Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Pour devenir une grande puissance, l’Inde est confrontée à sa société : l’hindouisme qui réunit 85 % de la population et dont le parti BJP a développé une version intolérante et communautariste. Max-Jean Zins rappelle que cette instrumentation n’épuise ni sa richesse, ni sa capacité à reconnaître et respecter l’Autre. Défi majeur pour l’hindouisme, cette évolution historique jette les bases durables d’une nation tolérante et laïque.
Un second défi concerne la minorité des 150 millions de musulmans. Leur statut socio-économique se dégrade, mais leur croissance démographique est forte ; repoussés dans des ghettos, marginalisés en politique, ne leur reste-t-il que la violence ? Pour Christophe Jaffrelot, il serait abusif de les identifier au terrorisme islamique. Certains se rapprochent des castes inférieures de l’hindouisme, pour bénéficier des programmes de discrimination positive…
Pour arracher près d’un milliard d’Indiens à la pauvreté, les nationalistes hindous préconisent le libéralisme et les technologies de pointe. Cette politique a creusé l’écart entre une minorité de riches et la masse des pauvres. Pour le parti du Congrès, l’urgence est la promotion des plus défavorisés. Rudolf C. Heredia s’interroge donc sur un modèle de développement adapté.
Au-delà de « son » océan, l’Inde entend tenir dans le monde une place que lui dispute la Chine, son compétiteur et son modèle. Ingrid Therwath montre leurs relations ambiguës et les similitudes de leur stratégie d’expansion : rôle des diasporas et des investissements à l’étranger, quête de ressources énergétiques, etc. Le nucléaire et le spatial sont les symboles de ce nouveau défi.
Les élections en cours décideront des années à venir. Ce dossier aide à en comprendre les enjeux, tant pour la plus grande démocratie et bientôt le pays le plus peuplé du monde, que pour le reste de la planète appelé à reconnaître une nouvelle puissance.