Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Molex, Continental ou bien d’autres… Les conséquences de la crise ont atteint brutalement les salariés des usines qu’une direction souvent lointaine condamne à la fermeture. Leur réaction s’est exprimée souvent de façon radicale : séquestrations, occupations, incendies, chantage à la destruction de l’outil de travail…, toutes manifestations d’un désespoir individuel plus que collectif.
Le phénomène n’est pas absolument nouveau : le dialogue social, par le fait du patronat ou en raison de la dispersion syndicale, recouvre facilement en France une forme très conflictuelle. Les salariés sont pris en tenaille entre une compétition exacerbée par la localisation de la production et les fragilités de la mobilité qui est exigée d’eux. De maigres compensations sont offertes pour assurer cette mobilité, alors que l’entreprise n’hésite pas à dépenser des sommes importantes pour remercier des hauts cadres ou investir dans d’autres lieux.
L’entreprise n’est plus une communauté, elle est une machine à consommer des collaborateurs interchangeables. Une telle évolution questionne toutes les parties prenantes : les équipes dirigeantes, les actionnaires, les responsables des ressources humaines et les organisations syndicales. Il s’agit à la fois de remettre les personnes au centre de l’entreprise et d’anticiper les évolutions pour préparer ensemble, avec les pouvoirs publics, les changements nécessaires.