique jusqu’à la présidentielle de 2022. Il est vital, en effet, de réinvestir la démocratie pour interroger nos modes de gouvernance et sortir de la litanie des vœux pieux. Le courage, ici aussi, appelle à se risquer : « Nous ne nous engageons jamais que dans des combats discutables sur des causes imparfaites. Refuser pour autant l’engagement, c’est refuser la condition humaine » (Emmanuel Mounier).