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Le G8 sous présidence italienne se tient d'ici peu à L’Aquila, en Italie (du 8 au 10 juillet). La réunion des sept pays les plus puissants de la planète, accompagnés de la Russie, est bienvenue tant l’agenda engage des questions vitales pour l’avenir : la poursuite du dialogue avec les pays émergents ; la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement ; les négociations sur le changement climatique ; le développement de l’Afrique autour de quatre enjeux essentiels (sécurité alimentaire, santé globale, eau, éducation).
Cette réunion, néanmoins, soulève bien des questions : elle ne peut avoir d’autre sens, en effet, que celui d’une préparation du G20 de septembre prochain. Or ce dernier, en avril, avait laissé entrevoir un mode de régulation des questions mondiales, certes dénué de toute légitimité onusienne, mais plus « ouvert » aux pays émergents. Est-ce à dire que le G20 ne serait qu’un avatar du club des huit auquel les pays émergents, justement, auraient été priés de s’adjoindre pour mieux avaliser leur ralliement à un mode de régulation internationale qui a pourtant largement fait faillite ? Le précédent de 1977 où le précurseur du G7 avait rallié les pays exportateurs de pétrole à la cause des pays riches, fissurant l’unanimité de Bandoeng, suggère une analogie peu encourageante. La timidité des réformes engagées jusqu’ici à la suite du G20 d’avril n’invite pas non plus à l’optimisme… Le sort réservé à la population de L’Aquila, après le tremblement de terre d’avril, ne serait-il pas, à cet égard, révélateur ? Les ruines de la catastrophe servent de prétexte à des privatisations et des expropriations massives auxquelles les citoyens italiens, interdits d’accès au centre-ville et relégués sous des tentes en périphérie sous surveillance militaire et policière, n’ont guère les moyens de s’opposer.
Pour démontrer que L’Aquila n’est pas le symbole d’une gestion de la crise à plus grande échelle, reste au G8-20 à traiter réellement les questions que les pays riches ne sont pas toujours prêts à regarder avec d’autres : la régulation de la sphère financière, la correction des inégalités, la valorisation du salariat…